Le Français Ogury lève 15 millions de dollars pour attaquer le marché US

Le Français Ogury lève 15 millions de dollars pour attaquer le marché US Le spécialiste du ciblage publicitaire mobile veut marcher sur les traces de Criteo et muscler la plateforme qu'il propose aux agences et annonceurs.

La plateforme française spécialisée dans le ciblage publicitaire sur mobile, Ogury, vient de réaliser une levée de près de 15 millions de dollars menée par Idinvest Partners et abondée par les investisseurs historiques, Ventech, Covent Partners et ACG. Créé il y a à peine deux ans par Jean Canzoneri et Thomas Pasquet (également fondateurs de BeeAd qu'ils ont revendu à Teads), Ogury propose aux annonceurs des solutions publicitaires leur permettant d'accéder aux données comportementales de près de 250 millions de mobinautes.

La société s'appuie sur un kit de développement (SDK) qu'elle installe au sein des 10 000 applications des éditeurs qui lui ont fait confiance pour optimiser la commercialisation de leur inventaire. "Nous leur communiquons les données de navigation et de téléchargements des utilisateurs qui ont répondu positivement à l'opt-in leur demandant s'ils sont prêts à partager de la data pour être exposés à des publicités plus pertinentes", nous explique Jean Canzoneri. La data récoltée et le profilage qui en résulte permettent aux éditeurs d'augmenter leur CPM de 20 à 30%, selon la société. "Vendre plus cher certains emplacements peut leur permettre de diminuer la pression publicitaire sur le mobinaute. Ce n''est pas un luxe tandis que les adblockers n'ont jamais été aussi populaires", note Jean Canzoneri. 

60 à 70% des mobinautes acceptent de partager leurs données de navigation

Le taux d'opt-in utilisateur oscille entre 60 et 70% selon les partenaires. Si la demande ne se fait pour l'instant qu'une seule fois dans la vie du mobinaute, Ogury ne s'interdit pas de proposer son message une deuxième fois, dans les mois qui viennent. "Nous sommes en phase de test et les retours sont plutôt bons chez ceux qui avaient refusé une première fois et changent d'avis après quelques semaines de publicités pas vraiment adaptées", justifie Jean Canzoneri. 

Le business model lorgne lui clairement du côté de Criteo, la pépite française à laquelle Ogury est souvent comparé. "Nous achetons au CPM et revendons les campagnes publicitaires aux annonceurs au CPC, à l'installation ou à la vidéo vue", concède Jean Canzoneri. Une formule qui a permis à Ogury d'être rentable "depuis quasiment la première année".

Le cross-device et les US dans le viseur

L'argent levé doit toutefois lui permettre de passer la surmultipliée. Ogury, qui affirme avoir à ce jour travaillé avec plus de 200 marques dans le cadre de 5 000 campagnes déployées au sein de 80 pays, emploie désormais plus de 100 personnes. "Notre solution sera bientôt accessible directement aux agences et annonceurs qui veulent faire eux-mêmes le profilage", précise Jean Canzoneri. Et conscient que les annonceurs privilégieront à terme les solutions "cross-devices", le duo planche sur une solution qui lui permettra également d'optimiser la data récoltée sur desktop.

C'est aussi du côté des Etats-Unis que Ogury regarde désormais. Thomas Pasquet a rejoint la Grosse Pomme il y a à peine quelques jours. Installé dans les locaux de French Founders, il s'affaire au recrutement de nouveaux collaborateurs et à trouver des bureaux. Le Français espère y bousculer l'offre du géant Facebook au moment de pitcher les agences et annonceurs en recherche de spécialistes du ciblage mobile. Les annonceur pourront ainsi venir piocher dans la data d'Ogury pour identifier, par exemple, les utilisateurs qui visitent l'application d'un concurrent.

"Un moyen de faire de l'acquisition de nouveaux clients de manière intelligente", note Jean Canzoneri. La société qui devrait réaliser près de 35 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2015 vise le cap des 50 millions d'euros l'année prochaine. "Et pourquoi pas près d'1 milliard d'utilisateurs fin 2017", espère Jean Canzoneri. De quoi devenir une alternative plus que crédible à Facebook.