Jean-Maurice Fritsch ( Osiatis) "Dans le Cloud Computing, il y a pour l'instant plus de questions que de réalisations"

La SSII spécialisée dans les infrastructures constate un retour à la croissance depuis le premier trimestre 2010. Elle envisage dès lors une nouvelle opération de croissance externe.

JDN Solutions. Considérez-vous être totalement sorti
de la crise ?


Nous avons plutôt bien résisté à la crise. Nous avons atteint notre point bas au deuxième trimestre 2009. Notre effectif n'a baissé que de 100 personnes cette année-là, ce qui est assez peu par rapport à nos 3 000 employés. L'activité Services aux applications, soit 15% de notre activité, a été plus touchée que celle dédiée à la gestion des infrastructures.

La croissance est de retour depuis le premier trimestre de cette année. Et la tendance s'est confirmée au deuxième trimestre, ce qui est de bon augure pour le troisième. Même s'il y a des signes encourageants, il ne s'agit pas d'un redémarrage violent de l'activité. Nous avons pu signer de nouveaux projets, mais nous constatons que le contexte a plutôt favorisé des projets de taille relativement modeste et au ROI rapide.

En termes d'effectif, nous devrions retrouver fin 2010 le même niveau qu'en 2008, avant la crise. Nous avons aussi une bonne structure financière et réduit notre endettement.

Les perspectives que cela nous ouvre nous poussent à envisager éventuellement une acquisition. Cette opération de croissance externe dans le domaine de l'infrastructure serait du même ordre que celle que nous avons réalisée avec l'acquisition de la partie gestion des infrastructures en Ile-de France du groupe Astek. Mais il n'y pas tant de possibilités et d'acteurs sur le marché. Quant à notre croissance à l'international, elle devrait se tasser.

"La crise a renforcé la tentation de l'offshore"

La pression sur les prix vous a-t-elle poussé à développer votre activité offshore ?

Nous sommes sur un marché concurrentiel, et la crise a notamment renforcé la pression sur les prix et donc, la tentation de l'offshore. Il y a presque eu une mode, mais le modèle a aussi montré certaines limites.

Le recours à l'offshore engendre aussi des coûts, en direction de la gestion projet et en pilotage. Ce qui réduit son avantage compétitif, pour des petits projets notamment. Il faut aussi veiller à la qualité et à l'adéquation entre le besoin des clients et la prestation proposée. Certains centres de support offshore peuvent ne pas assurer la même qualité de prestation, et la satisfaction du client final n'est plus du tout la même. Quand les prix baissent, la qualité peut aussi être impactée. Or, rehausser la qualité de la prestation peut justifier une hausse des tarifs, ce qui peut être intéressant aujourd'hui.

Nous ne sommes pas opposés à externaliser certaines prestations en dehors du pays, ce que nous faisons d'ailleurs dans certains cas. Il y a de la place pour plusieurs modèles, mais l'offshore n'est pas adapté pour tous les projets.

Vous avez récemment annoncé votre offre Cloud : c'est un modèle qui vient révolutionner votre activité d'infogérance ?

En tant qu'infogéreur, améliorer l'accès aux ressources et mieux assurer les montées en charge font partie de nos missions. Le Cloud le permet, même si ce n'est pas une rupture technologique. L'enjeu se situe plus sur la généralisation d'un mode de fonctionnement avec une philosophie différente, et des architectures qui deviennent plus sophistiquées.  

Le modèle va connaître une évolution progressive. Aujourd'hui, les clients font surtout des études de faisabilité, et les projets ne concernent pas le spectre total du SI mais ciblent par exemple juste les utilisateurs nomades.

Les clients demandent à voir les capacités : il s'agit pour l'instant plus de questions que de réalisations. Notre offre vise justement à aider les directions informatiques à déterminer les opportunités d'évolution de leur SI vers des plates-formes de type Cloud. Dans le même but, nous avons aussi lancé l'initiative DDCR [ndlr Dynamic Datacenter to be Cloud Ready] avec Microsoft. Cette dernière offre couvre toutes les étapes du processus de transformation, de l'étude d'opportunité jusqu'à la migration vers un datacenter sur site client ou géré par Osiatis.


Jean-Maurice Fritsch, co-préside le groupe Osiatis avec Bruno Grossi. Il est diplômé de l'IEP Paris et titulaire d'une maîtrise d'économie et d'un DESS de commerce extérieur. Il a débuté sa carrière en 1984 comme trader chez Louis Dreyfus, avant de rejoindre, en 1986, Thalès (ex-Thomson-CSF). Il a exercé la fonction de directeur administratif et financier au sein de plusieurs unités du groupe dont Sodeteg et Thomainfor, dont il prend la direction générale en 1997. En 1998, Jean-Maurice Fritsch devient membre du directoire d'Osiatis, et directeur général du groupe. En mai 2008, le conseil de surveillance d'Osiatis le nomme président du directoire.