Managers : trouvez le juste milieu avec votre équipe Au quotidien, chacun sa place

Pas de mélange des genres

Entre le chef austère qui a généralisé le vouvoiement à l'ensemble du service et celui qui n'hésite pas à taper sur l'épaule de son nouveau collaborateur à la machine à café, il y a une kyrielle de postures possibles. Pour trouver sa place dans les rapports quotidiens, il faut garder quelques principes en tête. "Le manager ne doit pas faire comme s'il était l'un des membres de son équipe, insiste Maurice Thévenet. Il n'est pas évalué sur les mêmes critères, il n'a pas les mêmes intérêts ni les mêmes soucis qu'eux." Vouloir être leur égal est illusoire : eux ne le percevront jamais que comme leur chef au final.

"En management, il n'existe pas de discussion en off, comme entre un journaliste et un homme politique"

Ainsi, il est essentiel que le manager garde un discours cohérent en toutes circonstances. S'il est amené à s'exprimer sur une décision de la direction autour d'un repas le midi, il devra continuer de la soutenir, éventuellement sur un ton plus informel. "En management, il n'existe pas de discussion en off, comme entre un journaliste et un homme politique", met en garde le professeur. Tout ce qui pourra être dit pourra être retenu contre le manager, un jour ou l'autre. De quoi devenir un peu schizophrène.

Laisser les équipes respirer

Ce qui conduit Gérard Pavy à penser que ces moments en commun sont nécessaires mais ne doivent pas devenir systématiques. "Tout dépend de la culture de l'entreprise mais prendre toutes ses pauses cafés avec ses collaborateurs peut devenir une forme de voyeurisme : en étant sympa, on se donne les moyens de tout contrôler." Il faut laisser aux équipes l'occasion de respirer en somme.

Olivier Georgin, manager de 300 personnes au sein d'un établissement financier et auteur de Le Métier de manager, a opté pour une certaine distance : "je passe mes pauses de midi avec les autres directeurs généraux. Les moments privilégiés avec les équipes, on les crée en organisant des repas et des séminaires." Cette distance, qui ne signifie pas du dédain, peut être rapprochée de celle qui s'établit entre parents et enfants : ils sont très proches mais les premiers gardent toujours l'ascendant sur les seconds.