Et si vos toilettes vous espionnaient ?
Un groupe de chercheurs issus d'universités américaines et européennes a élaboré l’ultime objet connecté : les « Quantified Toilets ». Ces toilettes intelligents disposent de capteurs qui détectent des informations comme le sexe de la personne, les concentrations d’alcool et de drogues, une grossesse ou encore diverses infections.
C’est lors de
la conférence CHI2014 sur
l’impact des facteurs humains sur les systèmes informatiques et sur les
interactions entre l’homme et la machine, le 1er mai dernier à Toronto,
que les chercheurs ont présenté, site internet à
l’appui, un prototype de toilettes intelligents et connectés.
En utilisant un des
objets les plus rattachés à notre intimité et à notre personne, ces chercheurs
ont voulu mettre en lumière et alerter l’opinion publique sur l’intrusion des
objets connectés dans notre quotidien. À partir de cet objet sorti de leur
imaginaire, on peut apercevoir les dérives de la multiplication de ces objets
connectés.
Les technologies nous
amènent à un point de convergence des données tel qu’elles nous obligent, par
une incitation, une nouveauté et une originalité attractives à
s’autodocumenter. Les objets connectés, nous conduisent à nous plier à une
surveillance acceptée, celle du frigo connecté qui
vous conseille ce que vous devez manger, du capteur pour savoir si votre enfant
est bien rentré de l’école, en passant par l’application
qui compte vos pas dans la journée et celle qui analyse la
qualité de votre sommeil.
Possibilités ou danger
Toutes
ces nouvelles technologies ont pour but d’améliorer notre existence.
Elles
sécurisent quant aux incertitudes, elles améliorent la vision que l’on a de
nous-même et poussent à vouloir être responsable et réaliser les choses de la
bonne façon, pour entrer dans la norme.
Le
risque des objets connectés est justement lié à cette image de normalité qui en
est diffusée. Qu’en serait-il de la personne qui ne disposerait pas des
toilettes connectés ? Elle serait assimilée comme une personne vivant dans
le risque et ne pourrait pas s’affranchir de la culpabilité. Pourtant, la
question de défaillance de technologie se pose. La confiance est telle que l’on
pourrait aller jusqu’à remettre en cause la parole du professionnel de la santé
au profit de celle de la technologie.
Mais
plus étonnant, la question de la non intrusion apparaît surtout dans le cadre
de nos interactions avec l’extérieur. Le danger c’est si un établissement
public que l’on fréquente collecte ce type d’information, si un employeur
cherche à faire un test anti-drogue, si une administration, un assureur, ou
même une fréquentation veut connaître notre état de santé. Mais une fois sortie
de la sphère publique, certains y voient des possibilités
de prévention dans la sphère privée, par la possibilité de détecter une
infection, une carence, une grossesse.
Cette
polémique portée par un objet du quotidien, et dont le but est de créer un buzz,
vise à faire réfléchir sur la tendance grandissante à mettre des données
sensibles et intimes à la disposition de n’importe qui, pouvant avoir des
impacts sur notre sécurité.
Déposer ses données est une forme de consentement à leur
exploitation, le droit ne peut sanctionner qu’une fois le préjudice constaté.
Il appartient aux individus de réfléchir avant de confier leurs données à une
entreprise, de regarder si les avantages sont supérieurs aux risques encourus
et de se demander quelles seraient les conséquences si ces données tombaient
entre de mauvaises mains.