Instaurer une culture de l'innovation responsable grâce au cloud et à la sobriété numérique

Dans une économie qui se digitalise à toute vitesse face à l'explosion du volume des données, les acteurs de la Tech sont par nature au cœur des enjeux de transition écologique.

A l’heure de la Journée de la Terre 2022, destinée à sensibiliser l’ensemble de la société civile sur la préservation de notre environnement, et au lendemain de la publication du nouveau rapport du GIEC sur le climat, consacré aux solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, la prise de conscience de cette responsabilité doit aujourd’hui guider l’engagement de l’ensemble des acteurs de la Tech, pour une innovation plus responsable.

Disposer de l’intégralité de la chaîne de valeur pour maîtriser l’impact environnemental de la donnée

Être un acteur mondial de la tech, c’est accepter de relever le double défi des transitions numérique et écologique.

En matière de transition écologique, le di­gital peut apporter des solutions comme il peut devenir un facteur aggravant si on n’adresse pas intelligemment la question de la gestion des données. Pour rappel, la consommation électrique du numérique croît de 9 % par an et représente déjà 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Finalement, elle reflète la croissance des usages qui a d’ailleurs explosé avec la crise sanitaire et la dis­tanciation sociale. La question que nous devons nous poser aujourd’hui est : com­ment accompagner ce boom technolo­gique – qui est excellent pour l’innova­tion – tout en préservant la planète ?

Pour répondre à ce défi, en ce qui nous concerne, nous avons opté pour une maî­trise de la chaîne de valeur avec les en­jeux environnementaux à l’esprit dès la conception de notre cloud. Notre objectif est d’atteindre la neutralité carbone pour l’ensemble de nos activités d’ici 2025. Concrètement, cette stratégie repose sur quatre piliers : l’efficacité énergétique, la durabilité des composants, la circularité des ressources et la proximité des ser­veurs.

Par exemple, nos Data centers en Europe, dont celui de Marseille, utilisent 100 % d’énergies renouvelables. De même, la stratégie de décentralisation partielle de nos Data centers à travers le monde limite l’énergie nécessaire à la commu­nication entre les serveurs cloud et les sites de nos clients.

Toujours à Marseille, notre hébergeur, Interxion, utilise une nouvelle technologie qui s’ap­pelle « le river cooling », une solution de refroidisse­ment qui fonctionne grâce à un cours d’eau prenant sa source dans les mines de Gardanne : l’eau est im­propre à la consommation en raison de sa richesse en minéraux et nous la récu­pérons pour refroidir nos serveurs. Elle ressort chaude et alimente en chauffage urbain toute la zone eu­ro-méditerranéenne.

Sur l’aspect matériel, également, nous sommes déjà en mesure de collecter, ré­utiliser ou recycler la majeure partie des déchets électroniques que nous produisons dans le monde. Lors de notre année fiscale 2021, nous l’avons ainsi fait pour 99,4 % de ces déchets. 

Pour nous comme pour nos clients, l’en­gagement pour la décarbonation doit être concret. Aujourd’hui, il est primordial que toutes les solutions proposées par le secteur de la Tech fassent l’objet d’études d’impact pour valider leur excellence en­vironnementale. Chez Oracle, nous faisons certifier ces solutions par Bureau Veritas. Lors de la migration de son ERP dans le cloud sur nos serveurs en 2021, un leader ferroviaire européen a pu mesurer une baisse de 93% des émissions des GES grâce à ce dispositif. Faire certifier leur offre par des tiers est un enjeu d'intégrité pour les fournisseurs de solutions technologiques.

Gérer vos données dans le cloud public, finalement, revient à réduire l’empreinte totale de votre activité digitale en mutualisant les ressources. Imaginez le coût – écono­mique et environnemental – si toutes les entreprises optaient au­jourd’hui pour leurs propres ressources de calcul comme c’était le cas dans le passé…

Je pense à un exemple concret, celui de Nissan. Ce constructeur a bien compris l’intérêt du partage des ressources en faisant migrer ses charges de travail de calcul haute performance vers nos ser­veurs cloud. Le but ? Effectuer des simu­lations techniques de pointe pour une conception plus sûre et plus efficiente. Ces simulations aident l’entreprise à tes­ter l’aérodynamique externe d’une voiture et ses défauts structurels potentiels. C’est très important dans la mesure où ces fac­teurs impacteront autant le rendement énergétique que la sécurité. En d’autres termes, Nissan réduit l’empreinte carbone de ses véhicules de la conception à l’uti­lisation en faisant appel à des ressources partagées.

Le SaaS (« Software as a Service ») et le cloud sont de formidables atouts qui permettent aux entreprises de déployer progressivement leurs projets à partir d’applications natives du cloud qui consomment moins d’espace physique, moins d’infrastructures et donc moins d’énergie.

Bien que ça puisse paraître contre-intui­tif, le développement de solutions perfor­mantes de gestion des données constitue donc une opportunité formidable pour soutenir les efforts de transition écolo­gique. C’est le cas par exemple de l’IA qui est amenée à jouer un rôle majeur dans le développement des schémas de modélisa­tion de l’empreinte environnementale de toutes les industries et contribuera donc, de facto, à rendre nos usages plus sobres.

L’innovation est la clé de la responsabilité numérique, à la fois sobre en énergie et indispensable pour faire face aux défis de la gestion des ressources !

L’effort collectif pour une écologie responsable et pragmatique

Évidemment, nous n’y arriverons pas seuls. Tous les acteurs de la Tech doivent jouer le jeu si nous voulons faire émerger un nu­mérique responsable.

C’est tout le sens du mouvement Tech for Good, initié par le Président de la Répu­blique Emanuel Macron, que nous avons rejoint en 2019. L’approche Tech for Good, c’est se préoc­cuper de l’impact sociétal de l’innovation, parce que le digital ne pourra pas assu­rer son rôle d’outil de modernisation des entreprises s’il ne permet pas en même temps de réduire les fractures environne­mentales, générationnelles et sociales.

J’apprécie l’approche Tech for Good parce qu’elle me semble plus crédible que l’éco­logie coercitive. C’est une question d’intel­ligence et d’innovation. Guider un camion pour qu’il prenne la route la plus courte et consomme moins d’essence, c’est une éco­nomie de CO2. C’est une écologie respon­sable et pragmatique.

Nous pensons que chaque entreprise doit prendre ses responsabilités et nous n’avons pas attendu les obligations ré­glementaires pour nous engager. L’essen­tiel pour nous relève de la responsabilité de chacun. Si toutes les entreprises s’en­gagent, l’effort devient collectif et la tran­sition écologique n’est plus une corvée.

Rester en phase avec la société

Au niveau de la société, la pédagogie est importante pour limiter la frénésie numé­rique. Nous avions fait un sondage avec Odoxa en octobre dernier sur la percep­tion du cloud et de ses bénéfices par les Français : des résultats qui montraient qu’au-delà d’une notoriété très impor­tante dans la population sur la question du stockage et de l’accessibilité de la don­née, très peu de personnes citaient les bénéfices environnementaux rendus possibles...

En tant que fournisseur de technologies, nous sommes conscients que l’impact en­vironnemental est devenu un critère es­sentiel quand il s’agit de recrutement, a fortiori en pleine guerre des talents. Les jeunes ingénieurs ont tout sauf envie de s’engager dans une entre­prise aveugle face aux défis sociétaux.

De même, la responsabilité environnementale est deve­nue un critère d’achat pour les clients comme pour les consommateurs finaux. Face à cette transformation né­cessaire, nous devons converger vers les préoccupations de nos clients et nous po­sitionner comme le partenaire de choix de cette transition responsable.

Faire confiance à l’innovation comme clé de voûte de la transition énergétique

J’ai confiance dans l’innovation : plus on investira pour réduire cette empreinte, pour stocker, pour performer, plus on saura minimiser l’impact. A un moment donné, l’innovation se mettra prioritairement au service de la diminution des émissions de CO2.

Parmi les autres sources d’innovation res­ponsable, nous pouvons aussi compter sur les progrès offerts par le edge computing. En réduisant la quantité de données tran­sitant sur le réseau, en permettant une meilleure affectation des ressources en temps réel, cette technologie jouera un rôle essentiel dans la sobriété énergé­tique des villes et des usines intelligentes.

Pendant des années, l’innovation s’est por­tée sur la puissance et sur la performance car les clients voulaient de la rapidité. Au­jourd’hui, les demandes portent à la fois sur la performance et sur l’empreinte éco­logique, donc l’innovation est redirigée dans ce sens : continuer à moderniser, à innover, sans pour autant engendrer un « monstre » technologique. C’est un autre type de performance mais qui reste in­dispensable pour suivre la croissance des usages et la digitalisation du monde dans lequel nous vivons.

Tribune rédigée dans le cadre des travaux réalisés pour L’Observatoire du verdissement de l’économie, « Réduire la dépendance énergétique par le digital », réalisé sous l’égide de la CleanTech française Metron.