Le saumon OGM, un aperçu de l'alimentation du futur Animaux génétiquement modifiés, bientôt la déferlante ?

Le saumon AquAdvantage n'est pas le premier animal génétiquement modifié approuvé par la FDA. "On peut distinguer deux catégories, résume Dave Edwards, directeur à l'Organisation de l'Industrie Biotechnologique (BIO). D'un côté les animaux utilisés pour la nourriture, tel le saumon d'Aquabounty. De l'autre ceux utilisés pour produire des médicaments." C'est cette deuxième catégorie qui a pris les devants.

Chèvres-araignées, chats fluorescents, poulets immunisés contre la grippe... Ces animaux existent déjà.

Depuis 2009, les personnes souffrant de caillots sanguins sont par exemple soignées grâce à du lait provenant des chèvres génétiquement modifiées de l'entreprise GTC Biotherapeutics (Massachussetts). Ce lait comprend une protéine humaine, l'antithrombine, parfois manquante en raison d'un nombre de donneurs insuffisants.

Certains animaux sont également altérés à des fins plus ludiques, comme le GloFish, un poisson-zèbre fluorescent qui fait le bonheur des animaleries. En 2007, des scientifiques sud-coréens ont utilisé le même procédé pour créer des chats qui s'illuminent dans le noir. De véritables veilleuses vivantes !

A l'université de l'Etat de Utah, les chercheurs ont, eux, réussi à créer une chèvre-araignée. Elle produit une soie encore plus résistante que le Kevlar, un matériau que l'on trouve notamment dans les gilets pare-balles. "Au fur et à mesure que l'on en apprendra davantage sur les génomes, nous trouverons de nouvelles façons d'utiliser les différents gènes", s'enthousiasme Dave Edwards.

le glofish a été génétiquement modifié pour s'illuminer dans le noir.
Le Glofish a été génétiquement modifié pour s'illuminer dans le noir. © GloFish.com

Aujourd'hui, les expériences sont déjà nombreuses. Mais "en raison d'un processus réglementaire interminable et des incertitudes sur l'autorisation de commercialisation, de nombreux projets tombent à l'eau", s'indigne Alison Van Eenennaam. Faute de fonds, la chercheuse de l'université de Californie a vu capoter son projet de vaches génétiquement modifiées pour produire du lait riche en omégas 3.

Le même sort a été réservé à l'Enviropig, au Canada. Ce cochon modifié est capable de mieux digérer le maïs et le soja et d'ainsi rejeter de 30 à 70% moins de phosphore dans ses excréments, du coup moins nocifs pour l'environnement. Or, privée d'investissements en raison de doutes sur sa commercialisation, l'université de Gelph a dû mettre fin au projet.

Certains chercheurs émigrent vers l'Amérique du Sud, en Argentine ou au Brésil. Mais c'est en Chine que les avancées sont les plus importantes.

Une fin qu'aurait également pu connaitre Aquabounty. Selon ses dirigeants, s'exprimant il y a un an dans le New York Times, la société a même dû rendre une petite aide de 500 000 dollars accordée par l'administration. Au final, en 17 ans, près de 67 millions de dollars ont été engloutis.

"Bien sûr, nous comprenons les inquiétudes vis-à-vis des produits génétiquement modifiés, jure Dave Edwards de BIO. Cependant, ils doivent bien se rendre compte que nous utilisons la technologie pour la production de nourriture depuis longtemps. Nous aimerions un cadre réglementaire plus efficace. Franchement, il y a des limites à ce que ces petites entreprises peuvent endurer. Avec le système actuel, ces start-up font faillite ou abandonnent."

Pour Alison Van Eenennaam, "ce sont les politiques qui freinent le développement de cette technologie (l'avis de la FDA a même été repoussé pour ne pas interférer dans l'élection présidentielle selon Slate.com, ndlr). Aux Etats-Unis, il faut bien l'avouer, nous sommes quasiment à l'arrêt. Résultat : c'est à l'étranger que la recherche avance."

david edwards, directeur chez bio.
David Edwards, directeur chez BIO. © BIO

Certains chercheurs émigrent vers l'Amérique du Sud, en Argentine ou au Brésil, où le climat envers les OGM est considéré comme plus favorable. Mais c'est surtout en Chine que les avancées en biotechnologie sont les plus importantes. "Nommez un animal : ils le modifient", s'exclame Alison Van Eenennaam. "Il y a plus de 50 animaux génétiquement modifiés en développement en Chine, confirme Dave Edwards. Soit pour des fonctions biomédicales, soit pour servir de nourriture."

Des exemples ? Du poulet génétiquement résistant à la grippe aviaire, une vache au développement musculaire augmenté, une autre sans corne (pour ne pas blesser le fermier), une lapine au lait gavé de protéines utiles aux médicaments contre le choc septique (qui touche 18 millions de personnes dans le monde chaque année), une truite arc-en-ciel plus grosse que l'ordinaire... Les possibilités sont infinies.