Crise financière : quel impact pour le secteur IT ? L'inquiétude gagne la Silicon Valley

"La crise va être longue et pénible, alors restez calmes, focalisez-vous sur votre rentabilité et réduisez au maximum les dépenses inutiles". Tels sont en substance les quelques conseils donnés ces derniers jours par les fonds Sequoia Capital (Google, Youtube, etc.) et Benchmark Capital (AOL, eBay, etc.) aux start-ups de leur portefeuille. Si la crise financière américaine a jusqu'à présent épargné la Silicon Valley, les avertissements de ces deux capital-risqueurs démontrent que l'inquiétude s'étend désormais aussi au secteur high-tech.
Les start-ups risquent à plus ou moins long terme de se trouver à court de financement. Les capiral-risqueurs peinent en effet à lever des fonds et les opportunités de fusion ou d'acquisition se raréfient. Le marché des introductions en bourse ne se porte pas mieux : une seule entreprise financée par le capital-risque est entrée en bourse au troisième trimestre 2008, selon Dow Jones VentureSource. Sur la même période, fusions, acquisitions et IPO de start-ups n'ont rapporté que 4,6 milliards de dollars à leurs investisseurs, soit deux tiers de moins qu'en 2007.

Les pertes des sociétés américaines cotées
EntrepriseValorisation au 09/10Perte sur 10 joursPerte sur 2008
Source : Journal du Net
Google111,6 milliards de dollars- 13,7 %- 52 %
AT&T135,5 milliards de dollars- 17,1 %- 44 %
Microsoft201,9 milliards de dollars- 10,8 %- 36,7 %
Comcast47,4 milliards de dollars- 9,4 %- 7,9 %
Amazon23,9 milliards de dollars- 11,6 %- 41,8 %

Les acteurs importants ne sont pas non plus épargnés. Le relâchement de la demande des consommateurs les pousse à agir avec précaution. eBay vient ainsi d'annoncer une réduction de 10 % de sa masse salariale, Hewlett-Packard table sur le licenciement de plus de 24 000 employés. De son côté, Microsoft va revoir à la baisse ses prévisions de recrutement pour 2008-2009. Même Google voit la progression de son chiffre d'affaires (à 99 % issu de la publicité) s'essouffler : + 39 % au second trimestre sur un an, contre + 59 % en 2007.
Dans ce contexte, les capital-risqueurs ne cachent plus à leurs jeunes pousses que leurs chances de survie se mesureront à l'aune des économies qu'elles parviendront à réaliser. Ils préviennent d'ailleurs que si la cause de la crise actuelle est différente de celle de la bulle du début des années 2000, les conséquences seront les mêmes : seules les start-ups qui parviendront à s'adapter survivront.