Christophe Chausson (Chausson Finance) "Les fonds d'investissement vont connaître une raréfaction de leurs capitaux"

Accusant des difficultés à lever des fonds, les start-up se retrouvent face à des investisseurs qui voient leurs capitaux diminuer. Les prémices d'une transformation de l'écosystème du capital risque ?

Quel est l'intérêt pour une start-up de recourir à un leveur de fonds ?

Nous sommes aux capitaux ce que les chasseurs de tête sont aux dirigeants. Un entrepreneur peut chercher à lever des fonds seul, mais passer par un leveur réduira de 50 % la durée qui est consacrée à une levée, et augmentera également ses chances. Nous les conseillons afin de les aider à cibler des investisseurs à forte valeur ajoutée, à savoir ceux leur apporteront un réseau. L'idée est aussi de les accompagner dans la maximisation de la valorisation de leur start-up, à travers la négociation des conditions du pacte d'actionnaire. Une fois que nous avons décidé d'accompagner une société, nous l'aidons à retravailler son business plan et ses chiffres prévisionnels. Les entrepreneurs se focalisent souvent sur leurs charges. En réalité, il faut insister sur le potentiel du marché qu'ils ciblent et leur possibilité de prendre des parts de marché.


Il semble de plus en plus difficile de lever des fonds. Les investisseurs sont-ils en manque de capitaux ?

Depuis deux ans, 60 % des montants investis en France le sont par les FCPI et les FIP, et 40 % par les FCPR. Dans le cas des FCPI et FIP, à force de coups de rabots successifs sur l'avantage fiscal, les souscripteurs risquent de s'en désintéresser. La collecte a déjà quasiment baissé d'environ 30 % entre 2008 et 2010. Du côté des FCPR, il va aussi y avoir une raréfaction d'argent, ce qui hypothétiquement pourrait entraîner des fusions d'équipes de gestion. Aujourd'hui, quand ces derniers arrivent à collecter des capitaux, c'est le plus souvent sur des montants inférieurs que lors de leurs précédentes collectes.
Par conséquent, nous allons rentrer dans une période de resserrement des capitaux disponibles. Mécaniquement, ces manques vont faire remonter les taux de retour sur investissement des fonds. Cela s'explique parce que les start-up auront plus de mal à lever et du coup, les dossiers sélectionnés le seront à des valorisations plus basses.


Mais il existe d'autres types d'investisseurs...

Le capital risque ne se résume pas uniquement aux fonds d'investissements traditionnels. Il y a aussi des grands groupes qui rachètent ou investissent dans des start-up et des investisseurs privés. Bien que moins organisés, ces derniers mettent des tickets de plus en plus élevés. On a pu voir ce phénomène dans le cas de la levée du site de rencontres AttractiveWorld. Par ailleurs dans l'early stage, la place est laissée de plus en plus vacante par les VC traditionnels mais elle est de plus en plus comblée par les fonds d'entrepreneurs qui prennent une place majoritaire à cette étape du cycle d'investissement. On remarque ensuite que dans un mouvement de balancier inverse, les VC ont décidé de créer à nouveau des petites poches d'investissements rapides dédiées à l'amorçage. C'est ce qu'ont par exemple fait Alven Capital, 360 Capital Partners, XAnge ou encore Seventure.

Dans quel secteur de l'e-business faut-il donc créer sa start-up pour augmenter ses chances ?

Le vrai secteur d'actualité est le web-to-store. Ce sont des sites ou des applications mobiles qui sont là pour drainer du trafic depuis Internet vers les espaces de vente physiques, que ce soit via des procédés de géolocalisation ou non. Les investisseurs portent aussi beaucoup d'attention à la vente de lead, comme le fait par exemple Marketshot avec Choisir-sa-voiture.com, qui permet d'aller comparer les caractéristiques d'un produit et d'aller l'essayer chez le concessionnaire d'à côté. C'est un marché en pleine expansion.

En début de carrière, Christophe Chausson a travaillé dans la publicité, chez RSCG puis chez Publicis. Il a ensuite été directeur associé dans les sociétés de capital-risque Profinance et Groupe 23. En 1992, il fonde Chausson Finance, qui accompagne les sociétés à lever des fonds auprès des acteurs du capital-risque et du capital-développement. Il revendique plus de 500 millions levés au total. Christophe Chausson est par ailleurs un investisseur privé avec plus de 80 prises de participation à son actif, dans des sociétés telles que Photoways, Viadeo, Sarenza, Delamaison, Corevalve, Talend, Ventealapropriété, Efficity, Notrefamille, Feedbooks, Santevet, NetCentrex, etc. Il siège au Conseil d'administration de plusieurs d'entres elles.