(Réactualisation 29/03/04 à 11h58) Chaque
introduction en Bourse, chaque opération de fusion-acquisition
représente l'occasion pour le secteur de l'Internet
de mesurer sa valeur réelle. Un exercice attendu, tant
les valorisations des sociétés ont connu des
oscillations brutales. Le rachat à 100 % de Kelkoo
par Yahoo, pour 475 millions d'euros en numéraire,
n'échappe pas à la règle.
Quelques valorisations de sociétés Internet
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Société |
Activité |
Opération |
Année
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CA
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Valorisation
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Ratio valo/CA
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Kelkoo |
Comparateur |
Rachat par Yahoo |
2004
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42,5 M€
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475 M€
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11,18
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Free |
FAI |
IPO |
2004
|
293,0 M€
|
950 M€
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3,24
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Overture |
Liens promos |
Rachat par Yahoo |
2003
|
668,0 M$
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1 630 M$
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2,44
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MySimon |
Comparateur |
Rachat par CNet |
2000
|
6,3 M$
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700 M$
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111,11
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Premier examen possible de l'opération : la valorisation "immédiate". Sur l'exercice 2003, Kelkoo a réalisé un chiffre d'affaires de 42,5 millions d'euros, en hausse annuelle de 178 %. Un rapide calcul indique que la valorisation du comparateur de prix avoisine dix fois son chiffre d'affaires. Un chiffre modeste si l'on se souvient des ratios vertigineux des valorisations des acquisitions ou des IPO des années 1999-2000 mais qui reste très supérieur à ce qui se fait en matière d'entreprise de secteurs traditionnels : 3 à 4 fois le chiffre d'affaires. L'introduction en Bourse de Free en février dernier s'est d'ailleurs faite sur cette base.
Le métier de comparateur de Kelkoo le situe sur un segment d'activité à mi-chemin entre le portail (générateur d'audience) et la mise en relation (générateur d'actions). Une stratégie qui rappelle, de manière éloignée, le segment des liens promotionnels. Un segment où, justement, Yahoo a mis la main en juillet 2003 sur Overture pour 1,63 milliard de dollars (lire l'article JDN). Cette fois, la valorisation retenue multipliait par 2,4 le chiffre d'affaires d'Overture, qui était de 668 millions de dollars sur l'exercice 2002. Kelkoo fait nettement mieux.
En effectuant un zoom sur les shopbots, on constate que
l'écart de valorisation est parfois significatif :
en janvier, BuyCentral a été racheté
par Lycos Europe pour un montant de 5 millions d'euros (lire
l'article
JDN). La lecture historique est plus riche d'enseignements.
En janvier 2000, CNet a procédé au rachat du
comparateur de prix MySimon (lire l'article
JDN). L'opération valorisait MySimon à 700
millions de dollars, pour un chiffre d'affaires annuel d'environ
6,3 millions de dollars et pour 10 millions d'utilisateurs
référencés, soit 70 dollars par internaute.
Hors évolution monétaire, on comparera ce montant,
négocié en pleine "bulle Internet",
aux 21 millions d'utilisateurs de Kelkoo aujourd'hui valorisés
23 euros chacun. Quatre ans plus tard, le prix offert par
Yahoo ne reflète donc pas un effondrement complet de
la valorisation des sociétés Internet.
Répartition du capital de Kelkoo
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Fondateurs et employés
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16,20%
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16,64%
(dont environ 5% pour Innovacom)
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VC
historiques Espagne (Netjuice)
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14,81%
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VC
historiques scandinaves
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16,27%
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Autres
VC (participants au tour de table de juillet 2000)
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31,43%
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Personnes
physiques, business angels
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9,65%
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Sources : Kelkoo et investisseurs
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Levées de fonds et opérations de fusions-acquisitions en Europe menées par Kelkoo
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Décembre
1999
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Avril
2000
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Acquisition de DondeComprar (Espagne/investisseur : Netjuice)
(Lire l'article
du 13/04/00)
Acquisition de Shopgenie (UK)
(Lire l'article
du 26/04/00)
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Juillet
2000
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Decembre
2000
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Acquisition de Zomm IT (Norvège / investisseurs : Kistefos)
(Lire l'article
du 20/09/00)
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Source : Kelkoo
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Cette analyse se confirme à l'analyse du chemin parcouru par les investisseurs présents au capital de Kelkoo. Entre la fin 1999 et la mi-2000, Banexi Ventures, Innovacom ou encore SGAM (en tout une dizaine d'opérateurs) vont investir à hauteur de 40 millions d'euros dans le capital. Ces fonds détiennent aujourd'hui 48,07 % du capital et peuvent prétendre, donc, récupérer autant des 475 millions d'euros promis par Yahoo, soit 228 millions. Verdict : en quatre ans, la valeur de la participation des capital-risqueurs est passée de 40 à 228 millions d'euros, soit une progression de 470 %. Un rendement que beaucoup d'autres fonds auraient aimé atteindre.
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