Paul Dupuy (The Fancy) "Les marques européennes pourront très bientôt vendre leurs produits sur The Fancy"

Contrairement à Pinterest, The Fancy permet d'acheter les articles épinglés sur le site par les internautes. Son DG France détaille la stratégie européenne du jeune service, déjà soutenu par PPR, American Express, Andreessen Horowitz et Jack Dorsey.

JDN. Tout comme Pinterest, The Fancy n'apporte pas aux e-commerçants un trafic et des ventes aussi tangibles en France qu'aux Etats-Unis. Comment se fait-ce?

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Paul Dupuy, VP France de The Fancy © F.Fauconnier / JDN

Paul Dupuy. Nos volumes sont encore difficiles à quantifier en Europe. Pour l'instant, les marques européennes doivent se contenter de liens vers leur propre site. En Europe, actuellement, seules les marques américaines peuvent vendre sur The Fancy. Cependant, l'Europe pèse 30% de notre audience totale et quasiment autant des ventes de The Fancy, ce qui témoigne donc d'un potentiel très important. Et nous travaillons à l'ouverture très prochaine de la fonctionnalité marketplace pour les marques européennes.

Par ailleurs, il serait impropre de nous comparer à Pinterest, qui fonctionne sur un modèle d'affiliation alors que nous proposons l'achat en direct. Transposé dans le monde physique, Pinterest serait une vitrine vous proposant de vous rendre au bout de la rue à droite pour trouver le marchand commercialisant l'article affiché. Sur la vitrine de The Fancy, il serait au contraire écrit "entrez, c'est ici!", ce qui satisfait bien davantage les consommateurs. Pinterest n'est d'ailleurs vraiment pas sur le même créneau que nous et se spécialise dans le partage d'images, qu'il s'agisse de jolis gâteaux ou de bouquets de fleurs. The Fancy est un grand magasin proposant un environnement de qualité aux marques souhaitant voir figurer leurs produits au milieu de beaux contenus.

Quelle commission The Fancy prend-il sur les ventes générées par ses visiteurs?

Notre commission s'élève à 10%. Un niveau raisonnable, donc, étant donné que nous apportons une audience gratuite. Vis-à-vis des marques, notre valeur réside aussi dans la catégorie socio-professionnelle supérieure voire très supérieure de notre audience, ceci même si beaucoup de produits figurant sur Fancy sont peu onéreux. Tous les trendsetters sont sur Fancy, ce dont les marques sont friandes.

En outre, même si nous assurons de bons volumes de trafic, notre service demeure plus qualitatif que quantitatif. C'est d'ailleurs pour conserver cette optique que le site est d'une neutralité totale : pas de publicité, pas de sponsor, pas de ranking payant des produits... La curation des articles est entièrement naturelle.

La concurrence de nombreux services, français ou étrangers, se lançant sur le créneau de la curation sociale de produits vous inquiète-t-elle?

Absolument pas. Nous sommes les premiers à proposer un tel service, même Pinterest ne le fait toujours pas. Il est difficile de développer une plateforme aussi stable et fiable que la nôtre et un service aux marques aussi complet. A titre d'exemple, nous produisons nous-mêmes des bordereaux de livraison que les marques peuvent imprimer depuis le site. De bout en bout, l'expérience est meilleure sur The Fancy que chez ses concurrents.

Enfin, beaucoup de stars nous utilisent, ce qui nous apporte une véritable traction auprès du public. Nous pouvons aussi compter sur la présence du fondateur de Twitter et de Square, Jack Dorsey, à notre board. Et surtout, notre vision va plus loin. Nous ne nous limitons pas à développer un service de social commerce. Nous voulons forger la meilleure expérience d'achat en ligne possible pour les consommateurs, centrée sur la découverte. Lorsqu'un internaute ne sait pas ce qu'il désire ou doit acheter un cadeau, mieux vaut qu'il aille sur The Fancy que sur Amazon. Notre site est le meilleur endroit pour cela.

Quand les e-marchands européens pourront-ils profiter à plein de The Fancy ?

Nous n'avons plus qu'à trouver un partenaire logistique. Ensuite, comme c'est déjà le cas aux Etats-Unis, les internautes achèteront soit les produits expédiés par les marques elles-mêmes, soit les produits expédiés par The Fancy. Nous avons en effet lancé une box fin septembre sur un modèle d'abonnement mensuel, qui compte à ce jour 6000 abonnés. Elle est commercialisée à 30 dollars par mois, plus 15 dollars pour les frais d'expédition vers l'Europe.

Le créneau des box sur abonnement est pourtant déjà bien encombré. Qu'allez-vous apporter de plus?

Nous avons constaté que beaucoup d'internautes aimaient The Fancy, que leur engagement était excellent et leurs achats conséquents. Or beaucoup de produits assez peu chers se révèlent très populaires sur le site. D'où l'idée d'une box. Elle est d'ailleurs déjà déclinée en plusieurs thématiques : homme, femme, gadgets, maison, sports et loisirs, bureau, animaux domestiques... Et présente l'avantage de comporter non des échantillons, mais de vrais produits.

Paul Dupuy, 23 ans, est vice-président France de The Fancy. Son bac en poche, il crée Actvertising, société distribuant des technologies innovantes de publicité vidéo en ligne, principalement en Asie. Il cofonde ensuite la marque de vêtements Zoo Uniform, puis l'application de productivité pour entreprises Quotiply, qui rassemble et évalue fournisseurs et prestataires. Il rejoint The Fancy en mars 2012 pour représenter la société en France.