Quelle est la finalité
d'un outil de gestion de performances ? Contrôler
le bon fonctionnement des serveurs, ou vérifier
que chaque individu - et chaque processus métier -
travaille dans de bonnes conditions ? La réponse
paraît logique : s'il faut choisir de braquer
ses projecteurs sur une problématique, ce sera
donc sur le bon fonctionnement des processus métiers
et le confort des utilisateurs finaux, plutôt que
sur la fiabilité des serveurs. Un nouveau problème
qui se révèle beaucoup plus vaste...
Révolution
sémantique
Cette révolution sémantique
a mis pourtant plusieurs dizaines d'années à
s'imposer. Mais elle déferle aujourd'hui sur
le petit monde de la gestion des performances comme
une lame de fond. A tel point qu'un éditeur qui
lance un nouveau produit doit faire référence
à deux vocables : "end user" et
"business process". Sandra Delaquaize, brand
manager de Tivoli chez IBM France confirme que "c'est
la problématique qui a le vent en poupe en ce
moment. Le business process est devenu un grand sujet
pour nous depuis que nous avons lancé Tivoli
Services Level Advisor en avril. Cette nouvelle approche
permet aux DSI de se poser en prestataire de services
par rapport à leur direction".
Pour Christophe Richard,
responsable avant vente de BMC, "L'approche end-user
est clairement plébiscitée par les directions
informatiques. Les DG négocient de plus en plus
souvent des contrats de service avec les DSI, dans lesquels
figurent clairement le respect des temps de réponse
des applications". Hervé Dhelin, directeur
marketing de Mercury renchérit : "Les
responsables informatiques avaient tendance à
dire 'ce n'est pas chez moi que ca ne marche pas,
ce n'est pas ma faute'. Mais les temps ont changé :
les directions exigent maintenant que tout fonctionne,
point à la ligne. Peu leur chaut de savoir à
quel serveur on doit la baisse de qualité du
service".
L'utilisateur
final au coeur du système
Le temps
ont changé, mais comment se traduit ce bouleversement
de perspective ? Par la mise au coeur du système
de l'utilisateur final : plutôt que de déposer
un agent sur les matériels et les serveurs seulement,
on dispose également cet agent directement sur
le poste client de l'utilisateur. De quoi donner une
mesure fiable de la disponibilité des applications
"end user". Les résultats obtenus serviront
de nouveau point de départ au processus de gestion
des performances : si le temps de réponse
des postes utilisateur s'allonge, le DSI devra se pencher
sur le problème.
De nombreux produits permettent
de contrôler la qualité de service sur
le poste de l'utilisateur final. Chez BMC, "on
met en place une applet java très légère
sur les postes clients, qui effectue quelques mesures
de test. Cette applet renvoie les informations en XML
à une console spécialisée. Mais
il existe une deuxième solution : on peut
faire appel à un robot qui enregistre le fonctionnement
d'une application, et qui rejoue par la suite son comportement
depuis n'importe quel point du réseau, à
n'importe quel moment du jour et de la nuit. Tout celà
dans le but de faire des mesures de performance, bien
sûr".
Les
processus métier à l'honneur
Hervé
Dhelin (Mercury) poursuit : "nous enregistrons
toutes les actions de l'utilisateur sur son ordinateur,
mot de passe inclus, peu importe le protocole de communication
qu'il utilise pour communiquer vers l'extérieur.
Cela nous permet de déterminer la qualité
de service sur son poste. On peut aussi utiliser le
script constitué à partir de l'observation
du système, et le rejouer depuis le même
poste, ou depuis n'importe quel endroit dans l'entreprise.
C'est la solution qu'a adopté Renault".
Et pour ceux qui souhaitent tout monitorer dans le détail,
"il est encore possible de dupliquer l'intégralité
du flux généré par chaque poste
et de l'analyser dans le détail".
L'utilisateur final est
roi. Quid du métier de l'entreprise dans sa globalité ?
Les directions informatiques apprécient tout
autant qu'on le place sur un trône. "L'idée
est d'aligner les ressources techniques avec le processus
métier de l'entreprise. La qualité de
service sur le poste de l'utilisateur n'est alors qu'une
partie d'une plus vaste problématique" explique
Sandra Delaquaize de Tivoli. En clair : on rassemble
toutes les informations qui permettent de vérifier
qu'une ligne de métier bénéficie
de la qualité de service qui lui est due.
Une
approche complémentaire
L'approche
en terme de 'business process' permet de classer les
points sensibles par ordre de priorité, car "il
est moins préjudiciable d'avoir un temps d'accès
en baisse sur une application non stratégique
que de ne plus pouvoir accéder
au point le plus sensible d'un ERP".
Finie l'époque ou l'administrateur contrôlait
son système d'information par grande famille
technologique - stockage, base de données,
réseau ... Ce sont les poumons de l'entreprise
qui se retrouvent propulsés au coeur des consoles
de monitoring de la direction informatique.
Attention à ne pas
aller trop loin : les approches 'end user' et 'business
process' ne peuvent pas remplacer les approches traditionnelles :
elles sont seulement complémentaires. Une fois
le problème isolé, il faut encore le résoudre.
Une console classique reste un excellent outil d'investigation,
dont on ne peut pas se passer à l'heure actuelle.
Mais elle tend à devenir un outil secondaire,
précédé par la surveillance des
'processus métiers' et des postes 'end user'.
Pourtant, ces deux approches
laissent un goût d'inachevé : elles
permettent seulement de mieux panser les plaies du système
d'information. En vertu du vieil adage selon lequel "mieux
vaut prévenir que guérir", les éditeurs
ont imaginé des outils de test qui permettent de
précéder les problèmes, outils abordés
dans le troisième
volet de ce dossier.
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