Télésurveillance cardiaque : la révolution qui peut sauver notre système de santé
Ils sont un million en France à vivre avec une insuffisance cardiaque et seulement 59% à consulter un cardiologue une fois par an alors qu'une consultation annuelle réduirait de 28% leur mortalité.
Fatigue permanente, souffle court, hospitalisations répétées… Une vie en sursis pour beaucoup, avec des soins souvent fragmentés, distants et parfois inaccessibles. Pourtant, une révolution discrète est en marche : la télésurveillance médicale.
L’enjeu est colossal. L’insuffisance cardiaque représente la première cause d’hospitalisation après 65 ans et la première cause d’hospitalisation évitable tout âge confondu. Chaque année, elle entraîne plus de 70 000 décès en France1 tandis que moins de 25 000 patients bénéficient d’un programme de télésuivi et d’accompagnement thérapeutique pour leur insuffisance cardiaque. Dans le même temps, nos hôpitaux sont à bout de souffle et les déserts médicaux s’étendent. Face à cette tension croissante, la télésurveillance n’est pas une innovation de confort : elle est une nécessité vitale pour tous.
Une technologie qui transforme le parcours de soin
Grâce à des outils simples – smartphone, téléphone fixe, parfois même sans connexion Internet – les patients transmettent quotidiennement des informations sur leur état de santé. Ces données sont ensuite analysées automatiquement pour détecter les signes de décompensation. L’alerte est donnée avant la crise, et le médecin cardiologue peut intervenir au bon moment. Résultat : moins d’hospitalisations, moins de stress, et surtout, plus de vies préservées.
Les chiffres sont éloquents : selon une étude publiée en 2025 dans le European Journal of Heart Failure, cette approche permet de réduire la mortalité toutes causes de 36 %, jusqu’à 48 % chez les patients les plus fragiles2. Une performance thérapeutique exceptionnelle qui repositionne fondamentalement notre approche du soin chronique. Car au-delà des bénéfices cliniques, cette transformation du modèle de soin génère des gains d'efficience pour l'ensemble du système. En anticipant les décompensations, on évite les hospitalisations en urgence, on réduit la durée des séjours, on optimise l'utilisation des ressources médicales. Les patients gagnent en autonomie et en qualité de vie, les médecins peuvent concentrer leur expertise sur les cas les plus complexes.
Relever le défi de l’inclusion numérique
Pour autant, cette révolution technologique ne doit pas creuser la fracture sociale. Aujourd’hui encore, 13 millions de Français sont éloignés du numérique : en particulier, près de 62% des plus de 75 ans sont en situation d’illectronisme et plus d’un tiers d’entre eux n’ont pas de smartphone. Là aussi, des solutions existent : accompagnement téléphonique personnalisé, suivi infirmier, pédagogie adaptée. Pour que le progrès médical ne soit pas réservé aux plus connectés.
Accélérer pour soigner autrement
Depuis 2023, la télésurveillance est officiellement remboursée pour plusieurs pathologies chroniques, dont l’insuffisance cardiaque3. C’est un signal fort. Mais pour en faire un levier durable de transformation, les politiques de remboursement doivent être à la hauteur : stables, lisibles, pérennes.
Car derrière cette révolution technologique se cache une transformation bien plus profonde : celle d’un système de soins qui anticipe au lieu de subir. Qui soigne à distance sans déshumaniser. Qui redonne du pouvoir aux patients et du temps aux médecins.
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