Les Mooc en 2018 : l’année de la transformation ?

Cela fait plusieurs années que les Mooc sont entrés dans les mœurs des salariés, des RH ou des étudiants. En 2018, ils vont connaître une sérieuse transformation. Zoom sur les innovations en cours.

2018, l’année des soft skills

L’année qui vient de s’écouler nous a appris une chose, le Mooc évolue. Il se transforme. Perçu comme un ovni dans l’univers de la formation lorsqu’il est arrivé, il a suscité beaucoup d’attentes et a parfois déçu. S’il n’a pas révolutionné le système d’éducation en France et que trop peu de Mooc sont réellement intégrés dans des parcours universitaires, les organisations continuent de créer et diffuser ces contenus certifiants. Il y a eu plus de 350 Mooc diffusés en France en 2017, soit quasiment 1 Mooc lancé chaque jour !

Depuis 5 ans, les Mooc ont permis de penser l’éducation et la formation professionnelle autrement. Ils contribuent à améliorer chaque jour un peu plus l’accès à la connaissance pour des millions de personnes, notamment en Afrique et en Asie. Beaucoup d’universités, d’écoles et de grandes entreprises et de start-up travaillent à la création de formations en ligne. Conséquence : début 2018, le nombre de cours disponibles dans le catalogue mondial est de 10 000.

D’année en en année, les thématiques traitées évoluent. De Mooc très spécifiques conçus par des écoles d’ingénieurs (INSA, Polytechnique...), à l’ouverture sur des sujets grand public comme les formations sur la cuisine réalisées par l'Afpa. En 2017, une tendance a émergé : la formation sur les soft skills (60% des nouveaux Mooc). Développer son leadership avec Cécile Dejoux, devenir un as de la gestion de projet grâce à Centrale Lille ou apprendre à conduire une réunion en anglais avec l’Université de Lorraine... l’offre disponible gratuitement est une vraie mine d’or pour ceux qui souhaitent développer leurs compétences. 2018 devrait amplifier la tendance.

Un moyen de formation qui s’impose en entreprise

Je le disais plus haut, le Mooc se transforme. A la base très "grand public", la modalité s’est adaptée au monde de l’entreprise et elle plaît. Il remplace progressivement le e-learning traditionnel, peu attrayant et peu collaboratif. Même pour former sur des sujets réglementaires (lutte anti-blanchiment par exemple), le format Mooc s’impose.
En pariant sur la thématique des soft skills, les créateurs de Mooc "grand public" s’adressent donc clairement aux entreprises. Au-delà des formations qui sont créés sur-mesure, ces nombreux Mooc sont intégrés à des parcours de formation professionnelle. Dans les petites comme les grandes entreprises, 2018 sera l’année où l’on s’appuiera sur les Mooc pour former ou compléter une formation déjà existante. De la prospection commerciale à l’ère digitale (IAE de Lyon) aux bases du marketing digital (Google), près de 200 Mooc certifiants sont aujourd’hui déjà suivi par des salariés dans le cadre de leur développement professionnel. Couronnement, certains peuvent mettre être financés par les OPCA ou via le Compte personnel de formation (CPF). Et la réforme de la formation professionnelle que le gouvernement est en train de mettre en place devrait accélérer le processus.

Une percée dans le milieu universitaire

Côté universitaire, 2018 sera l’année du blended learning. De nombreuses initiatives sont en cours pour remplacer ou compléter des cours en présentiel par des Mooc. Le "cas Google" avec sa formation gratuite et certifiante Digital Active, obligatoire dans certains cursus, devrait se multiplier. Intégrer de la formation digitale a deux intérêts : l’économie et la flexibilité. A l’heure où des entreprises comme le groupe Ionis et Openclassrooms proposent des parcours de formation intégralement en ligne, délivrent des diplômes d’Etat et promettent même de rembourser l’inscription si l’apprenant n’a pas trouvé de job 6 mois après son diplôme, l’Université et les écoles doivent évoluer vite.  Le CNAM et Centrale Lille ont fait un premier pas en initiant le mouvement des crédits ECTS obtenus grâce à un Mooc. 2018 va voir ce genre d’initiatives se décupler. 

L’année de la centralisation

Un problème demeure cependant depuis des années : les milliers de Mooc disponibles peuvent aujourd’hui être trouvés facilement (via par exemple My Mooc qui référence l’ensemble des contenus disponibles dans le monde) mais ils sont aujourd’hui hébergés sur plusieurs dizaines de plateformes. Le marché se concentre autour de grandes plateformes comme Coursera, France Université Numérique, EdX ou encore FutureLearn et la logique du "winner takes all", qui prévaut souvent dans le domaine du numérique, n’a pas encore été observé. On voit tous les jours de nouvelles instances s’ouvrir un peu partout dans le monde.
A l’heure où tout se centralise, et doit être accessible simplement, si l’année 2018 ne permet pas à une grande plateforme de se démarquer considérablement, un portail comme Coursetalk aux USA ou My Mooc en Europe deviendra la porte d’entrée principale vers l’offre Mooc globale.