Ken Timsit (ConsenSys) "Les institutions financières européennes s'organisent autour de plateformes de tokenisation d'actifs"

La start-up blockchain ConsenSys et l'association la Chaintech organisent le 13 décembre prochain à Paris un événement sur les security tokens, en partenariat avec le JDN.

JDN. Vous organisez un événement sur les security tokens. Pouvez-vous nous expliquer ce qu'il se cache derrière ce terme ?

Ken Timsit, directeur général de ConsenSys France. © ConsenSys

Ken Timsit. Il existe deux types de security tokens. Les nouveaux security tokens, qui sont des actifs financiers nativement créés sur la blockchain. Ils sont émis lors de STO (security token offering, des levées de fonds en crypto-monnaies, ndlr). Ensuite, il y a les actifs financiers existants - actions, instruments de dette, part de fonds d'investissement ou d'immobilier… - qui sont inscrits dans la blockchain. On dit qu'ils sont tokenisés. Dans les deux cas, les security tokens ont plusieurs avantages. Tout d'abord, c'est moins cher de créer un instrument financier sur la blockchain que de créer un instrument de manière traditionnelle car on n'a pas besoin de passer par divers intermédiaires (avocat, société de conseil, banquier d'affaires…). Tout est inscrit dans le smart contract (un programme autonome qui exécute automatiquement des actions validées au préalable par les parties prenantes, ndlr). Autre avantage : la conservation du registre des titres est moins chère, plus simple et plus transparente. Tout le monde sait qui détient quelle part dans tel fonds. Enfin, les security tokens ont la capacité d'avoir un marché secondaire programmable. Il est possible d'inscrire les conditions exactes d'échange des parts entre les investisseurs dans le smart contract, sans créer une infrastructure d'échange et de livraison. 

Pourquoi organiser maintenant un événement sur les security tokens ?

En 2017, on a assisté à une explosion des ICO suivie d'un refroidissement important du marché à l'été 2018 en raison du manque de maturité de certains projets. Depuis quelques mois, en contrepartie du refroidissement des ICO, on a remarqué un intérêt croissant du secteur financier, en particulier aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Asie, pour les security tokens. En Europe, les institutions financières commencent déjà à s'organiser autour de plateformes de tokenisation d'actifs financiers. Par exemple, le projet LiquidShare (à l'initiative de BNP Paribas, CACEIS, la Caisse des Dépôts, Euroclear, Euronext, S2iEM et Société Générale, ndlr) développe une infrastructure blockchain post-marché dédiée aux PME. Il y a aussi Iznes, une plateforme française qui tokenise des parts dans des fonds de gestion d'actifs. Début décembre, la société américaine Harbor a communiqué sur la tokenisation d'une opération de financement immobilier. D'autres gros projets sont en préparation pour le premier semestre 2019 au Royaume-Uni, Etats-Unis et Singapour.

Quels points seront évoqués lors de cet événement ?

Nous insisterons sur la nature même de ces nouveaux instruments financiers car ce n'est pas évident à comprendre. Pour ce faire, nous montrerons les différences entre les nouveaux security tokens et les actifs financiers tokenisés. Nous évoquerons également les projets concrets en cours et à venir dans le monde. Nous donnerons la parole à des régulateurs pour faire un point sur le cadre réglementaire pour échanger des actifs immobiliers ou des parts dans des sociétés non cotées sur la blockchain, avec un focus évidemment sur la France. Des banquiers d'affaires et des juristes nous expliqueront comment s'y prendre pour émettre une opération de ce type.

Ken Timsit est DG de ConsenSys en France. Il est membre du comité directeur du EU Blockchain Observatory & Forum de la Commission européenne. Avant de créer la filiale française de ConsenSys, Ken Timsit travaillait pour ConsenSys à Singapour. Il a également travaillé au Boston Consulting Group à Paris, New York et Singapour, où il était directeur associé. Il a également co-fondé deux start-up en Asie du Sud-Est. Il est diplômé de l'Ecole Polytechnique et Ecole Mines Paristech.