Pourquoi les plus de 50 ans sont d'excellents candidats

Les seniors sont pantouflards ? Ils sont nuls en informatique ? Impossible à licencier ? Pour promouvoir l'emploi des quinquas, Benoit Charasy commence par déboulonner cinq idées reçues.

Parmi toutes les discriminations qui persistent dans le monde du recrutement, il en est une particulièrement pernicieuse : celle liée à l'âge. Tout aussi inacceptable que les inégalités de traitement dues à l'appartenance à une minorité, à un secteur géographique ou au sexe, l'âge demeure un facteur d'exclusion dans de nombreux projets de recrutement.

Laissons de côté le recrutement parfois problématique de "juniors" pour nous intéresser au recrutement des "seniors". Par ce terme très politiquement correct, nous entendrons ici les "plus de 50 ans". La "sénioritude", comme nous pourrions la baptiser aujourd'hui, arrive de manière très précoce dans le monde du travail, particulièrement en France.


Quels sont les freins qui sont évoqués pour s'opposer au recrutement de quinquas ? En voici cinq généralement entendus, qui méritent d'être examinés un par un :


1. Ils ne sont pas habitués aux nouveaux outils informatiques

En comptant large, dans les secteurs qui le justifient aujourd'hui, l'utilisation de l'informatique s'est généralisée depuis 1993 au moins ! Ainsi, un quinqua moyen pourra compter sur une quinzaine d'années d'expérience avec nos bien aimés ordinateurs. Ils manipulent Internet depuis une bonne décennie, tout comme un trentenaire frais émoulu !


2. Ils ne changent pas facilement leurs habitudes

Nos quinquas ne sont généralement plus issus de la culture de l'entreprise unique. Comme leurs homologues plus jeunes, ils ont eu eux aussi à changer d'entreprise, de métier, de région... Ils savent s'adapter à de nouvelles méthodes de travail, de nouveaux environnements, plus ou moins facilement, comme tout un chacun. La rigidité n'est pas une question d'âge, mais bel et bien de caractère !


3. Ils n'ont plus l'énergie suffisante

Tout nous invite à penser le contraire ! L'allongement de l'espérance de vie va de pair avec une augmentation de la qualité de vie : on vit mieux plus longtemps. Ces propos sont bien entendu à tempérer lorsqu'on évoque des métiers à la pénibilité importante, mais globalement, le temps de "vie professionnelle efficace" s'allonge du même nombre d'années que notre espérance de vie. Ainsi, pour faire simple, nous avons gagné 5 ans d'espérance de vie en 20 ans, donc recruter quelqu'un de 50 ans aujourd'hui équivaut à recruter quelqu'un de 45 ans en 1988... D'ailleurs, la plupart des pays européens ont adapté leur législation et repoussé l'âge légal de la retraite, mais il s'agit d'un autre débat...


4. On ne peut plus les licencier en cas de problème

La fameuse "contribution Delalande" qui durcissait les conditions de licenciement des plus de 50 ans est définitivement supprimée à partir du 1er janvier 2008. C'est donc le droit du travail "standard" qui s'applique dans cette situation... Bien sûr, le meilleur moyen pour éviter d'avoir à licencier reste de faire appel à un cabinet de recrutement compétent qui saura précisément évaluer vos besoins et le candidat.


5. C'est idiot d'investir dans un recrutement pour si peu de temps

Plaçons nous dans le cas du recrutement d'un candidat avec une formation supérieure. Si l'on estime qu'il a arrêté ses études à 23 ans, les droits pleins à la retraite ne pourront être obtenus avant l'âge de 63 ans. Ainsi, une personne recrutée à 55 ans par exemple devra encore travailler 8 ans ! Et il y a fort à parier qu'elle ne cherchera pas à changer d'entreprise durant cette période. Qui peut prétendre à tant de sérénité pour le recrutement d'un trentenaire ?


Ainsi, il n'y a pas réellement de justification à cette réticence pour le recrutement de "seniors". Si l'on ajoute à ces considérations le fait de bénéficier d'une forte expérience et d'être bien souvent moins tributaire d'ambitions carriéristes, on ne voit pas vraiment ce qui pourrait s'opposer à l'intégration de quinquas. Alors, recrutez des plus de 50 ans, c'est un trentenaire qui vous le dit !