L'IA fera-t-elle vraiment de nous des chômeurs ?

L’intelligence artificielle n’est pas toujours bien perçue. Argument principal ? Son arrivée supprimerait de nombreux postes et augmenterait considérablement le taux de chômage. Mais qu’en est-il vraiment ?

L’Intelligence Artificielle sera responsable de la suppression de nombreux emplois. C’est l’argument numéro principal de ses opposants depuis des années. Une étude du cabinet Roland Berger menée en 2014 annonçait une destruction de 1,5 millions d’emplois directs d’ici 2025 dans la zone euro. En France, on parle de 225.000 emplois directs peu qualifiés menacés et presque autant d’emplois indirects.

A de nombreuses reprises, les Hommes imaginent que des robots dotés d’une intelligence humaine prendront le pouvoir. Pour beaucoup c’est une légende. Pas pour Elon Musk qui a tiré la sonnette d’alarme en 2017 lors d'une réunion de l'association des gouverneurs américains : "jusqu'à ce que les gens voient vraiment des robots tuer des personnes, ils ne sauront pas comment réagir, tellement ça leur paraîtra irréel. Je travaille sur des formes très avancées d'intelligence artificielle, et je pense qu'on devrait tous s'inquiéter de ses progrès".

D’autres perçoivent dans l’IA des opportunités. Les machines pourront remplacer les Hommes sur des tâches pénibles, répétitives, sans valeur ajoutée ou encore dangereuses. Elles n’ont pas de contraintes physiques comme la faim, les effets du stress ou de la fatigue. Elles sont donc en activité optimale permanente. Aussi, concernant le coût horaire, celui des machines est de moins en moins élevé selon l’analyse de INSEE, IFR, Berger : s’il était de 116€ pour une machine il y a 30 ans (contre 9€ pour l’Homme), la courbe s’inverse et, en 2020, les rôles seront inversés (10€ pour la machine, 19€ pour l’Homme).
 
Oui l’IA va détruire des millions d’emplois. Mais elle va aussi en créer ! 21 millions d’après une étude de Cognizant Technology Solutions Corp.de 2017. Une autre étude d'Accenture tend à prouver que l’IA va augmenter de 10% en moyenne les effectifs des entreprises ayant accès à cette technologie.

Quels sont les métiers menacés par l’IA ?  
 
En 2017, les universités de Yale et d’Oxford se sont associées pour réaliser une étude sur l’IA. Le résultat est présenté sous la forme d’un calendrier précis sur l’évolution de l’IA. Elle serait capable de réaliser n’importe quelle tâche mieux que l’Homme d’ici 45 ans (2062) ! Entre temps, les traducteurs (2024), les chauffeurs de poids lourd (2027), les commerçants (2031), les écrivains (2049) ou encore les chirurgiens (2053) verraient leur emploi automatisé.

En fait, toutes les catégories socio-professionnelles seraient touchées (47% des emplois seraient menacés, selon le rapport "The future of employment". D’abord les emplois directs peu qualifiés, puis les emplois indirects. Une étude de McKinsey nous apprend que seulement 5% des actions humaines peuvent être automatisées à 100%. En effet, l’IA, c’est l’automatisation d’une partie des tâches, pas le remplacement radical des emplois. En réalité, si tous les métiers seront impactés par le développement de l’intelligence artificielle, ils vont surtout se transformer : 85% des emplois de 2030 n’existent pas encore !

Comment l’homme doit évoluer et envisager sa transformation culturelle  
 
Il faut maintenant apprendre à considérer l’automatisation comme une opportunité, non comme un risque ! Le premier changement à adopter n’est pas technologique, mais culturel. En encourageant par exemple les formations professionnelles (trop peu mises en avant aujourd’hui) à ces nouvelles technologies. Prenons l’exemple de la révolution industrielle qui a imposé l’automatisation dans l’industrie automobile : la population d’ouvriers a diminué de 50% et celle des cadres augmenté de 45% (Etude Roland Berger). L’IA nous permet de nous concentrer sur des tâches à forte valeur ajoutée.

Cependant, pour assumer la mutation des postes à faible valeur ajoutée en postes à forte valeur ajoutée, il est nécessaire de former les employés aux nouvelles démarches méthodologiques, aux métiers de demain. Dans ce sens, le récent rapport de Cédric Villani, "Donner un sens à l’intelligence artificielle", prévoit de former des talents en IA. Objectif : multiplier par trois le nombre de personnes formées dans ce domaine d’ici à 3 ans, créer de nouveaux cursus et de nouvelles formations.

A quoi ressemblera la collaboration entre Homme et IA  ?
 
L’exemple parfait que je connais bien est celui de notre propre IA, Yatedo Talent, qui est une solution de sourcing capable d’identifier les meilleurs talents sur le web. Est-ce que cela signifie que notre IA va prendre la place des recruteurs ? Pas du tout. Elle automatise les tâches répétitives à faible valeur ajoutée (comme l’identification des profils) et permet aux recruteurs de se concentrer sur des tâches à forte valeur ajoutée  "humaines" (mise en relation, entretien, décision). Elle recentre la fonction de recruteur sur l’humain, à qui la décision finale appartient et appartiendra toujours. Il faut imaginer l’automatisation comme l’opportunité d’une étroite collaboration Homme/IA. Les machines, si elles travaillent plus vite et sans se fatiguer, ont besoin de l’Homme qui est le seul à posséder des capacités d’adaptation.
   
Nos métiers vont se transformer mais l’IA ne prendra pas la place de l’Homme. Techniquement, les IA que nous créons sont capables d’étudier, de lire, de traiter 100 millions de fois plus d’informations qu’un être humain. Elles sont capables de synthétiser ces informations pour nous fournir celles qui vont nous aider dans notre prise de décision. La peur générale suscitée par l’IA est aujourd’hui infondée car elle est très loin du niveau de l’intelligence humaine. Nous entrons dans la 4ème révolution industrielle, avec pour partenaire l’IA.