Google : une menace pour le consommateur dans l’industrie du voyage ?
A l’heure de l’hégémonie annoncée de Google dans l’industrie du voyage suite à l’intégration d’ITA Software et au développement de Google Flights & Google Hotel Finder, le voyageur doit désormais s’interroger profondément sur ses réflexes de consommation.
La recherche de destinations, de bons plans, de meilleurs prix et d’avis qualifiés est aujourd’hui très centralisée. Le voyageur ne prend pas forcément conscience que le moteur de recherche le plus utilisé au monde, classifie, filtre et délivre les résultats de recherche en fonction non pas de l’intérêt du voyageur mais en fonction de son modèle économique.Plus un site de voyage achète de mots clé pour optimiser son référencement, plus il est représenté dans les résultats de recherche des internautes voyageurs.
Le voyage est le secteur le plus important du marché mondial du e-commerce (350 milliards de dollars)[1]. Faut-il laisser le voyageur à la merci de l’algorithme mathématique de Google? Le prix lui aussi peut être manipulé (options incluses ou non incluses) et les voyageurs sont nombreux à en avoir fait l’expérience. Quel est dans ce contexte la pertinence réelle d’un tel modèle ? L’argument mathématique peut-il continuer à rassurer le voyageur quand on voit les dérives des mathématiques appliquées à l’industrie de la finance?
Pourquoi Facebook peut-il jouer un rôle important
dans le voyage ?
Jusqu’ici cantonné à un rôle plutôt ludique, le premier réseau social
mondial, Facebook (800 millions de
membres) vient d’ouvrir sa plateforme à de nombreuses applications verticales
pour en accélérer l’usage “utile”. Les utilisateurs peuvent désormais découvrir
la musique, les vidéos, les plats
cuisinés et les voyages à travers les « partages » de leurs amis, en temps
réel. Autrement dit, l’internaute n’a plus besoin d’aller chercher sur Google sa
prochaine destination ou un bon plan voyage : les amis, qui en général ont
des goûts communs, vont partager avec lui leurs « résultats » et
propositions de voyages.
“Mes amis” plus forts que Google
Un utilisateur de Facebook a en moyenne 130 amis. Si chaque ami voyage en
moyenne 3 fois par an, cela représente 390 voyages avec une probabilité très forte
de couvrir 100% de nos destinations préférées et de nous faire découvrir de
nouvelles destinations susceptibles de nous plaire. Chaque voyage donne lieu à des recherches
pour trouver un vol, un train, un hôtel,
un package, une activité…Et si l’internaute faisait confiance aux résultats de ses amis pour réserver le
même vol, le même hôtel ou le même voyage ? Ces résultats représentent déjà des
milliers de recherches sur le web et le
voyageur peut les pondérer avec les
goûts de ses amis plutôt qu’avec celui de millions de voyageurs anonymes…
Il s’agit donc d’un canal alternatif
à Google. Les voyageurs vont gagner du temps en intégrant des paramètres humains dans leur décision
d’achat tandis que les industriels du
voyage vont économiser des budgets de référencement Google qu’ils pourront
répercuter sur les prix des voyages.
Qui sera le gagnant ?
Le frein évident au développement du web social, c’est la crainte de
l’individu par rapport à l’utilisation qui risque d’être faite de ses données
personnelles, que ce soit par Facebook ou par ses amis… Faut-il partager ou
bien ne pas partager ses voyages ? Faut-il se méfier plus de Facebook et
de ses amis que de Google et de son algorithme ? Facebook, tout comme
Google, doit protéger massivement la
confidentialité des données de ses utilisateurs pour rester plateforme tiers
de confiance. Si le débat est déjà virulent
avec Facebook, il ne faut pas perdre de vue que Google possède déjà la plupart de nos informations personnelles
et confidentielles : mots de passe, documents importants, données
bancaires…
Au final, c’est bien le voyageur qui a le plus à gagner du développement du
social web et du social commerce. Favorisons donc l’innovation dans ce domaine.
[1] Source : PhoCusWright 2011