RIM en mal de relais de croissance

Les derniers résultats trimestriels du Canadien sont très décevants. Des licenciements sont annoncés. RIM traverse une crise qui devrait modifier sa stratégie et son identité.

Tous les indicateurs sont en baisse. A l'occasion de la publication de ses résultats trimestriels, RIM annonce des revenus de 4,9 milliards de dollars. Un chiffre d'affaires qui a fondu de 16% en un an, et de 12% par rapport au trimestre précédent. Idem pour les bénéfices qui s'élèvent à 695 millions de dollars, c'est-à-dire nettement moins que les 769 millions du même trimestre l'an dernier, et que les 934 millions du trimestre précédent.

RIM a également dû baisser, une nouvelle fois ses prévisions. Cette fois-ci, le groupe annonce que ses revenus annuels devraient baisser de 20%.

Le fabricant a également dû se résoudre à annoncer qu'il va devoir effectuer des licenciements. Le Canadien n'a pas encore donné de chiffres, mais simplement indiqué "qu'ils commenceraient à licencier "au cours du deuxième trimestre" de son exercice fiscal, qui vient de commencer. C'est donc imminent.

 

Nouveaux Blackberry

RIM a également dû admettre avoir vendu moins de BlackBerry que prévu. Pour la première fois depuis 2005, les ventes de Blackberry affichent en effet une décroissance trimestrielle. Or, plus des trois quarts du bénéfice de RIM (78%) provenaient ce dernier trimestre, des ventes de matériel. 

Fleuron du Canadien, ces smartphones et surtout les fameux BlackBerry Enterprise Server ont su cibler, et même convaincre, les entreprises. Les fonctionnalités de synchronisation, avec des applications utiles aux professionnels (Exchange, Lotus Domino, Novell GroupWise) mais aussi d'administration, et surtout de chiffrement ont été des atouts séduisants les DSI.

Cependant, leur prédominance sur le marché de l'entreprise ne semble plus autant garantie qu'avant. De grandes DSI, celle de Total par exemple, mais aussi des banques internationales comme Citigroup ou Bank of America, ne cachent désormais plus lui préférer d'autre terminaux, notamment ceux d'Apple. La marque a d'ailleurs assez clairement changé sa communication et ses campagnes de publicité, désormais plus orientées vers le grand public, voire les jeunes.

 

RIM annonce que "1 500 entreprises ont commandé des Playbooks "

Les relais de croissance envisagés

Les nouveaux BlackBerry annoncés ont évidemment été pensés pour relancer la dynamique de ventes. 

Lors de la présentation de ces résultats, RIM a cependant annoncé retarder la commercialisation de ces terminaux, avec OS de 7e génération. Initialement annoncés pour l'été, les Bold Touch 9900/9930 devraient plutôt être commercialisés fin aout. Le Canadien essaye également de garder des parts de marché dans les entreprises, en ayant notamment annoncé la possibilité d'administrer des flottes de terminaux hétérogènes.

Un autre éventuel levier de croissance pour RIM : le marché des tablettes, sur lequel le Canadien est déjà présent outre-Atlantique, et même depuis peu en France, avec la Playbook. Un outil qui cible, et pourra aussi intéresser les entreprises. Le fabricant n'a cependant pas pu donner le nombre de ces tablettes qui avaient été vendues lors de leur premier trimestre d'existence, ce qui n'envoie pas un bon signal.

Le Canadien prétend cependant avoir "livré environ 500 000 tablettes", ce qui ne donne pas d'information fiable sur ses ventes réelles sur un marché très largement dominé par Apple, qui n'offre, du moins pour l'instant, que des miettes aux concurrents. RIM annonce tout de même que "1 500 entreprises ont commandé des Playbooks "

 

Vers un modèle à la Nokia ? 

Conscient qu'il allait falloir souligner les points positifs de ses activités devant les investisseurs, RIM a aussi envoyé des signaux encourageants. Ainsi, Jim Balsillie, co-CEO de RIM, a bien précisé que "RIM est bien rentable et reste solide, et affiche notamment des parts de marché en pleine croissance dans de nombreux marchés à travers le monde. Avec les nouveaux produits prévus et le réorganisation de notre structure, RIM connaîtra une forte croissance des bénéfices dans la dernière partie de l'exercice 2012", dans six mois donc.

Ainsi, Jim Balsillie compte notamment sur l'international pour trouver un nouveau relai de croissance. Une stratégie qui fait clairement penser à celle  adoptée par Nokia il y a quelques années. Ce dernier, qui dominait le marché des téléphones portables, s'était presque entièrement retiré du marché américain. Il est également passé par une douloureuse réorganisation, et a notamment dû annoncer il y a quelques semaines le licenciement de 7 000 de ses employés.