Souveraineté numérique française : hauts les clouds !

Le champ des possibles reste immense et les fournisseurs de cloud français ont un rôle essentiel à jouer, pour accélérer ce mode de consommation à l'usage essentiel de la transformation digitale des entreprises, du secteur public.

Il y a à peine plus d'une décennie, les premiers faiseurs de nuages démocratisaient la technologie du cloud computing, aujourd'hui largement plébiscité et adoptée en Europe dans son incarnation cloud privé mais beaucoup moins dans sa dimension cloud public. Le champ des possibles reste donc immense et les fournisseurs de cloud français ont un rôle essentiel à jouer, pour accélérer ce mode de consommation à l'usage essentiel de la transformation digitale des entreprises, du secteur public...

Au-delà des trois ou quatre champions nationaux régulièrement cités dans les media, l’engagement des acteurs français du cloud est remarquable : ils ont su construire un catalogue de services cloud qui constituent une création de valeur bien réelle. Mettons-les en avant, travaillons avec eux pour leur permettre d’accélérer et de continuer à créer, dans tous les territoires, les emplois que cette filière a démontré pouvoir générer. En effet, nous avons en France un vrai tissu d’entreprises fournisseurs de services clouds, et, qui plus est, réparti et ancré dans les régions. Avec plus de 247 centres de données, la France se place déjà au 8ème rang mondial(1). Et ce sans compter les centres de calculs scientifiques régionaux et nationaux qui joueront eux aussi un rôle prépondérant dans le potentiel cloud agrégé de la France.

Des experts de la transformation numérique partout en France

Comme tous les pays, la France n’échappe pas à l’explosion des données. Pour autant, le nombre et la capillarité des acteurs du cloud en France nous mettent en position de force pour embrasser la prochaine évolution du cloud. Il deviendra en effet de plus en plus décentralisé et la majorité des données seront à l’avenir traitées en grande partie à proximité du lieu où elles sont créées pour des raisons de latence et de volume. Cette ère du "edge to cloud" transformera le cloud pour en faire une expérience et non plus uniquement une simple destination des ressources.

Cette capillarité des acteurs français jouera également un rôle important dans la transformation numérique des entreprises, des administrations publiques centrales comme des collectivités territoriales. Sur ce dernier point, la puissance publique a lancé un programme significatif qui permet aux administrations d’acheter des services clouds sans passer par des appels d’offres longs et couteux, à des taux de TVA réduits. Une plateforme nationale a déjà été mise en place en ce sens, pour y référencer quelques-uns des grands fournisseurs français. Du fait de leur proximité avec les collectivités locales, il y a donc une réelle pertinence à étendre ce référencement aux acteurs du cloud régionaux afin qu’ils fournissent un accompagnement de qualité.

Le développement des acteurs du cloud en France constitue un potentiel d’emplois conséquent dans les domaines de l’infrastructure programmable, du développement agile, de l’intelligence artificielle, de l’internet des objets, de la sécurité. Selon le Ministère de l’Education et de la Recherche (2), il y avait en 2020 environ 17 300 étudiants ingénieurs inscrits dans le domaine informatique. Or Numeum a évalué qu’il en manquait chaque année 10 000 supplémentaires pour satisfaire les besoins des organisations privées comme publiques. Le recrutement et la fidélisation de ces talents est une priorité.

Un environnement plus que propice  

Quel est le sens à donner à la souveraineté numérique en France en 2022 ? Au-delà du label cloud de confiance reposant sur la certification ANSSI SecNumCloud, la souveraineté de notre cloud devrait pouvoir se définir par la capacité à délivrer des services clouds variés et de qualité par des entreprises françaises distribuées dans toutes les régions, la volonté de former et retenir en France la force de travail nécessaire, mais également par la mise en œuvre d’une communication et d’une cohésion nationale pour générer plus de confiance des utilisateurs.

Cette dernière passe par la création de certifications pour les acteurs du cloud. Ecoresponsabilité comme sécurité sont par exemple deux sujets d’actualité, déterminants pour la qualité des services fournis comme pour l’opinion publique. Les fournisseurs de services cloud français sont d’ailleurs eux-mêmes actifs et la plupart d’entre eux ont entrepris des démarches de fond, que ce soit au niveau de leurs centres de données comme au niveau de leurs infrastructures informatiques matérielles et logicielles. Ils sont également demandeurs d’une meilleure concertation en amont et de la prise en compte de leur expérience dans l’élaboration de ces certifications, de l’analyse du coût de gestion au problématique de résistance au changement en passant par le sujet des formations nécessaires pour y parvenir. Le travail fait par l’ADEME sur le sujet du développement durable est un exemple à prendre en compte ; son programme d’accompagnement et d’aides financières permet d’accélérer la transition vers les critères cibles à atteindre en matière de sobriété numérique. Il serait opportun de dupliquer ce type de programme dans le domaine de la sécurité pour permettre au maximum de fournisseurs de cloud français d’atteindre la certification en matière de cloud de confiance.

Les atouts de la France pour permettre la transformation digitale du pays sont immenses, l’énergie du tissu national de fournisseurs de cloud dans toutes les régions de France est réelle, comme sa passion pour permettre l’avènement de l’économie de la donnée sur le territoire. La prochaine étape pourrait être de créer une plateforme digitale Cloud France capable de présenter aux clients le formidable catalogue agrégé de l’ensemble des services cloud proposés par tous les acteurs du cloud en France. Cette plateforme pourrait par ailleurs être connectée aux initiatives européennes menées dans le même sens pour étendre son impact.

(1) Statista, 18 octobre 2021.

(2) Cf. la note du SIES du Ministère de l’Education et de la Recherche de juin 2021