La prochaine génération du cloud hybride : nouvel eldorado des entreprises

Dans la plupart des organisations, seules 20% des applications sont passées dans le cloud public, et ce ne sont pas les applications essentielles. Les 80% qui restent représentent la véritable valeur de l'entreprise. Nous sommes à un point d'inflexion.

La technologie cloud a connu de nombreuses évolutions ainsi que plusieurs phases dans l’histoire de son adoption par les entreprises. De 2010 à 2015, le cloud privé explosait et avait pour but premier de sécuriser les infrastructures déjà existantes. On était alors sur un modèle essentiellement technologique avec peu d’impact sur la façon de travailler des entreprises et de leurs collaborateurs. De 2015 à 2020, l’adoption du cloud public s’est accélérée pour différents usages, allant de l’hybridation (notamment en cas de reprise après sinistre ou de débordement capacitaire) à la rénovation du patrimoine applicatif en passant par la modernisation des infrastructures. C’est également à cette période que sont apparues les technologies conteneurs.

Aujourd’hui, nous sommes à l’aube d’une troisième génération du cloud, avec notamment le multicloud, le cloud natif (pour les applications modernes et DevSecOps) mais également le cloud hybride, qui commence à être utilisé pour remplacer des infrastructures anciennes, permettant ainsi de dégager de la capacité pour se tourner vers un nouveau modèle cloud.

Un modèle avec de nombreux avantages

Le cloud hybride permet aux clouds publics, aux clouds privés et aux infrastructures on-premise d'interagir de façon transparente grâce à trois standards technologiques : Linux, l'Open Container Initiative et Kubernetes. Ces standards permettent aux entreprises d'innover tout en améliorant leur réactivité et en limitant les coûts, malgré une complexité croissante.

Cependant, on observe également que les entreprises ont encore une énorme partie de leur patrimoine applicatif qui n’est pas passée au cloud. Or, en parallèle, de nombreuses équipes de développement ont adopté des approches cloud native. Les entreprises ne peuvent pas continuer à fonctionner avec deux modèles opérationnels distincts, il faut uniformiser les infrastructures et les différents clouds, c’est là que le cloud hybride et le multicloud interviennent.

Alors qu’auparavant la priorité était donnée aux plateformes de gestion de cloud (ou CMP pour cloud management platform), on est aujourd’hui passé à la conteneurisation. Il y a un véritable besoin de faire évoluer les infrastructures actuelles et de transformer les clouds privés en clouds natifs.

Une adoption en forte progression

Au fur et à mesure que le cloud hybride se développe, nous constatons des variations d'adoption entre les entreprises et même d’un marché à l’autre. Dans les secteurs les plus réglementés, tels que la banque, la santé, les télécommunications et le gouvernement lui-même (la moitié de l'économie mondiale), la balance va le plus souvent pencher en faveur du cloud privé que du Cloud public, tandis que ce sera plutôt l’inverse dans les secteurs moins réglementés. Dans tous les cas, cependant, il reste un besoin universel d'interopérabilité entre les infrastructures publiques, privées, on-premise et bientôt edge. L'interopérabilité et la portabilité intrinsèques du cloud hybride signifient que les organisations ne sont pas prisonnières d'un seul environnement ou d'un seul fournisseur de clouds publics. Elles peuvent placer leurs charges de travail au meilleur endroit et bénéficier de l'interopérabilité entre les environnements et entre les différents fournisseurs de cloud sélectionnés.

De nouvelles compétences et de nouveaux profils nécessaires

Les équipes apprennent à faire des modèles opérationnels basés sur une approche cloud native. Elles nécessitent un accompagnement afin de les aider à prendre en main la technologie et à en tirer pleinement parti.

Par ailleurs, les infrastructures cloud natives sont définies de façon logicielle – aussi appelées software-defined. L’infrastructure est un artefact logiciel qui est versionné, mis à jour… Il faut donc des gens ayant des compétences de développement en infrastructure mais également en production. En effet, il est nécessaire aujourd’hui que les personnes en charge de la production aient à l’esprit le déploiement de l’infrastructure cloud. Là encore, un profil hybride est donc privilégié.

Choisir le cloud approprié

La problématique du choix du cloud dépend du type de données. Il est fréquent qu’une entreprise décide d’utiliser de multiples clouds afin que chacun soit dédié à une mission particulière, que ce soit l’optimisation de l’infrastructure, le traitement de la donnée, l’analytique ou encore l’intelligence artificielle.

La législation en vigueur (RGPD, Cloud Act…) va également être un facteur décisif afin de déterminer quel cloud permet d’assurer la meilleure conformité tout en répondant efficacement aux attentes et besoins de l’entreprise.

Quid de la sécurité ?

Au sein d’une approche multicloud, il y a plusieurs niveaux de sécurité différents. Il est donc nécessaire d’utiliser un framework de sécurité permettant d’aligner les processus de sécurité auprès de tous les fournisseurs de services cloud. Dans le cas d’infrastructures cloud natives, la sécurité doit être pensée dès le début – on parle alors de security by design. Cette partie est particulièrement complexe car elle doit répondre à plusieurs conditions autant technologiques qu’humaines ou encore législatives. Le cloud hybride peut aider à surmonter les obstacles et autres contraintes de sécurité.

La sécurité et la gouvernance sont les deux principales raisons pour justifier le fait de ne pas mettre les applications centrales sur un cloud public. Avec le cloud hybride, les entreprises peuvent exécuter des applications et stocker des données dans les environnements spécifiques les mieux adaptés aux exigences de sécurité, de réglementation et de gouvernance.  Le cloud hybride permet également aux entreprises de gérer leur transition vers le cloud de manière dynamique, en sélectionnant des niveaux acceptables de temps d'arrêt et en surmontant les contraintes des systèmes et des silos existants.

Désormais, on ne réfléchit plus à une problématique client avec la seule approche cloud, mais avec une véritable stratégie liant cloud, data et intelligence artificielle. Le véritable enjeu à venir sera d’intégrer ces briques dans un environnement multicloud. On ne parle plus seulement de DevOps mais également de DataOps.