Franck Bouétard (Ericsson) "Le coût pour déployer des réseaux IoT basés sur le GSM ou la 3G est faible"

Pas la peine pour les opérateurs de déployer de nouvelles antennes, ils n'ont qu'à mettre à jour les logiciels de commande de leurs installations, estime le PDG d'Ericsson France.

JDN. LoRa, Sigfox, LTE-M, NB-IoT… La liste des réseaux de communication qui s'attaquent au marché en plein boom de l'IoT est longue. Lesquels ont selon vous de l'avenir ?

Franck Bouétard, PDG d'Ericsson France. © Ericsson

Franck Bouétard. Une bonne partie des objets connectés communiqueront via les anciens réseaux mobiles comme le GSM ou la 3G, dont l'infrastructure existe déjà. Pas besoin de nouvelles antennes, il leur suffira de mettre leurs logiciels de commande à jour. Le coût du déploiement de ces "nouveaux réseaux" pas si nouveaux que cela est donc faible pour adresser un nouveau marché en forte croissance. C'est attirant pour les acteurs traditionnels du monde de la téléphonie.

Concrètement, dans quelles technologies l'équipementier télécom Ericsson investit-il ?

Nous investissons chaque année 14% de notre chiffre d'affaires en R&D, soit 3,5 milliards de dollars en 2015. Ces fonds sont en partie utilisés pour développer des équipements répondant à ces nouveaux besoins IoT dans la 2G, la 3G… afin que les opérateurs clients d'Ericsson puissent les implémenter le plus vite possible sur leur réseau et développer rapidement des offres dédiées aux objets connectés.

Nous leur proposons déjà d'installer la technologie narrowband IoT, dédiée à l'Internet des objets. Elle peut être déployée sur leurs réseaux GSM et LTE (une évolution de la 3G). Nos clients peuvent également utiliser leurs réseaux LTE pour installer la technologie LTE M (machine to machine).

Nous avons aussi testé début 2016 avec Orange en France la technologie extended coverage GSM. Sa portée est sept fois supérieure à la couverture réseau GSM traditionnelle, mais à plus bas débit. Ces trois technologies peuvent facilement être déployées à bas coût à l'échelle nationale par les opérateurs en actualisant leurs logiciels.

"Les technologies sur lesquelles Ericsson se concentre sont déjà standardisées"

Orange effectue des tests avec vous pour mettre à jour ses anciens réseaux mobiles. Mais le groupe affirme vouloir déployer en parallèle un réseau LoRa dédié à l'IoT d'ici fin 2016. N'est-ce pas contradictoire ?

Les offres de LoRa et de Sigfox s'adressent à un certain segment de marché : celui des objets connectés qui n'émettent qu'une très faible quantité de données. Les réseaux mobiles que nous retravaillons pour les adapter à l'IoT seront capables de transférer un nombre plus important d'informations. Ils permettront de gérer des appareils intelligents plus évolués que de simples capteurs qui émettent un bit toutes les cinq minutes pour signaler qu'ils sont bien en fonctionnement, comme des caméras de surveillance par exemple.

Par ailleurs, les données qui transitent via Sigfox ou LoRa sont émises sur des bandes de fréquences publiques (les bandes ISM). Leur transmission n'est donc pas sécurisée à 100% (risques de coupures, de brouillage de certains messages, NDLR). Il n'y a pas de problème de ce type avec les informations qui circuleront sur les bandes de fréquences privées des opérateurs, sauf en cas de coupure réseau majeure, bien entendu. 

Même s'il existe deux segments de marché distincts, adressés par différents types de réseaux IoT, l'offre est toujours pléthorique. Comment les entreprises qui produisent des objets connectés peuvent-elles s'y retrouver ?

Les développeurs IoT ne peuvent installer sur leurs objets connectés plusieurs solutions de connectivité, cela serait trop énergivore. Pour les guider, la 3GPP, un organisme de standardisation spécialisé dans les télécommunications, travaille sur des standards. L'objectif est de permettre à terme à ces appareils de communiquer les uns avec les autres. Les technologies sur lesquelles Ericsson se concentre sont déjà standardisées ou sur la voie de l'être.

Le standard de l'extended coverage GSM a par exemple été validé en 2015. Les membres de la 3GPP se sont également mis d'accord sur la normalisation des technologies LTE-M et NB IoT il y a quelques semaines. Il faut maintenant que les fabricants se saisissent de ces technologies et les intègrent à leurs appareils intelligents, là où c'est pertinent en fonction de leurs spécificités. Qualcomm, Intel et Sequans travaillent sur des puces dédiées, qui pourront prochainement être intégrées aux objets connectés.