Pourquoi la fusion SFR-Numericable est une bonne nouvelle

Pourquoi la fusion SFR-Numericable est une bonne nouvelle Confirmée ce week-end, cette fusion est une bonne nouvelle pour SFR, pour les consommateurs, pour Xavier Niel, pour Bouygues Telecom et même pour Vivendi !

Le conseil d'administration de Vivendi en a décidé samedi : l'opérateur SFR sera vendu à Numericable pour 13,5 milliards d'euros en cash. Un complément de prix de 750 millions d'euros sera également versé si la capacité de remboursement de la nouvelle entité dépasse 2 milliards d'euros par an. Enfin, Vivendi conserve 20% du capital du nouvel opérateur.

Une bonne nouvelle pour SFR 

Certes la fusion avec Numericable ne sera pas de tout repos pour l'opérateur. Patrick Drahi, propriétaire du nouvel ensemble, a une réputation de coupeur de coûts... et de têtes. Mais le nouvel ensemble sera opérationnel rapidement. En cas de fusion avec Bouygues, nul doute que le même Drahi aurait porté l'affaire devant la Commission européenne de la concurrence. Des mois de procédure qui auraient ralenti SFR alors que ce qui manque à l"opérateur est justement du temps. Il doit aller vite pour restructurer ses offres, simplifier ses gammes, construire ses éléments de différenciation. La vente à Numericable va donc permettre d'agir rapidement.

Une bonne nouvelle pour le consommateur

Numericable n'a jamais été un acteur important dans le mobile puisqu'il s'est contenté de devenir opérateur virtuel (MVNO). Sa fusion avec SFR n'entraîne donc pas la disparition d'un opérateur, ce qui aurait été le cas si Bouygues avait repris SFR : il serait resté Orange, Free et Bouygues-SFR. C'est donc bien 4 opérateurs qui se disputeront les faveurs des consommateurs français, n'en déplaise à Arnaud Montebourg, le premier ministre de l'Economie qui n'occupe pas le bureau le plus élevé de Bercy, qui pourfendait encore les "excès de concurrence". Les prix ne devraient donc pas remonter à la faveur de telle ou telle rupture technologique. Mieux : Numericable devrait se lancer véritablement dans le marché du quadruple play (mobile, internet, fixe, télévision) et proposer lui aussi des offres à prix cassé.

Une bonne nouvelle pour Xavier Niel

Xavier Niel l'a échappé belle ! Si Bouygues avait racheté SFR, il aurait cédé environ 15000 de ses antennes à Iliad, la maison mère de Free Mobile pour 1,8 milliard d'euros. Bien sûr cela aurait largement aidé Free Mobile qui ne compte aujourd'hui qu'un peu plus de 2700 antennes. Mais cela aurait donné de l'eau au moulin de ses concurrents qui prétendent que Xavier Niel n'est pas capable de monter un réseau. Il faut dire que dans l'ADSL, son réseau est vertement critiqué par l'UFC-Que Choisir ou par des administrateurs réseau qui en déplorent l'interconnectivité. Et dans la fibre, il avait promis 4 millions de foyers éligibles qu'il n'a jamais atteint. En ne récupérant pas le réseau de Bouygues, Iliad va pouvoir montrer qu'il sait construire un réseau et qu'il n'est pas seulement un coucou qui s'installe dans les réseaux des autres.

Une bonne nouvelle pour Stéphane Richard et Orange

Si Free ne rachète pas le réseau de Bouygues, il devra continuer à payer Orange pour lui emprunter le sien. Une somme rondelette (500 millions d'euros en 2012, plus de 700 millions en 2013 selon Les Echos) qui permet également à Orange d'arrondir ses fins de mois alors que son chiffre d'affaires en France a reculé de 4,8% au dernier trimestre 2013. Orange, dont la politique commerciale sur le mobile et sur le fixe consiste à s'aligner sur les offres de ses concurrents en y ajoutant un "premium" de 5 euros et dont les innovations produit ont été peu nombreuses en 2013, voit donc tout son intérêt dans l'opération.

Une bonne nouvelle pour les actionnaires de Vivendi 

4 avril 2011 : Vivendi rachète la part de Vodafone dans SFR en valorisant l'opérateur 18 milliards d'euros quelques mois avant le lancement (attendu) de Free Mobile. Trois ans plus tard, le 5 avril 2014, Vivendi revend SFR à Numericable sur une valorisation de 17 milliards d'euros. Soit une perte de un milliard d'euros en 3 ans. Mais cela aurait pu être pire ! Surtout, comme Vivendi conserve 20% du nouvel ensemble, il pourra peut être se refaire. Et que les investisseurs se rassurent : cela libérera aussi l'attention du conseil d'administration et cela lui permettra de se focaliser sur Canal+. Car en octobre 2013, Vivendi a racheté les 20% de Lagardère dans la chaîne cryptée, la valorisant 5,1 milliards d'euros ... juste avant l'arrivée en France de Netflix qui promet de casser les prix de la vidéo on-demand. Bis repetita ? 

Une bonne nouvelle pour Numericable

Canal+ n'est pas la seule entreprise menacée par l'arrivée de Netflix et le développement de l'OTT (over the top, services proposés en utilisant les infrastructures d'un autre acteur, la plupart du temps un opérateur télécoms), Numericable l'est tout autant. Considérée comme l'offre la plus qualitative de TV sur IP (grâce aux débits permis par le câble), Numericable va voir arriver un acteur qui risque de lui grignoter l'un de ses services les plus rentables : la vidéo on-demand. En reprenant SFR, il va pouvoir se développer sur d'autres secteurs.

 

Une bonne nouvelle pour Martin Bouygues 

Bouygues Télécom disposait du plus grand réseau 4G. L'opérateur a passé les 6 derniers mois à le répéter. Et voila qu'il était prêt à se débarrasser de ce bijou pour reprendre le réseau SFR qui arrivait même derrière Orange en terme de couverture ? Cela n'arrivera donc pas. Et permettra à Martin Bouygues de se reposer la question de ses investissements dans le mobile. Boudé alors qu'il avait coalisé tout l'establishment (de Pinault à la CDC) autour de son offre, Martin Bouygues va-t-il décider de jeter l'éponge ? Seul problème : peu d'acheteurs seraient intéressés par son opérateur. Mis à part Free mais ce dernier a intérêt à jouer la montre. Plus le temps passe, plus les résultats de Bouygues Télécom pourraient être mauvais.