Ces noms de domaine que vous ne pourrez jamais enregistrer

En matière de nommage sur Internet, tout n'est pas permis. Pour mieux protéger les Internautes, respecter les normes techniques du Web ou encore se mettre en conformité avec les lois en vigueur, certains noms ne sont jamais proposés à la vente.

Avez vous déjà essayé de déposer Bank.se, ou Nazi.fr, voire Web.info auprès d'un registrar ? C'est tout simplement impossible. Ils font partie de cette liste, plus ou moins occulte laissée à la discrétion des registres, ces organismes qui gèrent les extensions de chaque pays.
 
Ainsi, depuis le 27 août dernier, les quatre lettres du mot BANK sont interdites à l'enregistrement par le registre des noms de domaine de la Suède (.se). Rien à voir avec les scandales qui ont récemment secoués le monde de la finance. Il s'agit simplement pour le régulateur suédois de mettre en conformité les noms de domaine avec une disposition de sa législation interdisant l'utilisation abusive du mot "bank".  Le but est bien sûr de protéger l'internaute contre les faux établissements se réclamant de cette activité et dont la spécialité est d'inonder votre boite au lettre de mails non sollicités vous réclamant, dans l'ordre, votre numéro de compte, votre mot de passe, et plus vite que ça !
 
L'inconvénient bien sûr est qu'il faut maintenant montrer patte blanche pour déposer un nom de domaine contenant le terme interdit. Si votre entreprise se situe sur une (bank- côte) de la Mer Baltique ou près d'une (bank- berge) du lac Mälarene et qu'elle vend des (bank- clavier) d'orgue de barbarie, il va falloir creuser pour trouver un bon nom de domaine. Mais il est vrai qu'en Suède il y a beaucoup de (Bank Holiday - fermetures de banques) pour y réfléchir.
 
Les nouvelles extensions déjà sous contrôle  
Le cas suédois n'est qu'un exemple parmi d'autres de ces termes interdits de réserver sur Internet. La plupart des gestionnaires d'extensions appliquent en effet des règles de protection par défaut pour des termes ne devant pas tomber entre de mauvaises mains.
 
Assez méconnues, ces dispositions permettant de réserver certains noms pour empêcher leur utilisation sont pourtant de puissants outils pour les gestionnaires d'extensions.
 
Ainsi, dans les règles de son programme de lancement des nouvelles extensions génériques (ce programme devrait permettre la création d'extensions comme le .paris), l'Icann a inscrit par défaut une liste de noms réservés. Pour le régulateur du nommage sur Internet, il s'agit là de préserver des noms proches de son activité ou lié à certaines de ses structures internes.
 
On retrouve ainsi dans cette liste des termes "métier" comme "whois" (la base de données des noms de domaine), le préfixe universel du Web "www" ou encore les mots "test" (utilisé par l'Icann pour effectuer des essais fonctionnels sur la structure du système de nommage de l'Internet) ou "example" ("exemple" en anglais). On y trouve également des termes comme "gnso" (structure de l'Icann en charge des extensions génériques), "internic" (le registre historique des noms de domaine) et.... "icann" bien sûr !
 
Par contrat, aucun gestionnaire d'une nouvelle extension ne pourra proposer ces noms à l'enregistrement.
 
Les termes fondamentaux à la française  
Si les noms réservés permettent aux instances de régulation de préserver les termes importants du métier du nommage, ils apportent aussi aux autorités nationales le moyen de transposer leurs lois sur Internet.
 
Ainsi l'Afnic, le registre français, identifie deux types de termes soumis à restrictions, les "interdits" et les "réservés". La première catégorie ne peut être enregistrée, sauf validation exceptionnelle du conseil d'administration. Les mots faisant partie de la deuxième catégorie sont enregistrables sous certaines conditions liées "à l'identité et au droit du demandeur." Les deux catégories forment la liste des "termes fondamentaux" de l'Afnic.
 
On retrouve dans cette liste des termes que le législateur français ne souhaite pas voir abandonnés au premier Internaute venu, comme "nazi" par exemple. Il s'agit aussi de protéger les utilisateurs de la zone Internet française. Vous ne pourrez donc enregistrer en '.fr' des mots comme "viol", "zoophilie", "satan" ou encore "killer", "emeute" ou "arnaque".
 
On le voit, le spectre de l'interdit est large.... L'Afnic protège aussi la plupart des noms de pays dans le monde, un dispositif demandé par les gouvernements à l'Icann dans le cadre des nouveaux TLDs. Sous '.fr', vous ne pouvez donc pas plus déposer Belgique.fr que Vietnam.fr. Il est en effet considéré que ces noms sont la propriété de leurs États respectifs et que eux seuls peuvent en disposer.
 
Ne m'appelez plus jamais France.fr  
Certains y voient une atteinte à la liberté d'expression et de choix. D'ailleurs, toutes les extensions ne sont pas aussi restrictives. Le .com par exemple, autorise des enregistrements comme france.com, appartenant à Jean-Noel Frydman, un "domaineur" qui aurait par ailleurs réussi la vente brillante de Israel.com pour 5,88 millions de dollars.  Comme quoi parfois, avec un nom interdit, on peut quand même faire sauter la BANK.