Scaleway : comment le cloud d'Iliad compte doubler ses effectifs en 2022

Scaleway : comment le cloud d'Iliad compte doubler ses effectifs en 2022 L'équipe produit centrée sur la couche IaaS et PaaS va passer à 300 personnes d'ici la fin de l'année. 100 nouveaux postes sont déjà ouverts.

Depuis le coup d'envoi de sa stratégie d'accélération en 2018, Scaleway ne cesse d'enrichir son cloud de nouvelles briques : instances de calcul (y compris GPU), serveurs bare metal ultra-puissants, services de stockage objet (compatible avec Amazon S3), en bloc, machine learning...

Ces deux dernières années, la filiale d'Iliad s'est attaquée au segment des containers logiciels : en mars 2020, elle sort un service Kubernetes managé et auto-dimensionné, baptisé Kapsule, l'un des seuls basé sur la dernière version stable de la distribution officielle de l'orchestrateur open source. En octobre 2021, elle commercialise Kosmos. Une solution qui permet, depuis son control-plane, de déployer et maintenir un cluster Kubernetes réparti à la fois sur l'infrastructure de Scaleway et différents clouds tiers. Premier méta-cloud franco-français, Kosmos se positionne en concurrence frontale de Google Anthos et d'Amazon EKS Anywhere. Toujours dans cette logique d'ouverture, Scaleway sort en novembre 2021 une offre de Function as a Service (FaaS) compatible avec AWS Lambda. Baptisée Serverless Functions, elle repose sur le framework Serverless.com. Une infrastructure CLI taillée pour gérer des déploiements sur AWS, Google Cloud, Azure ou un Kubernetes interne.

Pour soutenir la croissance de son cloud, l'entreprise compte se hisser à près de 600 salariés cette année, contre 430 salariés fin 2021. L'équipe d'Audrey Pedro, en charge à la fois du design, de l'ingénierie, du management et de la documentation produit du cloud, concentrera l'essentiel des embauches, avec pour objectif de passer de 150 à 300 personnes d'ici la fin de l'année.

"Nous avons beaucoup de postes ouverts sur des projets ciblant les architectures containérisées"

Le plan de recrutement a déjà commencé avec l'ouverture de 100 nouveaux postes fin 2021. Les profils recherchés sont divers. Sur le périmètre du IaaS et du PaaS, ils vont d'ingénieurs DevOps, logiciel et front en passant par des product managers, des product designers et des engineering managers. "Kapsule et Kosmos enregistrent de très fortes croissances. Les architectures en microservices containerisées remportent beaucoup de succès. Près de la moitié des instances provisionnées chez Scaleway sont désormais destinées à des clusters Kapsule", confie Audrey Pedro, chief product officer de l'entreprise parisienne. Sans surprise, la plus grosse part des postes ouverts porte sur des projets ciblant ces architectures. Parmi les services qui viendront soutenir cette stratégie, la directrice produit évoque notamment une base de données managée compatible avec Kubernetes, mais aussi un virtual private cloud (VPC) pour sécuriser les applications containérisées au sein de réseaux virtuels.

Ver un cloud multizone

Encore à un stade précoce de son cycle de vie, Serverless Function séduit nombre d'early adopters. "Quant aux server bare metal, ils restent une valeur sûre. Beaucoup de start-up se tournent vers eux pour maitriser pleinement leur infrastructure et leur performance", constate Audrey Pedro. Enfin, le succès des instances GPU ne se dément pas, notamment sur le front de l'intelligence artificielle. "Du coup, nous planchons sur la conception de nouvelles instances équipées de processeurs graphiques, plus modernes qui seront commercialisées dans les prochains mois", ajoute Audrey Pedro.

Au de-là des services cloud en tant que tels, la feuille de route de Scaleway porte en parallèle sur les data centers. Sur le modèle de sa région cloud de Paris, l'entreprise de Xavier Niel entend doter ses régions d'Amsterdam et de Varsovie de deux zones de disponibilité chacune. Un chantier qualifié de prioritaire par Arnaud de Bermingham, le président de Scaleway. A l'instar des clouds d'Amazon et de Microsoft, la filiale de Free compte ensuite amorcer courant 2022-2023 le déploiement d'un réseau de dizaines voire de centaines de mini-datacenters à travers la planète. "Avec la densification des usages haut débit, à la fois fixes et mobiles, l'objectif est désormais de compléter nos clouds centralisés d'infrastructures de calcul et de stockage en mode edge proches du client final en vue de réduire la latence et d'optimiser la performance globale", nous expliquait Arnaud de Bermingham en septembre dernier.

Des arguments RH

Comment Scaleway compte parvenir à recruter sur un marché de l'emploi pour le moins tendu ? "Les start-up du digital bouclent actuellement d'importantes levées de fonds. Du coup, elles embauchent toutes au même moment des cadres IT expérimentés pour passer à l'échelle. Ce qui complexifie de facto la recherche de profils", admet Audrey Pedro. Pour attirer les candidats, Scaleway a cependant des arguments à faire valoir. D'abord son projet de devenir un cloud souverain de dimension européenne, avec pour ambition de proposer une alternative aux hyperscalers américains et asiatiques. "Beaucoup d'ingénieurs et de développeurs souhaitent travailler pour un cloud provider. Or, nous ne sommes pas très nombreux en Europe. C'est une chance", insiste Audrey Pedro. Ensuite Scaleway met en avant sa politique de diversité et d'inclusion comme moyen d'élargir l'horizon de ses équipes et ainsi d'améliorer tant leur ouverture que leur qualité de travail. Sans oublier sa démarche active de conception de centres de données à faible consommation d'énergie.

"Nous proposons par ailleurs depuis septembre 2021 une politique de travail à 100% à distance. Ce qui nous permet désormais de recruter partout en France, mais aussi dans d'autres pays européens", ajoute Audrey Pedro. "En ce moment, nous discutons par exemple avec des candidats basés à Amsterdam et à Madrid en vue de pourvoir des postes de management en ingénierie. Ces candidats cherchent précisément à rejoindre un cloud provider", illustre Audrey Pedro. "Ils ne sont pas ouverts à la relocalisation, mais ont une vraie expertise et un grand nombre d'années d'expérience dans les métiers du cloud. Ils amènent une certaine diversité dans la façon de penser car ils ont travaillé dans des entreprises variées et des pays différents. Quand on commence à monter en expérience ou en expertise sur ce type de profil, pouvoir chercher sur l'ensemble de l'Europe constitue une grande aide. Le pipe de candidats est de facto beaucoup plus riche."