Journal du Net > Economie  Untitled Document > Entretien avec Michel Pébereau
Photo © JDN / Cécile Debise
"Rétablir l'équilibre budgétaire de l'Etat en cinq ans"

Vous écrivez que l'austérité est évitable, qu'il suffit d'une bonne gestion pour redresser l'économie. Mais de nombreuses pistes avancées reviennent à réduire les dépenses. Comment est-ce tenable ?
Michel Pébereau. Nos propositions sont réalistes. Pour ce qui est de l'Etat, il s'agit de rétablir son équilibre budgétaire en cinq ans. Pour cela nous recommandons la stabilisation de ses dépenses en euros courants. Cela correspond à un effort total de réduction en euros constants de l'ordre de 1,5 % du PIB sur 5 ans, alors que la Suède et la Finlande ont réduit leurs dépenses de 10 % du PIB entre 1993 et 1998. Pour la fiscalité, nous suggérons que les réformes nécessaires pour assurer la compétitivité du territoire soient compensées pour ne pas modifier le poids total des prélèvements obligatoires dans le PIB jusqu'au retour à l'équilibre. Et pour les régimes sociaux, la loi prévoit déjà le rééquilibrage des comptes de l'assurance-maladie d'ici 2009 et un rendez-vous en 2008 pour définir les conditions de retour à l'équilibre des régimes de retraite jusqu'en 2020.

Vous préconisez en effet moins d'Etat. Pourquoi une meilleure gestion ne suffirait-elle pas ?
Nous préconisons que l'on s'assure de l'efficacité de chaque euro public dépensé, ce qui suppose une remise à plat de l'ensemble des dépenses de l'Etat. Il faut s'assurer que pour chacune des missions que celui-ci doit assumer, les moyens humains et matériels prévus sont bien ajustés : cela devrait permettre de faire les économies nécessaires et de dégager, dans de nombreux secteurs, des moyens qui pourraient être affectés à d'autres missions. A une condition : organiser la mobilité dans la fonction publique. Nous recommandons aussi d'analyser l'efficacité de tous les dispositifs d'intervention publique et de réorganiser l'appareil administratif pour le simplifier, au niveau central comme au niveau local. Tout cela redonnerait des marges de manoeuvre à l'action publique pour accélérer la croissance par des actions bien ciblées : recherche, enseignement supérieur par exemple. Et puis nous suggérons aussi un réexamen de l'ensemble des réglementations, dont l'abondance et la complexité sont souvent des obstacles à la création d'activités et d'emplois.

Le livre insiste, à de multiples reprises, sur la cohésion sociale. Vous semblez craindre un danger pour la France.

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"Développer les relations entre l'école et l'université d'une part et l'entreprise d'autre part"

Renforcer la cohésion sociale est un des objectifs majeurs de la politique. A cet égard, un problème nous semble devoir être privilégié : celui de l'éducation des jeunes et de leur premier emploi. Il est fondamental que notre système éducatif assure l'égalité des chances des jeunes Français : à talents et à efforts égaux, tous les jeunes doivent avoir les mêmes chances en matières d'études, quel que soit leur milieu familial. C'est ce qui donne confiance dans l'avenir, aux parents comme aux enfants. Nous avons fait plusieurs propositions de rénovation de notre appareil éducatif pour y parvenir. Et puis, il faut que les études débouchent sur l'emploi. Cela suppose que les relations entre l'école et l'Université d'une part et l'entreprise d'autre part se développent : nous recommandons d'introduire systématiquement la formation en alternance pendant la dernière année d'études pour faciliter l'insertion professionnelle.
Les retraites aussi posent un problème de cohésion sociale. Il faut assurer la pérennité de nos régimes de retraite par répartition qui sont fondés sur la solidarité entre générations. Cela suppose que les décisions qui permettront d'assurer leur équilibre jusqu'en 2020 soient prises à l'occasion du rendez-vous de 2008, qu'elles concernent aussi les régimes spéciaux, et qu'elles répartissent équitablement les efforts entre toutes les parties concernées.

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