Quel futur pour le mobile comme moyen de paiement en France ?
Depuis la production du Poctel d’Alcatel en 1987, le premier mobile disponible en France, le téléphone est devenu intelligent. Internet a bouleversé les usages des consommateurs et par ricochet, celui des marketeurs.
Appareil intelligent, le smartphone peut aujourd’hui être
utilisé pour proposer une palette de services variés, dont les limites sont
constamment repoussées. Si l’usage est encore peu répandu, il est maintenant possible
de payer via son mobile. A ce jour, ces utilisations n’en sont qu’au stade
d’expérimentation en France, mais de nombreux pays l’ont déjà adopté. Selon une
étude du GSMA, le Royaume-Uni, les Philippines et les pays d’Afrique de l’Est,
d’où proviennent 80 % des transactions effectuées via un mobile dans le monde,
font figures de précurseurs. Les dernières innovations en la matière ont même
permis de développer le paiement sans contact, basé sur la technologie Near Field Communication ou NFC, déjà présente dans certaines cartes
à puce comme le passe Navigo proposé par la RATP, la SNCF et Optile.
Mais si ce moyen de paiement est déjà utilisé dans de
nombreux pays, plusieurs limites freinent encore son déploiement sur des
marchés comme la France. D’abord, d’un point de vue technique, il subsiste un
réel besoin de standardisation. La démocratisation du paiement mobile requiert un
certain nombre d’éléments nécessaires à la transaction, tels que des
smartphones adaptés (développement des applications, reconnaissance d’images…) ou
des bornes physiques en magasin. Autant d’éléments qui ne sont pas en place à grande échelle pour le moment. De
plus, le développement de la RFID, identification par fréquence radio, sur
laquelle est basée la technologie NFC, n’est pas complètement abouti. Même si
les avancées dans ce domaine ouvrent déjà un champ de possibilités infini.
Ensuite, il existe encore un certain nombre d’insuffisances
du point de vue de la sécurité. C’est d’ailleurs la question centrale autour du
paiement sans contact. Du côté des utilisateurs, il est actuellement difficile
de contrôler et de gérer les informations qui transitent via ce nouveau moyen
de communication. Celles-ci peuvent être interceptées et utilisées à des fins
frauduleuses, dans le cas d’un vol de téléphone par exemple. Ajoutons à cela
les nombreux freins générationnels ou comportementaux auxquels toute nouvelle
technologie doit en général faire face.
Pour les commerçants également, la question de la
sécurité est essentielle : avant d’accepter un tel mode de paiement, ils
doivent être certains que la transaction sera effective, sans risque de
détournement. Et étant les seuls à pouvoir autoriser et valider la transaction,
ils sont à la base même du processus de démocratisation du paiement mobile. Or,
personne ne peut aujourd’hui assurer aux consommateurs ou aux commerçants, que
les paiements sont suffisamment sécurisés sur mobile.
Enfin, se pose la problématique de l’intégration sociale
d’une telle nouveauté sur le marché français. Si on peut comprendre que le
mobile facilite les transactions dans une région comme l’Afrique, où 80 % de la
population ne dispose pas d’un compte en banque, les arguments pour
démocratiser ce mode de paiement en France vont devoir être plus solides. D’autant
que le mobile sera essentiellement perçu comme un appareil supplémentaire pour
se connecter à un système déjà existant et qu’il ne supprimera pas les autres
moyens de paiements courants comme la carte bancaire ou le chéquier.
La première disposition à prendre pour que le marché
s’ouvre pleinement à ce nouvel usage est d’établir un standard international
auquel l’on pourra se référer. Et ce facteur déterminant dans le développement
du paiement mobile à une échelle universelle ne peut être initié et conduit que
par des acteurs spécifiques.
Les banques vont jouer un rôle prépondérant sur le plan
de la sécurisation des données et des transactions. Des sociétés comme Visa,
MasterCard ou Amex seront parmi les premières à se coordonner pour définir les
règles qui feront loi dans le monde entier. De leur côté, les marques devront quant
à elles développer une mécanique de labellisation pour les commerçants et
distributeurs. Ce label devra leur garantir des transactions par-devers des
organismes sécurisés et certifiés.
Du côté des éditeurs de contenus, comme Dismoioù, il va
falloir prendre en considération la valeur ajoutée des technologies comme la
NFC appliquée au paiement mobile. Mais, il va surtout falloir se servir de la
multitude d’information qu’ils possèdent, pour convaincre les utilisateurs de
l’intérêt et du bénéfice offerts par un tel système. Si l’on associe le
paiement mobile aux nombreuses fonctionnalités que proposent déjà les
smartphones (géo-localisation, réseaux sociaux, connexion Internet,
reconnaissance visuelle…), et que l’on arrive à traduire cette association de
manière bénéfique pour le client (opérations spontanées, bons de réductions,
programmes de fidélités, suivi de la consommation…), alors l’on peut imaginer
qu’à termes, le mobile remplace la carte bancaire. Mais il est évident que le
succès de ce mode de paiement ne reposera que sur l’intérêt que les
consommateurs y porteront.
L’enjeu est tel que de nombreux acteurs se positionnent et se positionneront afin de capter ce nouveau service et ce nouveau marché. Naturellement les spécialistes du paiement (AMEX, Visa, Mastercard, Paypal), les banques, mais aussi les opérateurs de plates-formes mobiles (Apple, Google, Microsoft,…), les opérateurs téléphoniques ou les fabricants de terminaux mobiles. N’oublions pas la distribution et la grande distribution, et enfin de nouveaux intervenants venant de différents horizons à l’image de Square ou Groupon.
Le succès du portefeuille mobile repose in fine sur la sécurisation des services proposés aux utilisateurs. La qualité de ces services et le confort qu’ils procureront sont indéniables, et seront sûrement la clé pour un déploiement et une adoption de masse sur le marché français. Reste à savoir quand les conditions d’un tel changement seront réunies, et qui sera en mesure de gagner cette course au développement d’un système fiable, simple et sécurisé. Une course qui ne peut vraisemblablement pas se gagner seul.