Infrastructure/Chantiers
Les quatre vies du PDA
Anarchie ou centralisation ? Le DG d'Extended Systems - Pascal Brière - a une vision très concrète du déploiement des PDA en entreprise. Le bilan en quatre stades de développement. (Mardi 14 janvier 2003)
     
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Au milieu des années 90, les directions informatiques sont bombardées par de petits appareils à la mode, faciles à perdre et difficiles à administrer : les assistants personnels. L'objet a tout pour plaire au salarié, et tout pour agacer le technicien. Presque dix ans après son apparition, le PDA est désormais reconnu comme un objet utile, capable dans certains cas de doper la productivité de l'employé. Les administrateurs ont-ils pour autant accueilli le petit nouveau avec un sourire ?

Pas si sûr si l'on en croit Pascal Brière, DG d'Extended Systems pour la France. Son entreprise réalise des outils de synchronisation du PDA aux applications d'entreprise (messagerie, ERP, etc.). Il est quotidiennement confronté aux problèmatiques engendrées par l'intégration des PDA chez ses clients. D'après son expérience, on peut répartir les entreprises en quatre groupes, des plus passives aux plus enthousiastes.

Les entreprises les plus laxistes "ne contrôlent rien ou presque - rapporte Pascal Brière -, elles ne font rien pour l'épanouissement des PDA dans leurs murs. D'autres prennent le problème à bras le corps, et mettent en harmonie les PDA avec les serveurs de messagerie, ce qui se révèle souvent fort rentable".

Puis viennent le troisième et le quatrième stade : "Les plus volontaires développent des applications qui tirent parti des possibilités du PDA, et les plus courageuses débarquent carrément leur ERP sur les assistants personnels". Ces quatre stades sont repris et détaillés dans les tableaux ci-dessous :

Stade 1 - La désorganisation
Stade 2 - La centralisation
Stade 3 - L'appropriation
Stade 4 - L'intégration
(Tableaux issus des observations de Pascal Brière)

Quatre étapes : quatre niveaux d'investissement
Sauter d'une étape à l'autre représente un investissement chaque fois plus lourd, rentable dans certains cas seulement : "il commence à être pertinent de centraliser l'administration des PDA lorsque le parc dépasse les 20 unités". Quant au débarquement de la grosse artillerie sur le PDA - un ERP ou une appli propriétaire par exemple -, il ne se justifie qu'après un calcul de ROI savant.

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Malheureusement, les solutions sont loin d'être mûres : "il y a encore pas mal de progrès à faire, notamment du côté des PDA. On attend toujours des assistants abordables capables de communiquer tous azimuts". Mais aussi du côté des applications : "les logiciels sont en train d'évoluer vers le push, qui permettra d'envoyer une info à un PDA sans attendre qu'il se synchronise".

Résultat : les entreprises qui se lancent dans le troisième ou le quatrième stade d'intégration essuyent parfois les pots cassés. Est-il pour autant urgent d'attendre ? "C'est à voir ... Les pionniers rencontrent des difficultés, mais ils prennent dans le même temps une avance considérable sur la concurrence ... C'est un pari intéressant".

Stade 1 - La désorganisation
Scénario

Des PDA ont été introduits dans l'entreprise à la suite de démarches indivuelles, ou par de petits groupes d'utilisateurs. La direction informatique a une mauvaise connaissance de leur existence, quand elle ne les ignore pas délibérément. Le parc des PDA est très hétérogène : on retrouve du Palm OS, de l'Epoc et du Windows CE à tous les étages. Ce sont bien souvent les salariés qui doivent connecter leur assistant personnel au client de messagerie. Le support technique est parfois aux abonnés absents, il peine de toute façon à répondre aux demandes des utilisateurs.
Ce cas de figure est encore très courant, y compris dans de très grosses structures.

Applications embarquées
Les applications auxquelles les utilisateurs ont accès sont réduites au strict minimum : les mails, les contacts et l'agenda.
+
- Investissement de base

Le budget de l'informatique n'est pas grevé par de nouveaux postes, comme les licences des outils d'administration, ou les coûts de l'administration des PDA.
Mais attention : les coûts du support technique sont dans le même temps démultipliés.

-
- Satisfaction de l'utilisateur

L'utilisateur est mécontent : le support technique n'est pas toujours capable de l'aider. Notons que la synchronisation du PC et du PDA est parfois laborieuse : par exemple, les Pocket PC ne sont pas vendus avec un outil de synchronisation Lotus. Il faudra l'acheter séparément.

- Coûts de maintenance
Le support technique et l'administration sont coûteux : les interventions à distance sont impossibles, et les administrateurs connaissent assez mal le parc des PDA.
- Niveau de sécurité
Le niveau de sécurité est faible. La direction informatique n'a aucun contrôle sur les informations contenues dans le PDA, qui est  - rappelons-le - relativement facile à dérober. En outre, l'utilisateur pense rarement à crypter ses informations, et à sécuriser ses transferts. Un PDA peut être une brèche majeure dans le système d'information.
- Rentabilisation du PDA
Les données incluses dans le PDA échappent au contrôle de l'unité qui gère les connaissances de l'entreprise, et qui pourrait en tirer de la valeur, de deux façons. Soit en poussant des informations vers l'utilisateur lorsqu'il a des périodes d'inactivité, soit en exploitant les informations qu'il saisit sur le terrain.

Stade 2 - La centralisation
Scénario

Le Help Desk a fini par prendre conscience du coût de l'anarchie qui règnait, et du mauvais niveau de service dont les utilisateurs finaux bénéficiaient. La DSI a décidé de mettre en place un serveur centralisé, capable de prendre en charge la synchronisation de chaque PDA. Peu importe la marque de l'assistant, l'utilisateur se connecte à travers un programme unique à un serveur distant, qui se charge de faire le lien avec son serveur de mail et d'agenda.

Applications embarquées
Les applications auxquelles les utilisateurs ont accès sont réduites au strict minimum : les mails, les contacts et l'agenda.
+
- Coût du support technique

La configuration des PDA et la résolution des pannes s'effectue à distance. Le technicien de maintenance a accès à tout, y compris la base de registres du PDA. La solution est standardisée, et donc plus facile à administrer. Une étude de Porsche et de Daimler Chrysler montre que les coûts du HelpDesk ont baissé de 70 % environ.

- Le mail est accessible hors des murs
A partir du moment où la gestion est centralisée, on peut établir une passerelle vers l'extérieur de l'entreprise, afin que les salariés accèdent à leur messagerie hors les murs.
- Meilleur contrôle sur la sécurité
La centralisation facilite le contrôle de la sécurité : on peut agir sur la nature des informations embarquées et mettre en place des solutions de sécurisation administrées de façon centralisée. Cependant, les applications de sécurité ne sont pas encore suffisamment mûres : il existe peu de solutions de cryptage des informations contenues sur un PDA.
-
- Coût de la solution

Les coûts d'administration baissent, mais il faut acquérir les compétences et les licences qui permettent de faire de l'administration centralisée. Le calcul de rentabilité est à faire au cas par cas.

Stade 3 - L'appropriation
Scénario

L'attitude de la DSI change radicalement : plutôt que de minimiser le coût des PDA, l'entreprise tente de le transformer en une source de revenus, en générant des gains de productivité. Les employés nomades peuvent dans certains cas être beaucoup plus productifs en déplacement s'ils sont équipés d'un PDA. Les techniciens de maintenance feront leur rapport sur le terrain et commanderont les pièces en temps réel, les visiteurs médicaux exploiteront leurs temps morts pour remplir leurs formulaires, etc.

Applications embarquées
Les applications sont beaucoup plus pointues : des outils de gestion de la connaissance, de force commerciale, etc. Elles sont parfois développés sur mesure, et elles sont calibrées pour un usage bien précis.
+
- La productivité

Les employés exploitent mieux leurs temps morts et éliminent certains déplacements coûteux. Ils ont accès aux informations stratégiques sans avoir à se déplacer en un temps très court. L'économie en termes d'heures de travail justifie dans certains cas l'investissement.

-
- Pari risqué

Les applications et les technologies ne sont pas encore tout à fait mûres : comme tous les pionniers, l'entreprise prend des risques. De plus, l'investissement se monte à plusieurs dizaines de milliers d'euros.

Stade 4 - L'intégration
Scénario

On tente - ni plus ni moins - de faire entrer le système d'information dans le PDA. C'est le stade de l'intégration le plus poussé, auquel quelques rares enteprises pionnières parviennent. Toutes les applications capitales - dans lesquelles la DSI a beaucoup investi - doivent être reliées au PDA, afin d'améliorer le retour sur investissement des applications.

Applications embarquées
Tout type d'applications lourdes, comme les ERP, les systèmes SCM, les solutions CRM, etc.
+
- Le ROI du SI

Les retour sur investissement des gros applicatifs est optimisé : les employés nomades peuvent enfin les utiliser, et les autres employés y ont accès dans toutes les conditions. La valeur d'un ERP ou d'une solution de CRM s'en trouve améliorée.

- La productivité
Les employés exploitent mieux leurs temps morts et éliminent certains déplacements coûteux. Ils ont accès aux informations stratégiques sans avoir à se déplacer en un temps très court.
-
- Difficultés technologiques

Les fabriquants de gros applicatifs ont tendance à proposer des versions pour PDA très peu ouvertes. L'entreprise n'a pas le choix du terminal, ni celui des technologies annexes : il faut tout acheter chez le même éditeur et le même fabriquant. Les choses se compliquent encore lorsque l'on veut faire cohabiter plusieurs applicatifs : les choix technologiques ne peuvent plus être conciliés, sauf si l'on recourt à des applications spécifiques, placées entre le PDA et le gros applicatif, et qui jouent le rôle d'un mini EAI.

[Nicolas Six, JDNet]
 
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