Les représentants du personnel, victimes du burnout

Dans l’inconscient collectif, ceux qui s’occupent du mal-être des autres au sein des entreprises, ne peuvent pas eux-mêmes être victimes de ce fléau qui ronge une grande partie des salariés. C'est hélas loin de la réalité.

Les représentants du personnel protègent. Mais ne sont pas protégés.

Une étude du cabinet Secafi du groupe Alpha menée en 2015-2016 a montré que cette protection inscrite dans la loi n’avait pas d’influence sur le malaise des élus, notamment au CHSCT.

En effet, les représentants du personnel qui s’investissent pour défendre les conditions de travail des salariés, sont sujets à des situations de burn out liées intimement à leur fonction.

Contrairement au corps médical, les élus n’ont pas de formations permettant de prendre de la distance pour se protéger des situations parfois dramatiques des salariés qui se confient.

D’autre part, les élus sont confrontés aux obstacles qui sont mis au travers de leur chemin, pour défendre leurs collègues.

L’entreprise, pour des raisons budgétaires ou dogmatiques, n’est pas forcément en phase avec les représentants du personnel lorsqu’il s’agit d’améliorer leurs conditions de travail, même si celles-ci permettent une meilleure efficacité et donc une meilleure productivité.

Il est ainsi difficile pour les élus, d’admettre cette situation illogique et anti-productive et parfois ils ont l’impression d’échouer dans leurs tâches et de ne pas avoir fait le nécessaire pour "faire avancer les choses". C’est un facteur aggravant de fatigue généralisée.

Ils prennent tellement à cœur, leur mission, que leur sphère personnelle et familiale risque d’en être affectée. Avec les dégâts que cela peut provoquer.

Cette fonction sociale, ils la partagent avec leur activité professionnelle et mener de front les deux, demande de l’organisation et un très fort tempérament.

En effet, les organisations de travail sont, pour des questions d’optimisation, à flux tendus et même si, légalement, l’entreprise doit prendre en compte les absences des représentants du personnel pour mener à bien leurs missions sociales, elle fait porter sur le reste de l’équipe, les absences ce qui peut créer des tensions au sein même du collectif de travail et a tendance à culpabiliser les partenaires sociaux et les fragilise un peu plus.

Choisir de défendre les autres n’est pas chose facile, c’est une véritable vocation et il faut savoir que sa carrière est bloquée même si, dans la loi, il s’agit d’une discrimination syndicale, mais c’est très difficile à prouver.

C’est pour cela, que les organisations syndicales ont beaucoup de difficultés à recruter des représentants du personnel et que les syndicats maison prennent le relais avec souvent l’aide et l’appui les directions afin de se mettre en conformité avec la loi.

Cette situation ne crée-t-elle pas un conflit d’intérêts pouvant limiter les actions des représentants du personnel dans leurs missions consistant à défendre les salariés ?