Christophe Martinoli (Wipro) "Nous allons tripler notre effectif d'ici trois ans"

La société indienne compte se hisser parmi les 10 plus importantes SSII en France. Son antenne dans l'Hexagone prévoit de franchir les 500 millions de dollars de chiffre d'affaires d'ici 5 ans.

Présente en France depuis une dizaine d'années, la SSII indienne Wipro y compte désormais 300 employés, avec à la clé un chiffre d'affaires de 150 millions de dollars. Il est plus de dix fois plus élevé qu'il y a six ans.

JDNSolutions. Quels défis a dû relever Wipro pour s'implanter en France ?

Christophe Martinoli. Le démarrage de l'activité française de Wipro a été compliqué. Le marché n'était pas encore totalement mature et ouvert aux propositions d'une SSII indienne comme Wipro. En outre, Wipro n'était pas non plus totalement prêt à adresser des pays non anglo-saxons.

Nous avons dû nous adapter aux spécificités du marché français. La langue, la façon de travailler et le pilotage de projet sont différents. Par exemple, en France, le cycle de décision est plus long. Le projet ne peut commencer qu'après une étude plus approfondie qu'ailleurs, et les discussions sont plus longues. Il faut donc être plus patient en France qu'aux Etats-Unis par exemple.

De plus, le principe de maîtrise d'œuvre et de maîtrise d'ouvrage est très français. Il n'existe d'ailleurs pas de réelles traductions pour ces termes en anglais, alors que c'est fondamental en France. Ce n'est pas toujours facile à expliquer en Inde. Cela a donc pris un peu de temps pour comprendre ces nuances et s'adapter.

"Réaliser des économies d'échelle intéresse aujourd'hui beaucoup les DSI"

Cependant, depuis quelques années, de grandes SSII françaises se sont mises à recourir aux mêmes mécaniques et modèles que ceux en vigueur et déjà éprouvés chez Wipro. Notre "global delivery model" profite de la couverture mondiale de Wipro en matière de centres de services pour pouvoir accompagner un client à la fois à l'international ainsi qu'au plus près de ses besoins au niveau local. Notre modèle a déjà prouvé sa robustesse, et il a donc fini par séduire et s'imposer dans des sociétés françaises. Cela nous a aussi aidé à nous imposer dans l'Hexagone.

Quelles sont les grandes tendances des projets IT que vous accompagnez actuellement ?

La massification, ou la consolidation, qui permet de réduire certaines factures en diminuant par exemple le nombre de prestataires et de fournisseurs a clairement le vente en poupe.Consolider une plate-forme d'applications et confier sa gestion ou son support à un seul fournisseur permet en effet de réaliser des économies d'échelle qui intéressent aujourd'hui beaucoup les DSI.

Nous avons aussi vu beaucoup de projets de transformation visant à industrialiser certains processus, en termes de gestion de l'infrastructure ou des applications notamment. Là encore, il s'agit pour les décideurs de réduire certains coûts. La crise les a poussé à sortir de leur confort et à explorer de nouvelles possibilités et de nouveaux modèles. Le contexte délicat et la crise ont donc certainement aussi favorisé les projets IT reposant sur l'offshore.

"Notre chiffre d'affaires a crû de 60% en moyenne chaque année depuis trois ans"

Quels sont vos chantiers actuels ?

Nous allons investir massivement afin d'étoffer notre unité dédiée au conseil afin de mieux appréhender des problématiques sectorielles nécessitant des expertises pointues basées en France.  Nous allons aussi décliner en France l'offre de Wipro dédiée à la sécurité informatique. Nous avons aussi déjà commencé à développer notre activité dédiée aux tests logiciels.
 

Notre activité de conseil en France doit se développer pour mieux s'aligner sur la concurrence. Elle va donc se développer dans des secteurs clefs : l'industrie, qui représente déjà une grande partie de notre chiffre d'affaires, les télécoms, mais aussi les banques. Ce dernier secteur, très profitable chez certains de nos concurrents, est naissant chez nous. Mais, il bénéficie d'une très forte croissance. Nous allons l'accompagner avec des recrutements.

Le but est de tripler nos effectifs en trois ans en France, c'est-à-dire atteindre 900 employés fin 2013. Notre création d'emplois nette trimestrielle dépasse actuellement les 20 personnes en moyenne.
 

En termes de chiffre d'affaires, si nous faisons aujourd'hui partie des 50 premières SSII, le but est de faire partie du Top 10 dans 5 ans. Cela implique pour nous de franchir la barre des 500 millions de dollars de chiffre d'affaires, ce qui représente plus de 40% de progression annuelle. Cela peut sembler ambitieux, mais notre chiffre d'affaires a crû de 60% en moyenne chaque année depuis trois ans.

Christophe Martinoli a démarré sa carrière chez Atos (anciennement Axime) en tant que chef de produit en charge des solutions de gestion du cycle de développement produit. Il a également tenu différentes positions managériales chez Sun Microsystems, Alcatel, Sema Group et Xansa. Christophe Martinoli a, par la suite, fondé sa propre entreprise de conseil spécialisée dans les domaines de l'Outsourcing et de l'Offshore. Il a ensuite rejoint Wipro lorsque le groupe indien a décidé d'investir en France. Après avoir développé de manière significative le secteur de l'industrie, il a été nommé directeur général pour la France en 2008.