Interdiction des transactions en cryptomonnaies par la banque centrale Chinoise : un coup d'arrêt pour les cryptoactifs ?

La Banque Centrale chinoise a récemment annoncé que toutes les transactions en cryptomonnaies sont désormais illégales sur son territoire.

La Banque Centrale chinoise a annoncé que toutes les transactions en cryptomonnaies sont désormais illégales sur son territoire. Depuis 2013, la Chine multiplie les annonces et les mesures pour lutter contre le développement et l’utilisation des cryptoactifs sur son territoire, considérant ces actifs comme une menace pour l’équilibre économique et financier de son système.

Retour sur la décision de la Chine

Cette nouvelle décision s’inscrit dans la continuité des restrictions à l’encontre des cryptoactifs prises par le gouvernement chinois cette année, avec en mai dernier l’interdiction imposée aux institutions financières chinoises de fournir des services liés aux cryptoactifs à leurs clients, puis en juin la décision de faire fermer des fermes de minage (généralement des entrepôts industriels qui regroupent du matériel informatique afin de miner des cryptoactifs) de cryptoactifs dans plusieurs régions du pays (dont le Sichuan, qui est l’épicentre de l’activité de minage en Chine). Rappelons que le minage est une activité clé qui permet d’assurer la sécurité d’un réseau blockchain sur lequel sont issus les cryptoactifs et que la Chine représentait à aujourd’hui près de la moitié des opérations de minage dans le monde.

Avec l’arrivée imminente de sa monnaie digitale de banque centrale (PBoC) prévue pour 2022, le gouvernement chinois fait ainsi le choix de censurer complètement les cryptoactifs et les activités liées à ses actifs. Cela lui permet d’écarter toute concurrence possible par rapport à son yuan digital, qui sera centralisé et permettra donc au régime le suivi et le contrôle des transactions et capitaux de sa population.

Un exemple à suivre ?

En rendant les transactions en cryptomonnaies illégales, ce sont toutes les entreprises (notamment les exchanges de cryptoactifs) et activités liées à ses actifs sur le territoire chinois qui vont être impactées (le marché des actifs numériques a d’ailleurs accusé la nouvelle avec une baisse de plus de 10 % du bitcoin, le cryptoactif de référence). Cette volonté de museler l’expansion des cryptoactifs va à terme faire perdre à la Chine la place importante et les opportunités business qu’offrent le secteur et le marché des actifs numériques en pleine explosion au profit d’autres acteurs tels que les États-Unis ou l’Europe : ce coup d’arrêt infligé aux cryptoactifs ne sera pas un choix payant sur le long terme. La Chine va-t-elle servir d’exemple à d’autres pays ou zones économiques ayant l’ambition de lancer leur propre monnaie digitale ?

Que ce soit en Europe ou aux États-Unis, nous avançons progressivement vers une régulation généralisée des cryptoactifs pour fixer un cadre règlementaire, fiscal et applicatif à ses produits numériques afin de limiter leurs impacts sur le système bancaire et financier traditionnel.

L’adoption des cryptoactifs et de la finance décentralisée (écosystème financier alternatif basé sur un réseau blockchain offrant la capacité aux détenteurs d’actifs numériques d’accéder à des services financiers de type emprunt, prêt ou encore émission de fonds en cryptoactifs) qui se généralise va pousser les pays à prendre des décisions sur les transactions et usages associés à ces produits digitaux. La possibilité que certains appliquent les mêmes décisions que la Chine demeure, et d’autant plus en Europe, lorsque l’on voit la position anti-crypto prise par la Banque Centrale Européenne et son projet de possible mise en place d’un euro digital d’ici 3 ans pour pallier le retard pris face à l’adoption massive et à la démocratisation des échanges en cryptoactifs.