Julien Bagnol (Supamonks) Internet est un laboratoire où l'on prend des risques comme la télévision en prendra rarement

Avec une petite structure, le studio de création publicitaire Supamonks s'est spécialisé dans la création audiovisuelle sur le Web. Plusieurs de ses films ont déjà été adaptés à la télévision.

 

Comment fonctionne le studio ?   

Julien Bagnol. Le studio Supamonks a été créé en 2007 par cinq associés qui travaillent ensemble à la création audiovisuelle pour la télévision et Internet. L'agence comporte 5 personnes. Nous avons débuté notre activité en tant que réalisateurs, c'est-à-dire un maillon de la chaîne de création.

Puis, au fur et à mesure, des clients nous ont contactés en direct après avoir vu des créations qui ont fait pas mal de bruit sur le Web. Je pense à Supermoine, un clip Web tout en animation que nous avons réalisé il y a cinq ans, avant de monter le studio. Il a enregistré cinq millions de visualisations depuis. Plus récemment, nous avons entièrement conçu un film pour la marque Tic Tac de Ferrero qui, du Web, a été adapté pour la télévision.

Aujourd'hui, la moitié de notre activité se fait directement auprès des annonceurs. Nous mettons nos compétences et notre outil de création audiovisuelle à leur disposition leur permettant de contrôler la chaîne de production d'un bout à l'autre.

Parallèlement, nous apprécions le fait de travailler avec les agences et nourrir ainsi un débat d'idées et de création. Cela nous apporte de l'expérience pour ensuite travailler directement avec les annonceurs.

Quelle est la part du Web dans votre activité ?

Elle est très importante. A l'instar de la publicité pour Tic Tac, les films que nous créons sont d'abord lancés sur le Web et rebondissent ensuite sur d'autres médias. 

"En trois mois, nous avons réalisé un chiffre d'affaires équivalent à celui de l'année 2008"

Comment se comportent les annonceurs actuellement ? 

Grâce à Internet, nous recevons de plus en plus de demandes qui incluent toute la chaîne de production et ses différents métiers.

Avez-vous d'autres exemples de films créés pour le Web et diffusés en télévision ?

Oui. "Fight for kisses" pour Wilkinson et "Break ultime", le film d'animation réalisé l'année dernière pour Kit kat, sont de beaux exemples. Ils témoignent du niveau de qualité qu'atteint la création Internet aujourd'hui, qui plus est avec le haut débit. Ce type de création représente une activité de niche qui a de l'avenir dans le sens où les annonceurs sont prêts à prendre des risques créatifs sur Internet mais pas en télévision. Et, au final, c'est une belle récompense pour un studio de voir ses créations Web adaptées en télévision.

Quelles sont les contraintes générées par l'adaptation d'une création Web à un support comme la télévision ?

La qualité de l'image d'un film est généralement moyenne pour le Web c'est pourquoi mieux vaut détecter le plus tôt possible ce que les annonceurs veulent faire de leurs créations publicitaires. Chez Supamonks, nous avons pris le parti de donner dès le début la meilleure qualité possible à l'image. A partir de là, l'adaptation du film coûte moins cher que s'il fallait en refaire un nouveau. Le coût principal réside dans le paiement des droits de diffusion qui varient entre le Web et la télévision.

"Supamonks intègre tous les corps de métier de l'audiovisuel ce qui permet de faire baisser les coûts"

Quel est pour vous l'impact de la crise ?

Nous la vivons plutôt bien ! Depuis que nous avons installé le studio à Montreuil en juillet 2008, notre activité s'intensifie. Et rien que pour les trois premiers mois de l'année 2009, nous avons réalisé un chiffre d'affaires équivalent à celui de l'année 2008.

D'un côté, il y a les annonceurs qui rationalisent leurs dépenses. De l'autre, Supamonks intègre tous les corps de métier ce qui permet de faire baisser les coûts mais offre également à nos clients un interlocuteur unique. C'est plus simple et cela présente un gain de temps. Même s'il faut prendre en compte le fait qu'une grande majorité des gens persiste encore à respecter la hiérarchie de réalisation audiovisuelle traditionnelle, avec plusieurs interlocuteurs.

Que pensez-vous de la création sur Internet ?

Il faut fouiller car il y a énormément de choses, beaucoup de déchets, mais quelques pépites parfois. Internet est surtout un laboratoire où l'on prend des risques comme la télévision en prendra rarement.

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez en ce moment ?

Le studio poursuit sa collaboration avec Ferrero pour la marque Tic Tac et d'autres films sont prévus, mais je ne peux pas vous en dire plus. Nous travaillons également avec l'agence Machination [Ndlr : devenue récemment Makheia Corporate] pour le compte d'un annonceur dans le secteur des transports.

Quels sont vos projets de développement vis-à-vis du studio ?

Tout d'abord nous souhaitons rester indépendant pour le moment, de tout manière la structure est encore trop jeune pour songer à autre chose. Début 2010, nous avons pour objectif de grossir un peu. Nous sommes cinq actuellement et nous voudrions doubler l'effectif. Surtout, nous voulons garder une taille humaine et éviter ainsi l'augmentation des frais de structure et le coût de fonctionnement. Ce serait moins attractif pour les clients, moins stimulant pour l'équipe en matière d'ambiance de travail et de création.