Stéphane Allaire (Objenious) "Nous lançons la première offre française de géolocalisation LoRa sans GPS"

Le PDG d'Objenious présente les dernières avancées de l'opérateur IoT, filiale de Bouygues Telecom. Il s'attend à réaliser un chiffre d'affaires 2017 de deux millions d'euros, soit quatre fois plus qu'en 2016.

Le JDN. Quels sont les principales avancées d'Objenious en 2017 ?

Stéphane Allaire, PDG d'Objenious. © Objenious

Stéphane Allaire. Nous lançons aujourd'hui la première offre tricolore de géolocalisation sans GPS des objets connectés en LoRa, baptisée TDOA pour Time difference of arrival (différence de l'heure d'arrivée en français, ndlr). Nous calculons la position d'un appareil en mesurant le temps que met un message envoyé pour atteindre la ou les antennes qui sont à proximité et dont nous connaissons la position exacte. C'est une technique de triangulation.

Plus il y a d'antennes dans la zone, plus la mesure est rigoureuse. En ville, elle est précise à 50 mètres près. Pour les zones périurbaines et rurales, c'est respectivement 100 et 250 mètres. La TDOA est plus exacte pour des objets fixes que pour ceux qui se déplacent, car nos algorithmes de calcul de position peuvent travailler sur plusieurs messages envoyés par un appareil à la même antenne.

Quels sont vos objectifs commerciaux pour cette offre en 2018 ?

Je ne peux pas vous donner de chiffres précis, mais le marché est important (40% des capteurs IoT auraient des besoins de localisation selon la start-up spécialiste du secteur Abeeway, rachetée par Actility, ndlr). Nombre de nos clients sont intéressés par la TDOA, qui présente de nombreux avantages par rapport au GPS. Car les objets connectés localisés grâce à cette technologie ne consomment pas plus d'énergie qu'avant. Ils se contentent comme d'habitude d'envoyer les données collectées à l'antenne la plus proche, contrairement au GPS très énergivore.

Tous les capteurs LoRa déployés depuis le lancement d'Objenious sont par ailleurs compatibles car la TDOA ne demande pas d'ajout de hardware ni de mise à jour logicielle des objets connectés. Nous avons actualisé le software de notre système de traitement des données et de nos antennes, pour qu'elles horodatent le message avec une précision de 30 nanosecondes. Nous localisons par exemple les conteneurs de notre client Carrefour.

Comment allez-vous monétiser cette offre ?

Le tarif est de trois euros par an et par objet.

En janvier 2017, vous aviez installé 4 000 antennes qui couvraient 84% de l'Hexagone. Avez-vous amélioré votre couverture cette année ?

Légèrement, même si nous avions déjà accompli le gros du travail. Nous avons posé 4 300 antennes, qui couvrent 95% de la population, 86% de notre territoire et plus de 30 000 communes. Nous avons annoncé la semaine dernière un partenariat avec Arteria, la filiale télécom de Réseau de Transport d'Electricité (RTE, ndlr), qui gère des milliers de points hauts en France. Nous allons densifier notre couverture dans les zones rurales grâce à cet accord.

Avez-vous une solution à proposer aux entreprises qui souhaitent bénéficier d'une meilleure couverture dans leurs entrepôts, par exemple ?

La gateway d'Objenious est capable d'envoyer des données à deux kilomètres à la ronde. © Objenious

Oui, c'est notre deuxième grosse avancée de l'année. Nous lançons aujourd'hui une offre de complément de couverture. Pour 990 euros, un industriel qui veut améliorer la qualité de son réseau dans le sous-sol de son usine peut nous acheter une gateway qui émet à deux kilomètres alentour et des abonnements pour une dizaine d'objets connectés. Ce forfait inclut la supervision de l'installation et de l'utilisation de cette petite antenne par nos équipes et sa mise à jour. Le boitier est équipé d'une carte 4G qui permet au hub d'envoyer les données IoT dans le cloud. Le client n'a rien à configurer. Il n'a qu'à brancher la gateway sur une prise électrique et le tour est joué. C'est une bonne alternative pour les compagnies qui hésitent à un installer un réseau IoT privé dans leurs locaux, mais qui veulent bénéficier des avantages du réseau opéré.

Combien de gateway espérez-vous écouler en 2018 ?

Nous en aurons vendu plusieurs centaines d'ici la fin 2017. Je n'ai pas la boule de cristal qui me permettrait de vous donner des chiffres précis pour 2018, mais ce sera un élément porteur pour Objenious, d'autant que nos clients nous en ont acheté au minimum une trentaine chacun pour le moment.

Début 2017 vous totalisiez 40 clients. Où en êtes-vous aujourd'hui ?

"Plus de 80 proof of concept sont en cours et nous avons 30 clients en production, comme Carrefour, Système U, la SNCF et Somfy"

Plus de 80 proof of concept sont en cours et nous avons 30 clients en production, comme Carrefour. Nous travaillons aussi à grande échelle avec la SNCF, qui pose entre autre des capteurs sur ses escaliers mécaniques pour être immédiatement informée en cas de panne, et avec le spécialiste de la domotique Somfy qui utilise LoRa comme back-up pour ses alarmes en cas de panne des réseaux télécoms traditionnels. Plusieurs de ces entreprises ont installé plus de 3 000 objets connectés. Au total quelques dizaines de milliers de capteurs ont été déployés cette année. Un chiffre qui devrait passer à quelques centaines de milliers l'année prochaine. Notre chiffre d'affaires 2017 devrait atteindre les deux millions d'euros, soit quatre fois plus qu'en 2016.

Certains de vos prospects expriment-ils des besoins qui ne sont pas couverts par le réseau LoRa ? Réfléchissez-vous à compléter votre offre avec de nouveaux types de réseau IoT qui pourraient y répondre ?

Certaines entreprises voudraient disposer d'un réseau IoT permettant de faire circuler plus de données, plus vite. Nous nous intéressons donc de près à la technologie du LTE M, qui pourrait être un complément parfait à notre réseau bas débit LoRa. C'est une évolution de la 4G qui ne demande qu'une mise à jour logicielle des antennes cellulaires.

Sigfox a publié en septembre 2017 les plans d'un capteur low-cost à 20 centimes compatible avec son réseau, espérant que les fabricants allaient s'en saisir et faire décoller l'utilisation de l'IoT. Vous intéressez-vous à cette problématique ?

Absolument. La baisse des coûts de production est une donnée essentielle. Nous travaillons en ce moment sur le développement de tags éphémères avec plusieurs industriels du monde des microprocesseurs, comme STMicroelectronics et Semtech. Nous collaborons également avec de multiples opérateurs à l'international pour que ces puces soient produites dans de très gros volumes pour bénéficier d'un maximum d'économies d'échelle.