Amélie Schieber (Tiime) "Les collaborateurs de Tiime peuvent s'augmenter librement et les congés payés ne sont pas limités"
Cofondatrice et présidente de Tiime, Amélie Schieber assure que la politique d'entreprise basée sur une grande liberté permet à cette fintech de fidéliser ses collaborateurs et de limiter le turnover.
JDN. Chez Tiime, les collaborateurs choisissent eux-mêmes leur rémunération. Cela semble trop beau pour être vrai…

Amélie Schieber. Pour être tout à fait exacte, leur salaire est négocié à l'embauche de manière assez classique, comme dans les autres entreprises. Mails ils peuvent librement décider d'une augmentation. C'est eux qui sont à l'origine de la décision. Une seule condition doit être remplie : l'augmentation doit être validée par une autre personne de l'entreprise, qu'il s'agisse d'un collègue ou de quelqu'un d'une autre équipe, sans que cela implique nécessairement un membre de la direction ou des ressources humaines. Si on pense qu'une augmentation n'est pas justifiée, la direction peut intervenir mais honnêtement cette situation est rarissime.
Pourquoi avoir mis en place une telle politique salariale ?
A partir de 2017, deux ans après notre création, on a souhaité faire évoluer notre culture d'entreprise pour gagner en efficacité avec les collaborateurs et surtout pour attirer certains profils car la concurrence était importante. On a rencontré Isaac Getz (un auteur qui a publié plusieurs travaux sur le management, ndlr) et on s'est inspiré de sa vision qui prône une culture d'entreprise libérée. Il n'y a pas que pour la rémunération que nos salariés disposent d'une grande liberté. Ils choisissent leurs horaires, ils sont libres de télétravailler autant qu'ils le souhaitent depuis l'endroit de leur choix et les congés payés ne sont pas limités. Par ailleurs, il n'existe pas une hiérarchie pure et dure. On fonctionne avec des leaders qui ne sont pas nommés par la direction mais qui sont plébiscités par leur équipe.
Avec autant de liberté, vous n'avez pas constaté d'abus en ce qui concerne les augmentations ou les congés payés ?
La grande majorité des collaborateurs sont raisonnables. Les salariés qui abusent de cette liberté ne sont pas faits pour cette culture d'entreprise et, souvent, ils la quittent rapidement. Pour les congés payés, on observe vraiment peu d'abus car les salariés savent très bien que des absences trop longues ou trop fréquentes se répercutent sur la charge de travail de leur équipe. Pour les augmentations, les excès sont aussi très rares. Les employés ont conscience que si tout le monde augmentait sa rémunération de 50% par an, l'entreprise serait mise en péril. Une fois, tous les membres d'une équipe de développeurs s'étaient augmentés de près de 40%. Forcément, on a dû intervenir.
Huit ans après la mise en place de cette politique d'entreprise, quel bilan tirez-vous ?
Au niveau des congés payés, je pense que les collaborateurs de Tiime n'en prennent pas plus qu'ailleurs. Pour la rémunération, il y a peut-être un peu plus d'augmentations chez nous que dans les autres entreprises. Mais on n'est pas non plus chez les bisounours. L'objectif est de responsabiliser les salariés. C'est du donnant-donnant. Ils ont envie de rendre ce qu'on leur offre. Au final, cette politique d'entreprise est une réussite car on a un taux de fidélité élevé et un turnover maitrisé.