Enquête CHSCT en cas de harcèlement : comment sauver l'avenir et pas que les apparences

L'enquête CHSCT en cas de harcèlement est l'élément principal qui peut sauvegarder la relation employeur-employé et permettre de repartir sur des bases saines. La DRH se doit d'y apporter le plus grand soin et l'impartialité qui s'imposent pour asseoir sa légitimité.

Dans le cadre de fait de harcèlement rapporté par un salarié à la DRH, l’enquête du Comité Hygiène Sécurité et Conditions de Travail (CHSCT) est une obligation légale pour l’entreprise. C'est aussi un pare-feu dressé pour le salarié qui se manifeste et se trouve en état de choc ou d’alerte. L’accueil fait à sa démarche par la Direction des Ressources Humaines est donc déterminant pour la suite des événements.
Premier enjeu
, l'enquête doit être proposée en première instance. Sans mettre en cause la sincérité du salarié ou la véracité des faits, elle rassure car elle oppose un dispositif professionnel et légal à des événements qui ont dérapé en mettant en danger l'intégrité de la personne visée. Ce sont précisément ces dérapages qui entrainent une dégradation des conditions de travail. Or, la DRH est garante du maintien de ces bonnes conditions et à ce titre elle doit prévenir et apporter une solution rapide et immédiate à tout indicateur négatif.
Deuxième enjeu
, l’enquête stoppe la spirale de l’affrontement. C'est en cela qu'elle permet de préparer le terrain pour la reconstruction. Car bien évidemment, un salarié qui déclenche une enquête n’est pas dans une logique de départ. Dans cette hypothèse, au contraire, il cherche à préserver la suite de son avenir dans l’entreprise. S’il s’avère que les faits décrits ne sont pas fondés, l’enquête est là pour le montrer et est un élément clé pour amener à comprendre ce qui s’est réellement passé dans la réalité. Mais force est de constater qu'il n'y a jamais de fumée sans feu.
Troisième enjeu
l'analyse par le comité et la DRH prépare les recommandations. Problème de communication, de niveau et de qualité du dialogue, d’abus d’autorité ou de pression trop forte, la DRH avec sa grille de lecture et son écoute, doit être en mesure de poser des mots sur la situation et de les partager avec les deux parties. Une difficulté pour le praticien RH, souvent membre du Comité de Direction, est de conserver l’équilibre de la balance du début à la fin de l’enquête et jusqu’à la remise des conclusions de celle-ci. En cas de faits avérés, il sera parfois exposé à la pression du pair mis en cause et à sa dénégation au détriment du salarié qui de victime peu passée à coupable. Pression consciente ou inconsciente à laquelle, la DRH doit résister car elle joue sa crédibilité et sa légitimité.
Quatrième enjeu
, l'après-enquête doit être gérée pour préparer l'avenir. A ce titre, l’exemplarité et la transparence du processus permettent de repartir sur des bases solides pour l’avenir des deux salariés impliqués au sein de l'entreprise. Si tel n’est pas le cas, le salarié qui a été victime sera doublement armé pour attaquer et réaffirmer son désarroi avec d’autres moyens légaux. Il ressort des enquêtes auprès de nos clients DRH que ce type de contentieux est parmi les plus consommateurs de temps et qu’ils ternissent durablement l’image de l’entreprise.
La DRH telle Janus doit tenir la balance au plus juste car en tant que gardienne de la qualité des conditions de travail, son rôle est de préserver l'essentiel -et pas les apparences- et d'asseoir ainsi sa légitimité sur ses fonctions régaliennes.
Faute de quoi, elle reste sur un strapontin.