Exclusif : Fab.com rachète le français MyFab

Exclusif : Fab.com rachète le français MyFab L'e-marchand américain de design vient de reprendre le français MyFab à WebMediaGroup. Il a désormais les coudées franches pour se renforcer dans l'Hexagone.

Selon nos informations, l'e-commerçant américain de design Fab.com a racheté MyFab, site français pionnier du mobilier direct usine reconverti aux ventes événementielles de design. Son fonds de commerce a été cédé pour 3,1 millions d'euros, auxquels s'ajoutent un complément de prix et des actions Fab.com. Par cette opération, dont le montant total reste toutefois inférieur à 10 millions d'euros, l'Américain s'approprie 100% du capital de son petit rival, jusqu'ici détenu à 51% par WebMediaGroup (filiale d'Online Commerce Partners) et à 49% par les fonds d'investissement Alven Capital et BV Capital.

Lancé en 2008 par des anciens de Meetic, MyFab se donnait initialement pour vocation de rassembler les cyberacheteurs afin d'obtenir des prix bas directement auprès des usines. Le site faisait voter les internautes pour ses produits et, lorsque les engagements de commandes étaient suffisants, en déclenchait la fabrication en Chine.

Très ambitieux, l'e-commerçant s'était même lancé aux Etats-Unis en 2010 et revendiquait un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros en 2011. Toutefois, peinant à honorer ses délais de livraison, MyFab avait été entraîné dans une spirale de commandes non honorées, déclenchant les foudres des cyberacheteurs. Pendant ce temps, ses actionnaires ne parvenaient pas à s'accorder sur la stratégie à conduire.

Une revente à WebMediaGroup et un pivot

Mi-2012, PPR et Adrien Dassault sortaient du capital de la société au profit de WebMediaGroup, majoritaire, et de ses investisseurs historiques Alven Capital et BV Capital. Une restructuration assortie d'une augmentation de capital de 1,5 millions d'euros, destinées à offrir à MyFab un nouveau départ. Sous la houlette d'Isabelle Bordry, dont le groupe opérait déjà les sites marchands Maison Facile, Tek Import ou Badiliz, le site a alors amélioré ses opérations et rapatrié partiellement sa production en Europe pour pouvoir livrer en 4 semaines... conformément à ses promesses. D'autre part, MyFab a fait évoluer son modèle économique pour se transformer en site de ventes événementielles et commercialiser principalement les créations de designers français et européens.

WebMediaGroup et My Fab ne publient pas leurs comptes, mais il est possible que les évolutions de l'e-commerçant n'aient pas été suivies de résultats justifiant de poursuivre son activité. Et surtout, il a manifestement été jugé plus profitable de céder à Fab.com le site qui gênait le développement de l'Américain dans l'Hexagone. Entre le rachat de MyFab l'an dernier et sa revente aujourd'hui, WebMediaGroup a gagné de l'argent et se félicite probablement de cette sortie par le haut. En outre, toujours selon nos informations, MyFab est le seul actif que cède WebMediaGroup lors de cette opération.

MyFab, un obstacle au développement de Fab.com en France

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Jason Goldberg, cofondateur et PDG de Fab.com © S. de P. Fab.com

Son nouveau propriétaire, Fab.com, avait lancé en septembre 2012 une plateforme marchande européenne. Elle avait cependant dû attendre le 30 avril 2013 pour couvrir la France, notamment parce que MyFab l'empêchait auparavant d'employer le nom "Fab" dans l'Hexagone. Maintenant qu'il a les coudées franches, l'Américain va pouvoir renforcer ses actions de marketing et traduire son portail en français. En outre, il met actuellement en place un centre logistique à Eindhoven, la capitale du design néerlandais, où il emploiera bientôt 450 personnes pour pouvoir expédier les commandes européennes plus rapidement que depuis les Etats-Unis.

Car Fab.com, lancé en 2010 en tant que réseau social gay puis repositionné en 2011 en site de ventes événementielles de design, a encore fait évoluer son business model en 2012 pour devenir un site d'e-commerce en vente continue. "Fab est en quelque sorte devenu une marketplace pour des milliers de designers, expliquait en avril au JDN son fondateur et PDG Jason Goldberg. Nous avons saisi cette opportunité d'élargir notre activité en proposant nos produits tous les jours plutôt que seulement une fois de temps en temps." La transition logistique accompagnant son passage à un fonctionnement full e-commerce lui permet aujourd'hui d'expédier 75% des articles sous 2 heures aux Etats-Unis, modèle qu'il s'attache actuellement à reproduire en Europe.

La France pèsera bientôt 20 à 25% du CA de Fab.com en Europe

L'international représente en effet le premier pôle de croissance de Fab, le Vieux Continent pesant dorénavant plus d'un tiers de ses ventes mensuelles. L'accélération de ses activités mondiales constituait d'ailleurs le premier motif de son plus récent tour de table : 150 millions de dollars levés en juin 2013 qui le valorisaient à 1 milliard de dollars et portaient à 310 millions le total des fonds levés par le marchand depuis sa création. Fab.com revendique 150 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2012 et vise 250 millions cette année, dont 100 millions en Europe. Pour réaliser cet objectif, il attend beaucoup de la France, qui selon Jason Goldberg "devrait bientôt représenter 20% à 25% des ventes de Fab en Europe". L'horizon enfin dégagé, l'e-commerçant américain est désormais en ordre de marche.