Par Hubert Barkate (Adhara) : La formation, facteur de développement du logiciel libre ?

Par Hubert Barkate (Adhara) : La formation, facteur de développement du logiciel libre ? Lors du déploiement d'un logiciel libre, comment s'y retrouver face à la multitude d'informations proposée par les communautés ? La notion de formation s'impose comme un prérequis indispensable.

Tribune réalisée par Hubert Barkate, président d'Adhara.

Nul n'en disconviendra, le logiciel libre est aujourd'hui bel et bien une réalité ancrée sur le marché. Aussi bien présentes auprès des PME, des grands comptes mais également des administrations, les solutions et infrastructures appartenant au monde du Libre continuent leurs ascensions dans tous les domaines. En effet, il ne s'agit plus uniquement des suites bureautiques de type Open Office mais d'un ensemble d'applications hétérogènes allant de la gestion électronique de document jusqu'aux solutions de décisionnel.

Une question reste tout de même posée : combien de projets de migration initiés se transforment-t-ils en succès auprès des utilisateurs finaux et finalement est-ce si simple et économique de s'orienter vers des solutions logicielles libres ? Un premier constat met en lumière des succès incontestables mais également des désillusions qui peuvent s'expliquer notamment par les notions de support (rappelons-nous les déboires d'un certain ministère...) et de transfert de compétences.

L'industrie du Libre peut être menacée par son succès : une trop grande ouverture sans réelle structuration peut empêcher toute bonne volonté de venir à bien d'un déploiement. En effet, prenons par exemple des problématiques liées à la gestion de contenu. Comme chacun le sait, il existe aujourd'hui une quantité importante de CMS gratuits qui permettent de créer de véritables portails d'entreprise (Internet, intranet, extranet) et plate-forme collaborative rivalisant avec les solutions propriétaires les plus abouties.

Garantir un accompagnement et un transfert de compétences au client dans un cadre "normalisé"

La tentation de s'affranchir de coûts de licences et de déployer un portail sur-mesure est alors grandissante. Mais une fois la décision prise, reste alors à déployer ce projet. C'est à ce moment précis que les notions d'accompagnement et de transfert de compétences traditionnellement proposées par les éditeurs classiques sous forme de packages viennent à manquer.

En effet, vers qui se retourner, comment faire pour s'y retrouver dans la multitude d'informations proposée par les communautés d'utilisateurs et de développeurs ? Bref, comment mener à bien un projet de manière industrielle et pérenne ? La notion de formation s'impose alors comme un prérequis indispensable. D'ailleurs, les éditeurs de solutions Open Source comme les SSII et les professionnels de la formation l'ont bien compris et rivalisent d'initiatives pour proposer des cursus de formation adaptés à chaque étape d'un projet.

Il s'agit donc de garantir un accompagnement et un transfert de compétences au client dans un cadre "normalisé". Pour ce faire, les notions "d'investissement veille et technologique" au sein des communautés sont des données fondamentales pour proposer des cursus de formation pertinents et rapidement utilisables par les équipes informatiques des entreprises (développeurs, spécialistes réseaux, administrateurs bases de données, programmeurs...).

Mais une fois cette première étape de formation réalisée et l'outil déployé prêt à être utilisé, il convient également de penser aux utilisateurs finaux. En effet, les oublier dans le dispositif est un élément à proscrire car la productivité de ces derniers dépendra notamment de leur capacité à bien utiliser les nouveaux outils mis à leur disposition. Là encore, des cursus packagés ou sur-mesure doivent être proposés idéalement par petits groupes. Cet élément qui semble évident est pourtant souvent mis de côté au profit de formations orientées techniciens et administrateurs. Attention donc à ne pas oublier ce pan stratégique du projet.

Au travers de ces éléments, il apparaît donc que la réussite d'un projet Open Source soit liée à une série d'éléments complémentaires indépendants d'un simple téléchargement gratuit d'un logiciel et notamment la prise en compte des éléments de support, de transfert de compétences et d'industrialisation du projet. Reste alors aux entreprises et aux DSI à prendre en compte ces éléments pour préparer au mieux leur projet et les transformer en succès.

Tribune réalisée par Hubert Barkate, président d'Adhara.