Cédric Mangaud (Abaxia) "Les ingénieurs biélorusses se démarquent par leur débrouillardise"

L'éditeur de solutions professionnelles pour la téléphonie mobile a créé une filiale en Biélorussie pour ses propres besoins. A la clé, un vivier d'ingénieurs très bien formés.

Abaxia est une société française spécialisée dans le développement d'applications pour les téléphones mobiles. Elle permet la mise en avant de services utilisateurs sur l'écran d'accueil des téléphones portables. Pour ses besoins propres, elle a mis en place une équipe de développeurs en Biélorussie. Son président, Cédric Mangaud, nous livre les détails de ce déploiement. 

JDN Solutions. Comment se répartissent vos effectifs entre la France et la Biélorussie ?

Cédric Mangaud. Nous sommes 55 personnes aujourd'hui dans la société et nous tablons sur un effectif de 70 personnes d'ici la fin de l'année. La moitié des effectifs travaille en France, l'autre moitié en Biélorussie. Des équipes techniques sont donc présentes des deux côtés, nous n'avons pas cherché à tout miser sur la Biélorussie.

Nous avons au contraire voulu créer une véritable symétrie des équipes en ayant de chaque côté des développeurs clés, des "team leaders", chacun d'entre eux étant le point de contact unique, sur sa partie, de l'autre entité. Avoir un seul point de contact sur place est une des clés du succès.

Quelles sont les autres clés du succès pour travailler à distance avec une équipe biélorusse ?

La maturité de la société en France est une autre clé pour réussir. L'organisation interne de la société en France est primordiale car il faut être bien organisé pour bien déléguer. Il faut également que la société soit complètement bilingue, ce qui est notre cas : toute notre documentation est en anglais.

Troisième élément : s'appuyer sur une personne de confiance pour monter la structure sur place. Nous avons ainsi, dans un permier temps, envoyé quelqu'un de chez nous habiter en Biélorussie pour ensuite créer la filiale. Si nous n'avions pas eu quelqu'un de proche et de fort, nous n'aurions pas pu fonctionner comme nous l'avons fait.

Enfin, il y a la volonté du management de faire son internationalisation. Cela nécessite de faire des compromis : si des personnes ne sont pas alignées sur l'international, il ne faut pas qu'elles restent dans la structure.

Quels effets votre implantation en Biélorussie a-t-elle sur les coûts de vos prestations ?

Nos prestations ne sont pas forcément moins chères car nous pouvons mobiliser plus de monde sur nos projets

L'international implique une réduction des coûts, mais pas seulement. Etant donné que nous réalisons 80% de notre chiffre d'affaires à l'étranger, le fait d'être en mesure de prouver à nos clients que nous pouvons être présents sur des sites situés dans des pays différents est un élément clé de notre démarche commerciale. Cela prouve que nous savons gérer du multisite, donc que nous sommes organisés.

Mais pour répondre précisément à votre question sur les coûts, on peut réduire ces derniers de deux à trois fois sur les développements. Mais il y a des coûts qui viennent se rajouter : les cahiers de charges doivent être plus complets, il y a plus de réunions, plus de processus en interne, plus de voyages - quelques allers-retours par mois - plus de dépenses de téléphone...

Au final, il y a une vraie économie potentielle mais nos prestations ne sont pas forcément moins chères car nous pouvons aussi mobiliser plus de monde sur nos projets, ce que nous ne manquons pas de faire.

Quels sont dans ce cas les avantages d'une implantation en Biélorussie ?

La Biélorussie présente une seule heure de décalage avec la France et il existe des vols directs Paris / Minsk de moins de trois heures. Ce n'est donc pas l'autre bout du monde, il est possible de faire un aller-retour en un ou deux jours.

Le véritable déclencheur pour nous a été la signature d'un contrat avec deux universités de Biélorussie

Mais le véritable déclencheur pour nous a été la signature d'un contrat avec deux universités de Biélorussie. Nous avons ainsi créé l'Abaxia Academy sur place. Minsk est historiquement une des villes où il y avait le plus d'ingénieurs qui sortaient des universités dans l'ex-URSS. Ces universités sont très fortes en sciences informatiques et en mathématiques, c'est ce binôme nous a intéressés.

Les ingénieurs biélorusses sont-ils aussi bons que les ingénieurs français ?

Ce qui les caractérise avant tout, c'est leur débrouillardise. Dans notre métier, les environnements sont petits, le code doit être optimisé pour ne pas prendre trop de mémoire. Il faut donc trouver des astuces et être créatifs pour que l'expérience utilisateur soit la meilleure possible. Je dois dire que je n'ai pas retrouvé ces caractéristiques en Inde ou en Chine. L'autonomie des ingénieurs biélorusses est plus forte qu'ailleurs.

Quel est votre usage de la vidéoconférence ?

Nos développeurs ont au quotidien de la vidéoconférence avec leurs homologues. La vidéoconférence nous a coûté 10 000 euros d'investissement et nous coûte chaque mois 500 euros. Je pense que c'est un mode de communication qui est sous-exploité aujourd'hui.