Dominique Depoortère (Quinte et sens) "Les entrepreneurs peuvent utiliser notre marque gratuitement"

L'entrepreneur entend bousculer le secteur de la franchise, avec un nouveau concept : la freechise.

Tout semble tranquille dans l'univers bien réglé de la franchise. Le nombre d'exploitants augmente tous les ans en France depuis 1995. Mais un nouveau concept, la freechise, pourrait faire évoluer les conventions qui dominent dans le secteur. Avec son entreprise Quinte et sens, fondée en 2002, Dominique Depoortère a conçu une marque totalement libre de droits...

JDN. Vous avez inventé la freechise, en quoi cela consiste?

Dominique Depoortère. C'est une nouvelle manière de vendre, plus libre. En 2011, j'ai créé avec deux associés "Café", une marque de cafés à emporter. Comme n'importe quelle appellation elle a une image et un logo – le fameux sigle du copyright, barré d'un large trait. Contrairement au système de franchise, les exploitants ne nous versent pas un pourcentage de leur chiffre d'affaires pour l'utiliser. Ils restent indépendants et bénéficient gratuitement des avantages de la marque. Un maximum d'entrepreneurs, mais aussi de boulangers, de cafetiers, de restaurateurs peuvent se lancer dans la vente à emporter, car il n'y a aucun droit d'exploitation à payer.

Quel est votre modèle économique?

L'entreprise qui porte le projet, Quinte et sens, commercialise des accessoires siglés du logo "Café" : gobelets en carton de différentes tailles, sachets de sucre... Tout ce qui permet de vendre des cafés à emporter. Les entrepreneurs peuvent les acheter chez nous, mais ils n'ont aucune obligation. Nous avons donc créé une gamme compétitive : le gobelet de base pour les expressos coûte 6 centimes d'euros, alors qu'il est fabriqué en France. Il a un fort impact visuel. Le client repère tout de suite la marque. Une vraie communauté est en train d'éclore. 33 établissements exploitent aujourd'hui "Café" et ils se fournissent tous chez nous. Quinte et sens a réalisé 100 000 euros de chiffre d'affaires en 2011 avec ce projet.

"33 établissements exploitent aujourd'hui "Café" et ils se fournissent tous chez nous"

Pourquoi votre marque en "freechise" séduit-elle?

On est en plein boom de l'open source dans le secteur informatique. Nous avons tenté d'exporter cet état d'esprit libre au monde de la vente, c'est pour ça que le projet décolle. Je démarche souvent des cafetiers "à l'ancienne". Ils ont du mal à concevoir qu'à aucun moment de la discussion je n'essaye de leur faire signer une obligation contractuelle. Ça les étonne. S'ils sont séduits, je leur laisse gratuitement une centaine de gobelets, pour qu'ils essayent par eux-mêmes la vente à emporter avec "Café". Je leur donne ma carte. Quand ça marche ils me rappellent pour acheter nos accessoires. Dans deux cas sur trois, ils reviennent.