Bertrand Ducurtil (Neurones) : "En infogérance, les concurrents sont limités à une grosse dizaine"

Positionnement stratégique, concurrence des SSII indiennes, marché de l'infogérance, santé boursière, le directeur général de Neurones répond aux questions des internautes.

Quel est le secteur d'activité de Neurones ?

Nous sommes une SSI qui partage son activité à 80% sur les infrastructures et à 20% sur le conseil et le développement applicatif.

Qui sont vos clients ? Dans quels secteurs économiques se recrutent ils ?

Nous travaillons avec tous les secteurs de l'économie. Notre premier secteur est celui de la banque assurance avec 32% de notre activité.

Comment s'articulent vos activités de conseil et d'infogérance ?

Nous intervenons en conseil en organisation en amont des projets d'intégration logicielle. L'infogérance concerne les infrastructures avec des contrats mixtes infrastructures et TMA assez en aval du conseil. Les responsables du delivery des contrats sollicitent les différents experts conseil et intégration dans le cadre des plans de progrès infogérance.

Quels sont les grands projets actuels qui ont la côte chez vos clients ?

Nous intégrons de plus en plus de projets de transformation lourds lors de l'initialisation de contrats d'infogérance. En particulier : consolidation et virtualisation de serveurs, gestion de postes de travail à distance (mastering, télédistribution), intérêt récent mais fort pour les CMDB.

L'an passé, vous avez créé Finaxys, une filiale spécialisée dans le conseil pour le secteur financier. Qui sont vos clients dans ce domaine ? Quelles sont les spécificités du conseil et de l'infogérance dans le domaine financier ?

Cette société est dédiée aux métiers de la finance (les BFI notamment) qui recherchent des profils mixtes finance et IT. Elle intervient en MOA plus qu'en intégration et en développement applicatif.

Où en est aujourd'hui le marché de l'infogérance ? Est-ce toujours réservé aux grands comptes ou bien ces services s'ouvrent aux PME ? Quelle est votre politique en la matière ?

C'est un marché qui reste très dynamique (+6% en infrastructures, +10% en TMA) et qui est très recherché par les SSII pour sa récurrence. Les infogérants travaillent tous en partie sur site et à partir de centres de services. Ceux qui disposent de plus de 100 contrats comme Neurones ont construit des bases d'information sur les performances obtenues sur les sites gérés. Nous savons gérer des sites de 100/200 postes de travail et plus. Ces comptes souvent intéressés par l'option hébergement et la gestion complète de leur SI.

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"Nous avons un turn over trop fort de l'ordre de 20%" © Cécile Genest / Journal du Net

Comment se sont passé les intégrations de ID Factory et Pragma Team ? Avez-vous d'autres ambitions de croissance externe ?

Début 2008, l'ensemble de nos activités web et BI, 200 personnes, dont ID Factory, a été regroupé dans une seule entité. Les premiers résultats sont encourageants pour ce projet très prometteur. Pragmateam est une société de conseil créée par des associés anciens de grands cabinets internationaux que nous connaissons de longue date. Les différentes entités du groupe les chargent de nombreux dossiers sur lesquels ils peuvent intervenir. Les besoins sont là. Nous souhaitons aller plus loin dans le conseil.

Vous annoncez des embauches, 800 en 2008. Vous avez actuellement 2100 salariés. Comment allez vous faire pour intégrer plus de 25% de nouveaux effectifs en une année ?

Comme la plupart de nos confrères, nous avons un turn over trop fort de l'ordre de 20% actuellement. Notre programme de recrutement nous permettra d'augmenter notre effectif net d'environ 300 personnes en 2008.

Quels types de profils recherchez vous ?

Pour les principaux : ingénieurs systèmes et réseaux, chefs de projets infra et appli, directeurs de comptes infogérance, consultants BI et SAP, experts java, .net, architectes, DBA, administrateurs et techniciens, techniciens de support. 20% de jeunes diplômés.

Le marché de l'emploi est tendu selon le Syntec. Quel est votre avis sur cette question ?

C'est parfaitement ce que nous ressentons. Nous n'avons jamais eu autant de demandes clients en attente. Il nous faut être très inventifs sur de nouvelles idées de canaux de recrutement. Par exemple, nous avons un programme interne de formation "Campus" qui concernera 60 personnes en 2008 dans les métiers du support. Toutes les sessions sont déjà pleines.

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"Nous avons déjà fait des réponses mixtes avec des SSII Indiennes. C'est intéressant." © Cécile Genest / Journal du Net

Quelle est la position de Neurones sur le contrat de projet ? Y etes vous favorables ?

Globalement, les nouveaux contrats de travail seront une avancée. Nous devrions très majoritairement utiliser comme aujourd'hui les CDI et utiliserons les contrats de projet pour des situations très spécifiques. Par exemple, nous avons pratiqué leurs prédécesseurs, les contrats de chantier, dans les télécoms lors des déploiements des réseaux de téléphonie mobile.

Selon vous, qui sont vos concurrents ?

Outre les SSII majeures, nous avons des concurrents métier par métier. Les parts de marché étant très éclatées, les concurrents contre lesquels nous sommes en short list sont très divers. Ceux que nous rencontrons le plus fréquemment ne représentent pas plus de 10% des cas. C'est une caractéristique de notre métier. En infogérance seulement, les concurrents sont limités à une grosse dizaine.

Craignez vous la concurrence des SSII indiennes ou voyez vous leur présence comme complémentaire à votre activité ?

Les activités récurrentes auront toujours une partie front, souvent importante, et une partie back office. Nous en sommes à la phase de démarrage du marché de l'offshore des infrastructures. Les rôles des uns et des autres seront différents, mais chacun aura une place. Il faut écouter, étudier les process, expérimenter et s'adapter. Nous avons déjà fait des réponses mixtes avec des SSII Indiennes. C'est intéressant.

Que pensez vous des déboires actuels d'Atos ? Quelle est votre situation boursière à vous et comment faites vous pour éviter les dissensions au sein de l'actionnariat ?

Quelle que soit l'évolution de sa gouvernance, Atos est un grand confrère qui restera sur le marché sous une forme ou sous une autre. Le cours de Neurones est stable sur un an ce qui est un peu décevant quand on sait que notre résultat a augmenté de 50% en 2007 par rapport à 2006. Mais nous avons forcément suivi au moins en partie l'évolution des multiples des SSII.