ERP en mode SaaS : les raisons d'un échec

ERP en mode SaaS : les raisons d'un échec Faiblesse de l'offre, couverture fonctionnelle uniformisée, manque de personnalisation... Les lacunes des ERP dans le Cloud sont nombreuses, surtout aux yeux des grands comptes et du middle market.

Pierre angulaire du système d'information des années 90, l'ERP (Enterprise Resource Planning) est historiquement présent chez les grands (et très grands) comptes. Ce n'est pas le cas de son cadet, l'ERP en mode SaaS, qui peine à rencontrer le succès auprès des entreprises. Et cela, même aux Etats-Unis, pourtant Terre de prédilection des adeptes des solutions SaaS.

"Les leaders actuels comme Workday n'ont d'ERP que le nom et se limitent en fait à des back offices financiers ou RH. Aucun acteur sérieux de ce marché n'ose encore prétendre pouvoir répondre à tous les besoins d'une grande entreprise", explique d'entrée Louis Naugès, PDG de Revevol.

Pourtant, plusieurs acteurs se sont lancés sur le marché des ERP en mode SaaS. NetSuite, par exemple, affiche 236 millions de dollars de chiffre d'affaires pour 2011, mais aussi une perte nette de 32 millions. Il y a aussi SAP, bien sûr, avec Business ByDesign, mais cette offre a rencontré de grandes difficultés, en termes d'adoption notament, depuis son lancement en 2007. A une autre échelle, on citera également l'initiative de l'éditeur français Divalto qui, en rachetant Idylis, tente de se faire une place sur un marché difficile à adresser.

"Si l'offre en matière d'ERP en mode SaaS n'est pas si foisonnante c'est qu'elle n'est pas forcément pertinente" (Alain Prasquier - ODM technologies)

"Si l'offre en matière d'ERP en mode SaaS n'est pas si foisonnante, c'est qu'elle n'est pas forcément pertinente. On ne voit pas bien en effet l'avantage d'un ERP en mode SaaS pour un grand compte qui a des besoins très spécifiques, et ce à quoi le SaaS ne peut pas répondre, par nature", juge de son côté Alain Prasquier, président d'ODM Technologies.

L'ERP tel qu'on le connaissait n'aurait donc aucun atout pour séduire les grands comptes en mode SaaS ? Cela semble être bien le cas. D'abord pour une raison historique : les grandes entreprises utilisent aujourd'hui des ERP internalisés qui s'apparentent souvent à de gigantesques usines à gaz logiciel. Elles peuvent donc hésiter à risquer une délicate migration vers le SaaS de la totalité des fonctions (transverses, support, cœur de métier...).

Cela représenterait bien plus de contraintes - en particulier de temps et de complexité liés à la redéfinition de leurs processus métiers - que d'avantages (coût, mise à jour, maintenance...). Pour elles, miser sur le Cloud avec parcimonie afin de répondre à des besoins métiers ciblés pourrait bien être une voie plus intéressante à suivre.

ERP en mode SaaS versus agrégation de composants SaaS spécialisés

"Il commence à exister des solutions de gestion de production en mode SaaS de qualité, mais elles sont très spécialisées et disposent de liens avec d'autres solutions SaaS plus classiques pour la partie back office. C'est le cas, par exemple, aux Etats-Unis avec la solution de gestion de production Rootstock,  qui dispose de liens avec NetSuite, application SaaS back-office", fait ainsi savoir Louis Naugès (Revevol).

Autre frein empêchant l'essor des ERP en mode SaaS, notamment chez les grands comptes : le manque de possibilités de personnalisation. Conséquence : "La bonne réponse, dans le respect de la culture Cloud, peut-être l'agrégation de composants SaaS spécialisés, chacun répondant à un besoin particulier avant leur connexion à des applications cœur de métier le plus souvent réalisées sur mesure et hébergées dans des clouds privés, gérés par l'entreprise ou hébergés", poursuit Louis Naugès.

La problématique est cependant différente pour les entreprises de taille plus modeste."Une entreprise qui part de zéro et qui n'a pas de processus à implémenter gagnera énormément de temps et d'argent en optant pour un ERP en mode SaaS. En revanche, que se passera-t-il si au bout de 5 ans si l'entreprise, pour des raisons commerciales, de licences, ou encore de choix de plate-forme, veut faire marche arrière mais après avoir investi de l'argent dans une solution dont elle n'est en aucun cas propriétaire ?", prévient Alain Prasquier (ODM Technologies).

Le choix de se tourner vers un ERP en SaaS est donc loin d'être seulement lié aux problématiques de sécurité, de disponibilité et de scalabilité des solutions. Des problématiques auxquelles les éditeurs apportent aujourd'hui des réponses a priori satisfaisantes.

"Des dizaines d'études montrent que le ROI des véritables applications SaaS tel que Google Apps, Salesforce.com, SuccessFactors et Adaptative Planning est très élevé pour des usages transverses qui permettent de profiter des qualités intrinsèques des solutions SaaS, à savoir l'industrialisation et la mutualisation. Les bénéfices du SaaS/Cloud sont, ou seront au rendez-vous, si l'on ne cherche pas à déployer un ERP", conclut Louis Naugès, PDG de Revevol.