Utilisez votre cerveau, oubliez votre capteur d’activité

Déterminé à exploiter tout le potentiel du cerveau humain, je suis conscient du rôle primordial du sommeil sur notre organisme et sur notre vie quotidienne. Je partage ici mes connaissances basées sur des recherches approfondies sur les technologies les plus efficaces qui permettent d'améliorer la qualité du sommeil.

Si vous vous intéressez à votre santé, vous faites probablement partie des 1,2 millions de Français qui possèdent un capteur d’activité ou une montre intelligente. Capables de comptabiliser le nombre de pas que vous effectuez chaque jour, de superviser votre activité physique ou d’analyser votre sommeil, ces appareils qui ont envahi le marché recueillent et analysent les données relatives à votre activité physique afin de vous aider à être en meilleure forme.

Mais à quel point ces capteurs sont-ils efficaces ? Les études scientifiques démontrent que les données que délivrent ces capteurs sont insuffisantes, inexactes et donc moins exploitables que les constructeurs ne s’en prévalent.

C’est particulièrement vrai pour le sommeil. Les spécialistes du sommeil qui se sont penchés sur le fonctionnement de bracelets connectés comme Fitbit et Jawbone ne cachent pas leur scepticisme – et à juste raison. Alors que ces appareils assurent être en mesure de suivre vos cycles de sommeil et de vous aider à mieux dormir, leur précision scientifique est loin d’être garantie.

Voilà pourquoi : les capteurs embarqués sur ces appareils mesurent l’accélération, la durée, l’intensité, la fréquence et les modèles associés à notre rythme cardiaque et à nos mouvements. Or, ce n’est pas en comparant le nombre de fois où nous bougeons dans notre lit ou l’intensité de ces mouvements à ce qui se produit à l’intérieur de notre corps que l’on peut tirer des conclusions probantes.

 Au-delà du simple suivi

Les capteurs d’activité actuellement disponibles intègrent des technologies qui sont capables de superviser un large éventail de fonctions corporelles. Pour autant, ils ne sont pas efficaces lorsqu’il s’agit du sommeil.

Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils s’appuient sur l’actimétrie, qui mesure les mouvements à partir d’un système d’accéléromètre. Or, la modélisation de la structure du sommeil à partir de l’analyse précise de ces mouvements est erronée et tend à livrer des résultats indicatifs plutôt qu’une base scientifique sur laquelle on peut s’appuyer pour adopter un style de vie plus sain.

En effet, les appareils capables d’effectuer un suivi précis du sommeil – principalement les lecteurs d’électroencéphalogramme – existent depuis longtemps dans les laboratoires mais demeurent inadaptés aux contraintes du marché. Pour une question de prix, de confort et de facilité d’utilisation, le suivi des mouvements corporels est donc devenu un moyen par défaut d’évaluer le sommeil, même s’il ne permet pas vraiment d’aboutir à des résultats.

Des résultats, pour quoi faire ?

C’est une chose d’être capable d’enregistrer et d’analyser votre comportement mais pour vraiment améliorer notre bien-être, un produit ne devrait-il pas en faire plus ? Le sommeil doit bénéficier de produits qui ne se cantonnent pas à recueillir ou surveiller des données qui se révèlent inexactes.

En réalité, les capteurs intégrés sur ces bracelets connectés et montres intelligentes ne nous aident pas vraiment à changer notre comportement passif. Si le marché est aujourd’hui inondé de ce genre de capteurs d’activité qui vous permettent de savoir que vous avez marché cinq kilomètres ou bien dormi pendant 6,2 heures, les appareils ne devraient-ils pas en faire plus pour nous inciter à agir ou bien nous proposer des fonctionnalités qui aient une véritable influence sur notre sommeil ?

Pour répondre à cette question, il faut bien comprendre que le seul moyen d’analyser avec précision la qualité de votre sommeil consiste à mesurer l’activité de votre cerveau, c'est-à-dire votre électroencéphalogramme (EEG). Ceci n’a rien de nouveau, puisque les différentes phases de sommeil universelles ont été établies de longue date par l’Académie américaine du sommeil, justement à partir d’EEG.

Grâce aux récents progrès de technologies capables de superviser et analyser en temps réel l’activité cérébrale, nous devrions être en mesure de suivre les cycles de sommeil avec précision et ainsi d’améliorer la qualité de celui-ci. Vous n’avez pas besoin d’analyser votre sommeil au moyen d’un capteur d’activité pour comprendre ce que votre corps vous indique naturellement… cercles noirs, bâillements ou tendance à repousser le réveil à plusieurs reprises sont autant de signes que vous êtes fatigué et ne dormez pas assez durant la majorité de la semaine.

La grande question est de savoir si les appareils de suivi du sommeil disponibles aujourd'hui ont un impact sur la qualité de celui-ci. En effet, ce n’est pas parce que l’on sait que l’on dort mal que l’on est plus avancé.

Alors, comment améliorer votre sommeil ? Eh bien, utilisez votre cerveau.

Les nouvelles technologies ont permis à l’homme d’améliorer ses conditions de vie dans toutes sortes de domaines. Celui du sommeil fait exception, puisque nous dormons aujourd'hui de la même manière que nous dormions il y a environ dix mille ans. C’est la raison pour laquelle nous sommes convaincus qu’il est indispensable de développer des solutions en tirant profit de technologies capables de mesurer les ondes cérébrales avec exactitude et en temps réel. Il faut sortir la science des laboratoires de recherche dans le but de donner son accès à tous.

Lorsque nous dormons, notre cerveau est loin de rester inactif. À contrario, il regorge d’informations sur le fonctionnement de notre corps qui sont autant d’éléments qu’il importe d’exploiter afin de mieux comprendre notre sommeil et de l’améliorer. Or, le fait est que les capteurs d’activités, malgré leurs belles promesses, ne fournissent que des informations inutiles. Si vous souhaitez transformer ces données en résultats concrets, mieux vaut ranger votre capteur dans l’un de vos tiroirs. Et l’y laisser une bonne fois pour toutes...