Pacte de responsabilité. Et si la France se remettait à penser ?

Pacte de responsabilité. Notre président semble avoir décidé seul. Peut-on prendre une telle décision sans débat démocratique ?

Pacte de responsabilité. Quelles peuvent en être les conséquences. je n’entends en France rien de ce que je lis dans la presse étrangère. Faut-il s’en inquiéter ?

Une décision à l’opposé du consensus des économistes

Ce qui menace le monde et singulièrement l’Europe, c’est la déflation. Voici le consensus, et la terreur, des économistes. Et voilà ce que rappelait The Economist cette semaine encore. Si les économies se contractent, les impôts ne rentreront plus et les dettes des Etats s’envoleront. Or, une réduction des charges sociales est, par définition, une mesure déflationniste.
Paul Krugman, l’économiste mondial le plus en vue (y compris de ses opposants) mène avec acharnement une croisade pour une relance keynésienne (à l’échelle de l’Europe, en ce qui nous concerne). Si la demande repart, le chiffre d’affaires des entreprises augmente, elles embauchent, les impôts rentrent, les dettes baissent, et les charges sociales aussi.
Pourquoi ces gens ne sont-ils pas entendus chez nous ?

Les réformes Schröder sont-elles un succès ?

La politique qu’annonce M.Hollande a été appliquée. Succès sans appel ?
M.Sarkozy a réduit la TVA sur la restauration. Impact ? Et les réformes Schröder ? « L'Allemagne a maintenant la plus grande proportion de travailleurs à bas salaire par rapport au revenu médian, en Europe », « (l')investissement s'est réduit continûment ».
« L'Allemagne n'a pas réussi à investir dans ses universités ». « Il n'y a pas de preuve d'un succès allemand particulier dans le domaine de l'industrie. » « Les entreprises allemandes gagnent uniquement en réduisant les salaires et en déplaçant leur production à l'Est ». Voici ce que dit Adam Posen dans le Financial Times. Et si les réformes Schröder signifiaient cercle vicieux ?  Chaque pays, à son tour, démonte son système de solidarité sociale, ce qui lui donne un avantage, et force les autres à faire de même. Ou cela pourrait-il nous mener ? À la situation d’avant guerre, la crainte de M.Krugman ?

Et si les entreprises ne pouvaient pas embaucher ?

M.Hollande estime qu’en échange de baisse de charges, les entreprises vont embaucher. Mais les entreprises sont comme le Français, elles n’investissent que lorsque leur avenir leur semble certain. C'est-à-dire lorsque leur marché repart. Est-on sûr que cela sera le cas ?
Plus curieux. Aux USA et en Angleterre, il y a un déséquilibre entre l’offre et la demande d’emplois. L’économie moderne fournit des emplois très qualifiés ou pas qualifiés du tout. (C’est le « modèle du sablier ».) Le système éducatif ne répond pas à cette demande. D’où un besoin fort d’immigration.
Et si la France connaissait le même phénomène ? Rendez visite à une SSII, vous constaterez qu’un grand nombre de ses ingénieurs vient d’Afrique du nord…
Des noyaux durs de M. Balladur, au choc de compétitivité de M. Sarkozy, en passant par les 35h de Mme Aubry, toutes les mesures gouvernementales ont donné le contraire de ce qu’elles étaient supposées apporter. Pourquoi ? Parce que l’exécutif ignore les réalités, et qu’il gouverne par décrets.

En cas d’échec : la France de Dickens ?

Pourquoi ne débat-on pas, aussi, des conséquences possibles, à long terme, des décisions de M.Hollande ?
La France est un pays libéral qui s’ignore. Le service public a été privatisé. La précarité est partout : intérimaires, autoentrepreneurs, intermittents du spectacle, pigistes, enseignants vacataires, chômeurs, stagiaires... et, surtout ?, la majorité des PME qui sont, curiosité française, des variables d’ajustement pour les grandes entreprises. Si nous ne percevons pas cette précarité, c’est grâce à l’Etat.
Non seulement il paie pour notre santé et notre chômage, mais encore il tient nombre de nos entreprises à bouts de bras, par son crédit impôt recherche et ses commandes. Il suffit de rendre visite, une fois de plus, à une SSII pour le comprendre.
Si, à court ou moyen terme, la politique de M.Hollande ne fonctionne pas, l’Etat sera surendetté.
Il devra abandonner précaires et entreprises à leur sort. Pour savoir ce que cela signifie, relisons Dickens ?

Social démocrate ou néoconservateur ?

Dernière étrangeté. Pour justifier les réformes de M.Hollande, on parle de « sociale démocratie ». Un pragmatisme de bon aloi. Ce n’est probablement pas ainsi qu’elles seraient interprétées ailleurs. 
Il est injuste que le pauvre soit nourri par la solidarité nationale lit-on dans la presse anglo-saxonne. Vieille idée protestante. Le pauvre est maudit par Dieu, et le riche récompensé pour son mérite. Cette idée plaît au possédant, c’est pourquoi on l’appelle « néoconservatrice ».
Défense du statu quo, elle refuse le changement. Elle nie donc le capitalisme. Et elle a suscité l’indignation de Stéphane Hessel. Pourquoi ? Le projet de la génération de la guerre était de rendre impossible le retour de la barbarie. Pour cela il fallait créer des conditions qui empêchent l’homme de tomber dans l’horreur. Au cœur de ce projet se trouvait « humanité » et « crime contre l’humanité ».

Crime contre l’humanité ?

C’est traiter l'homme comme s'il n'était pas un homme. C'est aller contre son essence, sa dimension « humaine ». C'est le considérer comme un animal ou une chose. Dire que certains hommes sont des parasites est un crime contre l'humanité, de même que réduire en esclavage ses personnels de maison ou utiliser des techniques de manipulation telles que l’injonction paradoxale.
Cette « humanité » crée une solidarité naturelle entre hommes, puisque lorsqu'on l'attaque, on nous menace tous. Nous éviter le totalitarisme, voilà pourquoi on a voulu nous donner une sécurité sociale.
Abjecte ou fraternel ? Ne serait-il pas temps que nous débattions du projet que nous avons pour l’homme ?

Osons penser ?

Lorsque de Gaulle a été appelé en 1958 pour sortir la France d'une guerre civile, il a voulu mettre fin aux instabilités de la République. Pour ce faire, il l’a remontée à l’envers. Alors que le législatif devrait exprimer les besoins de la nation et l’exécutif appliquer ses lois, c’est l’inverse qui se produit.
Résultat ? Un homme, seul et surmené, isolé dans un bunker, est supposé recevoir la lumière divine et la transmettre à un peuple de décérébrés.
Et si la France se remettait à penser ?