Gaz de schiste : eldorado énergétique ou fléau écologique ? Aux Etats-Unis, une révolution énergétique

Le gaz de schiste, c'est d'abord l'histoire d'un incroyable retournement de tendance aux Etats-Unis. De 2006 à 2008, la part des gaz de schiste dans la production de gaz y est passée de 3% à 9% et devrait atteindre 14% cette année d'après l'Institut français du pétrole (IFP).

Cette proportion pourrait atteindre 25% en 2030 permettant aux Etats-Unis d'être auto-suffisants, alors que le pays envisageait il y a peu des importations massives de gaz liquéfié. Rien que pour la région des Rocheuses, au centre des Etats-Unis, les estimations de réserves d'hydrocarbures ont été multipliées par 25 depuis 1995, en y incluant le gaz de schiste.

Ce qui a permis cette révolution outre-Atlantique, c'est d'abord la mise au point concordante de deux nouvelles technologies : le forage horizontal et la fracturation hydraulique. Ce procédé consiste en des failles provoquées par "mini tremblements de terre", à l'aide d'un liquide envoyé à très forte pression, pour libérer le gaz et le pétrole pris dans la roche compacte.

Législation favorable

Autre facteur de développement : la législation américaine, très avantageuse pour les pétroliers. D'un point de vue juridique, le sous-sol appartient au propriétaire du sol. "Chaque propriétaire d'un arpent de terre a la possibilité de forer très vite des puits d'exploitation chez lui sans demander de permis", explique Jean-Marc Jancovici, consultant spécialiste de l'énergie. "En France, par exemple, c'est l'Etat qui autorise l'exploitation du sous-sol". Les autorisations sont donc beaucoup plus compliquées à obtenir.

un puits de gaz de schiste en pennsylvanie.
Un puits de gaz de schiste en Pennsylvanie. © Helge Hansen / Statoil

Un des exemples les plus frappants de ce développement est figuré par le champ Marcellus, au Texas. Cette immense zone de 246 000 km² contiendrait dans son sous-sol l'équivalant de 87 milliards de barils de pétrole en gaz, soit 13 ans de la consommation américaine globale. Selon une étude de l'université de Pennsylvanie, l'exploitation du champ Marcellus pourrait créer 280 000 emplois dans la région et apporter six milliards de dollars en nouvelles taxes aux gouvernements fédéraux et locaux.