Comment Oracle incite ses clients à basculer vers le cloud

Comment Oracle incite ses clients à basculer vers le cloud Depuis un an, Oracle met les bouchées doubles pour promouvoir ses solutions SaaS, PaaS et IaaS. Le but : accélérer la migration des logiciels installés sur site vers le nuage.

Ses derniers résultats financiers l'ont montré. Oracle a adopté une stratégie résolument tournée vers le cloud. Sur son exercice fiscal clos fin mai, le groupe IT américain enregistre 10% de son chiffre d'affaires dans ce domaine, soit 2,9 milliards de dollars. Au sein de cette somme, le SaaS (Software as a Service) et le PaaS (Platform as a Service) représentent 2,2 milliards de dollars, en progression de 52% sur un an, et le cloud public d'infrastructure (IaaS) 640 millions (+11%).

Cap sur les 10 milliards de dollars de chiffre d'affaires tirés du SaaS et du PaaS

Et ce n'est qu'un début, Larry Ellison, fondateur d'Oracle, a récemment déclaré que son entreprise pourrait être la première à atteindre le seuil symbolique des 10 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel tirés du SaaS et du PaaS. A titre de comparaison, Salesforce devrait réaliser 8,3 milliards de dollars cette année, et SAP a enregistré 2,3 milliards d'euros de revenus dans le cloud en 2015.

Mais à la différence de ces deux derniers acteurs qui mettent l'accent sur le SaaS, Oracle a décidé de bâtir son offre sur les trois piliers du nuage : SaaS, PaaS et IaaS, ces briques se complétant. Le IaaS accueille la couche de PaaS qui va exécuter les solutions en mode SaaS. Lancée véritablement l'an dernier, le IaaS d'Oracle n'a toutefois pas vocation à concurrencer venir Amazon Web Services, Microsoft Azure ou IBM SoftLayer. Du moins pas dans l'immédiat. Parti sur le tard, Oracle Cloud se retrouve dans le peloton de queue du dernier indicateur de Synergy Research Group.

Une offre qui s'élargit à coups d'acquisitions

Pour Olivier Renaud, PDG d'Easyteam, société de services partenaire Platinum d'Oracle, "Oracle ne joue pas dans la même cour qu'AWS ou Azure. L'offre est encore émergente. Il s'agit plus d'un environnement de développement et de test que de production. Mais c'est toujours pareil avec Oracle. Le groupe n'est jamais le premier au départ mais finit par le devenir. Il rattrapera son retard soit par développement organique soit par acquisitions."

Et les emplettes ont déjà commencé. En février, Oracle aurait mis 500 millions de dollars sur la table pour s'offrir Ravello Systems, une start-up américaine qui a développé une technologie facilitant le portage des applications sur les clouds publics d'Amazon, Microsoft ou Google.

Fin mars, le groupe américain annonçait aussi son offre "Oracle cloud machine" qui permet de bénéficier des services et de la puissance de calcul du IaaS mais en laissant les données dans le data center du client, bien à l'abri derrière son pare feu. Le service propose, aussi, des services managés sur les couches basses (logs, machines virtuelle…).

Une vision du cloud comme un système intégré

En attendant d'être un acteur qui compte dans le cloud public, Oracle destine surtout son triptyque SaaS-PaaS-IaaS à ses clients existants, dont une majorité de grands comptes. Il s'agit dans le cadre de leur transformation numérique d'accompagner la migration de leurs logiciels installés sur site (on-premise) vers le nuage.

"Quel que soit le cloud, privé, public ou hybride, une entreprise doit pouvoir migrer d'un environnement à l'autre très simplement sans avoir besoin de réécrire le code. Le code étant similaire dans les trois cas. C'est l'approche 'lift and shift'", avance Christophe Bougot, directeur business development et solutions cloud pour la zone EMEA chez Oracle.  

Une approche sur-mesure... et sans couture entre IaaS, PaaS et SaaS

Pour Olivier Renaud, c'est cette vision intégrée et globale du système d'information qui fait la force d'Oracle, à la différence de l'approche modulaire d'un AWS. Dans le cadre de gros projets, Oracle peut faire du sur-mesure alors qu'AWS propose le même contrat standard, que l'on soit une start-up ou un grand compte.

Une offre SaaS couvrant les principales briques métier

A la différence de Salesforce et Microsoft qui concentrent leur leadership respectivement sur le CRM et la bureautique, Oracle dispose d'un portefeuille SaaS particulièrement complet. Il comprend un ERP, mais aussi des solutions d'EPM (pilotage de la performance), HCM (management du capital humain), SCM (gestion de la chaîne logistique), ou CX (gestion de l'expérience client).

Une panoplie d'outils qui s'étoffe à coup d'acquisitions pour répondre notamment à des besoins sur des marchés verticaux. En avril et mai, Oracle a déboursé 1,2 milliard de dollars pour s'emparer de Textura, éditeur dans la gestion de projets pour les entreprises du bâtiment, puis d'Opower, fournisseur d'une solution de gestion de la relation client pour les acteurs de l'énergie.

En matière de PaaS, Oracle a également quelques atouts à faire valoir. Le fournisseur peut capitaliser sur son expertise en matière de système de gestion de base de données (SGBD) et de middleware (WebLogic, Fusion). Il est aussi propriétaire du langage Java depuis le rachat de son concepteur, Sun, en 2009.
 

Une pression commerciale sur les clients pour passer au cloud

On le voit, Oracle fait tout pour accélérer la transition de ses clients vers le cloud. Jusqu'à leur forcer la main ? DSI d'Air Liquide Ingénierie et président de l'AUFO (Association des utilisateurs francophones d'Oracle), Jean-Jacques Camps note que "la pression de la part d'Oracle pour pousser ses offres cloud est extrême, visiblement toute l'organisation des ventes est 'incitée' à les promouvoir."

La coexistence "tranquille" entre SaaS et on-premise ne serait plus mise en avant

"Contrairement à ce qui était mis en avant il y a un an ou deux, la coexistence 'tranquille' et transparente entre SaaS et on-premise n'est plus mise en avant comme élément clé. Le focus porte plutôt sur la rapidité du cycle d'innovation permise par le cloud, le changement de version d'un ERP s'opérant tous les 3 à 4 ans en général, dans sa version on-premise", constate Jean-Jacques Camps.

Pour Christophe Bougot d'Oracle, la pression pour accélérer les migrations vers le cloud est plutôt interne. "Chez nos clients confrontés à des risques d'uberisation, les services IT sont invités à déployer plus rapidement et à faire des mises à jour au fil de l'eau. Ce que leur permet le cloud", note Christophe Bougot. Chez Easyteam, Olivier Renaud fait, lui, le pari du temps long. "La migration vers le cloud se fera à l'échelle de la décennie. Et toutes les organisations n'iront pas dans ce sens, notamment les administrations, les entreprises réglementées ou du secteur de la défense", pointe le consultant.

"Cloud computing - JDN"