Laurent Lathieyre (CEO de Capptain) "Capptain est le chaînon manquant entre un éditeur d'application mobile et ses utilisateurs finaux"

Après avoir levé des fonds en Russie, la plateforme française de services mobiles Capptain s'exporte à l'international. Son cofondateur présente ses projets.

Pouvez-vous nous présenter Capptain ?

Capptain est une plateforme de services destinée aux acteurs des écosystèmes Web et mobile. Cette plateforme se veut le chaînon manquant entre l'éditeur d'une application mobile et ses utilisateurs finaux. Concrètement, nos clients vont l'utiliser dans plusieurs cas. D'abord lors de la phase de lancement d'une application afin de détecter, en temps réel, les éventuels bugs ou crashs. Ensuite dans le cadre d'actions de communication comme par exemple le lancement d'une campagne de fidélisation ou de bienvenue, avec notre solution d'analytics et d'envoi de push sur mobile.

Il nous a fallu près de deux années de R&D pour développer notre service, qui a vu le jour en 2008. La société a des bureaux à Paris, où nous avons installé notre pôle management et commercial, ainsi qu'à Rennes, où est basé notre pôle technique. Nous avons également un bureau à San Francisco et un autre à Shanghai. Nous comptons au total 12 collaborateurs.

Comment une marque peut-elle utiliser Capptain ?

Notre système de gestion de campagne permet de lancer des actions de communication très ciblées. Par exemple, un marketeur va pouvoir lancer une campagne de push en qualifiant son audience de manière très précise : il définira sa cible avec des critères tels que la version de l'application installée, le type de terminal utilisé, le mode et le lieu de connexion de l'utilisateur, etc. Une marque peut ainsi utiliser notre plateforme pour demander des feedbacks à ses utilisateurs ou encore lancer des campagnes sur une audience limitée. Cela peut s'avérer très utile pour comparer différentes campagnes entre elles et pour ensuite étendre à plus grande échelle celles qui auront obtenu les meilleurs résultats.

Sur quels types de supports êtes-vous présent ?

Capptain fonctionne sur tous types de supports : Web, mobile ou encore TV connectée. Nous pourrons facilement transposer notre offre sur n'importe quel type de canal connecté, par exemple sur une console de jeux ou un système automobile embarqué.

Qui sont vos clients ?

Nous comptons aujourd'hui près de 500 clients, dont une cinquantaine de grands comptes. Nos clients viennent de différents secteurs et peuvent être également des prestataires de service, de type SSII, qui utilisent nos API pour intégrer notre solution au sein des interfaces qu'ils développent. Je peux vous citer également l'exemple des éditeurs de jeux mobiles, qui utilisent Capptain pour améliorer leurs taux de conversion du free vers le premium.

Quel est votre business model ?

Nous nous rémunérons via un système d'abonnement mensuel. Notre offre s'étend de 19 à 249 euros avec, comme élément de référence, le nombre d'utilisateurs de l'application. A noter que jusqu'à 100 utilisateurs, la solution est gratuite.

Quels sont vos concurrents en France ou à l'international ?

Sur la partie analytics, Google Analytics ou Flurry sont des acteurs connus. A l'autre bout du spectre, sur la partie purement push, se trouvent des acteurs comme Urban AirShip. Néanmoins, nous sommes à ma connaissance les seuls à intégrer ces deux aspects, à savoir l'utilisation de la connaissance client au service de l'action.

Vous avez récemment levé 1,3 million d'euros auprès d'un fond d'investissement russe. Comment s'est déroulé ce tour de table ?

Un de nos gros clients russes nous a introduit auprès de Runa Capital. Nous nous sommes rendus à Moscou et, après une première rencontre avec l'équipe,  le courant est immédiatement passé. Il s'agit en effet, comme nous, d'entrepreneurs, ce qui nous a permis de nous comprendre et de parler le même langage. Les choses sont allées vraiment vite puisqu'en 72 heures leur décision était prise.  

A quoi va servir cet argent et quels sont vos objectifs désormais ?

Les fonds récoltés vont surtout nous permettre de poursuivre le développement de la plateforme et de nous développer à l'international, notamment en Europe. Nous prévoyons d'ailleurs trois ouvertures de bureaux, dont une à Moscou. Nous rentrons désormais dans une phase d'essor commercial et cet argent va nous permettre de réaliser les recrutements nécessaires à ce développement. D'ailleurs, trois nouvelles embauches ont été effectuées ces deux dernières semaines. 

Pensez-vous que le monde du Web traditionnel est en train d'évoluer vers un système applicatif, similaire au modèle que l'on rencontre dans le mobile et les tablettes ?

Nos habitudes de consommation mobile sont clairement en train d'influencer la manière dont nous consommons du contenu sur le Web traditionnel. On le voit notamment avec l'apparition de stores sur le Web, comme le Chrome Web Store. Cette manière de packager du contenu et de le distribuer via des stores est quelque chose qui devrait continuer à se développer. Un autre élément est celui des notifications push, auxquelles nous sommes aujourd'hui habitués grâce aux smartphones et qui devraient également apparaître de plus en plus sur le Web. Il existe aujourd'hui une réelle convergence entre les différents types de terminaux connectés et nous pensons qu'HTML5 pourrait bien devenir un dénominateur commun entre tous ces devices.

Combinant une formation en informatique (BSc) et marketing/management (MBA) Laurent Lathieyre a travaillé pour l'éditeur Borland en Europe de l'Est et au Moyen-Orient avant de se consacrer à ses propres projets. En 1995 il cofonde Wcube, une agence de communication interactive qui sera plus tard intégrée au groupe Publicis. De 2001 à 2003 il se consacre à Toodoo avant de cofonder, en 2008, Ubikod, la société éditrice de la plateforme Capptain.