Impact environnemental du numérique : à qui la faute ?

L'industrie du numérique est tout sauf immatérielle. Face aux basculement de nos usages, c'est devenu une vraie question sociétale qui nécessite d'accélérer le dialogue entre industriels et politiques.

Longtemps la révolution digitale s’est imposée comme le ferment d’un changement de société : en dématérialisant nos usages, elle était la promesse d’un monde plus soutenable et la réponse à nos enjeux environnementaux. Pourtant, l’industrie du numérique est tout sauf immatérielle. Aujourd’hui de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer le coût environnemental exorbitant du secteur des hautes technologies. Ce débat qui dépasse largement le monde des fabricants et des informaticiens : face aux basculement massif et irréversible de nos usages, c’est devenu une vraie question sociétale qui nécessite notamment d’accélérer le dialogue entre industriels et politiques.

Consommation énergétique : nos vies numériques au banc des accusés

Au-delà des ressources nécessaires pour produire les milliards d’appareils qui nous équipent, nous n’avons pas toujours conscience que le moindre de nos usages digitaux a un impact environnemental. Courriels, messages et selfies consomment de l’énergie. Sans parler des plateformes de streaming ou du basculement massif des entreprises vers le cloud. Cette « dématérialisation » n'est pas sans conséquence. Pourtant, il est difficile d’imaginer un retour en arrière. Dès lors, les entreprises et les utilisateurs finaux peuvent-ils endosser cette responsabilité ? Il est certes plus facile de se tourner vers les fournisseurs et attendre légitimement d’eux une fabrication plus responsable des matériels. Néanmoins, la prise de conscience de cet impact énergétique est une première étape importante pour réapprendre à interagir avec le numérique de manière plus responsable.

Notre dépendance au numérique est telle, que la moindre défaillance des systèmes peut avoir des conséquences désastreuses. Les règles que s’imposent les entreprises pour garantir la continuité de service impliquent des duplications de sites, de données et d’approvisionnement en énergie. Pour réduire la consommation de ces « serveurs zombies », peut-être devrons-nous accepter des temps de latence un peu plus long ou la possibilité de perdre des données ou de supprimer les plus obsolètes.

De l’informatique verte à l'informatique au service de l'écologie

Anticiper un futur énergétique viable, est donc l’affaire de tous. C’est également une des responsabilités clé des datacentres, qui jouent un rôle moteur dans cette transition énergétique. Cette démarche s’inscrit dans le mouvement du green IT qui a amené de nouvelles pratiques au sein des entreprises afin de limiter l’impact négatif de l’informatique sur l’environnement. Mais pour vertueux qu’il soit, ce mouvement montre vite ses limites dans un monde où les échanges entre humains et les connexions entre les machines ont conduit à une explosion sans précédent du nombre de données créées chaque jour.

Compenser l’impact écologique du numérique peut se faire à plusieurs niveaux. Avant d’être concentrées dans le cloud, les équipements informatiques étaient historiquement sur site. La simple migration de ces salles à un centre de données à cet effet permet de diminuer de 20 à 30% la consommation d’énergie. En outre, ce phénomène a permis la remise à plat des architectures informatiques et une mise à niveau des machines qui contribuent également à diminuer l’impact énergétique.

La façon dont de plus en plus d’entreprises françaises revoient leurs activités en nouant des accords avec des partenaires grâce à des écosystèmes de services interconnectés dans le cloud, constitue également un levier de transformation. Par leur rôle de facilitateur, les centres de données sont des contributeurs importants à ce phénomène.

Le datacentre, un contributeur positif à l’empreinte écologique pour les territoires

Dans l'imaginaire collectif des Français, l’utilisation de ces datacentres et l’explosion des données vont de pair. Pourtant, on constate que malgré le boom des services numériques, la consommation énergétique globale des datacentres est restée stable entre 2010 et 2018 (seulement 1% de la consommation mondiale d’électricité). Cela est dû à la fois à une amélioration du matériel informatique et à une concentration des services au sein des centres de données en colocation. Pour les datacentres, l’objectif est désormais de renforcer son impact dans les territoires.

L’association France Datacenter a fait un calcul : si tous les datacentres de la région parisienne étaient proprement connectés à des réseaux de chaleur centralisés, tous les habitants de l'Île de France pourraient obtenir une douche quotidienne gratuite.

Mais, c’est une responsabilité collective. Un enjeu à la fois de dialogue mais aussi de pédagogie technologique, encore trop absente du débat. En travaillant en amont à l’optimisation énergétique à l'échelle d’un territoire, le centre de données apparaît comme un maillon essentiel. Il n’est plus seulement un endroit où héberger des serveurs et stocker des données mais un contributeur local positif.