Comment le PMU a basculé 1 milliard de revenu annuel dans le cloud

Comment le PMU a basculé 1 milliard de revenu annuel dans le cloud Le leader français du pari hippique transforme son système d'information de la cave au grenier. Après le digital, c'est au tour de ses systèmes cœur de métier de migrer.

Spécialiste français des paris hippiques et sportifs, le PMU gère pas moins d'un milliard de transactions par an via ses systèmes d'information. "Par comparaison, le nombre de retraits réalisés en France dans les DAB (distributeurs automatiques de billets, ndlr) s'élève à 1,7 milliard chaque année. Nous comptons par ailleurs 20 000 bornes et autres terminaux en points de vente, contre environ 50 000 distributeurs de billets dans l'Hexagone toutes banques confondues", souligne Stéphane Zantain, CIO du PMU. Le ton est donné. Depuis trois ans, le groupe a engagé un vaste chantier de refonte de ses applications. Avec à la clé deux mots d'ordre : robustesse et optimisation de la relation client.

D'un hébergement traditionnel pour le digital et en colocation pour les systèmes d'information, le groupe entend d'abord évoluer massivement vers le cloud public. Le choix du provider s'est porté sur AWS. Après l'application Turf Info, qui informe le public sur les courses et les pronostics, tous les services de prise de paris en ligne du PMU, depuis le site web jusqu'aux apps mobiles, ont basculé vers le IaaS. Des canaux qui représentent pas moins d'un milliard d'euros de revenu par an, soit 15% du chiffre d'affaires. En charge d'y exposer les services des systèmes centraux de calcul des paris, le middle office a pris le même chemin. Au total, la migration a couvert quelques 70 applications. Pour l'occasion, leur code source a été refactorisé dans l'optique de bénéficier au mieux des services d'AWS. 

"Nous ne serions jamais passés du pilote mené avec Turf Info à cette migration massive sans la mise en œuvre par AWS d'une région cloud en France, avec tous les services nécessaires. Et ce compte tenu notamment du secteur d'activité très régulé dans lequel nous évoluons", explique Stéphane Zantain. "Nous nous sommes par ailleurs organisés avec Amazon dans la mesure où l'autorité nationale des jeux doit pouvoir auditer une partie de notre infrastructure IT."

50% des coûts d'hébergement économisés

Le PMU est particulièrement intéressé par la solution d'autoscaling d'AWS. Jusqu'ici, ses applications online étaient dimensionnées pour gérer les pics de trafic des grandes courses, comme le Prix de l'Arc de Triomphe ou le Grand Prix d'Amérique. "Sachant que 50% des paris interviennent dans les 5 minutes avant le départ, ils peuvent atteindre jusqu'à 2 000 transactions par seconde", affirme Stéphane Zantain. "Dans ce contexte, AWS Auto Scaling était un excellent cas d'usage puisqu'il ajuste la puissance informatique et donc les coûts en fonction de l'amplitude d'activité." En termes de ressources cloud, l'entreprise a recours aux instances Amazon EC2 et à l'offre de stockage Amazon S3.

Résultat des courses : le PMU revendique une économie de plus de 50% des coûts sur le hosting et les services associés comparé à son contrat d'hébergement historique. "Ce ROI ne prend évidemment pas en compte les nombreux avantages qu'apporte AWS en termes de robustesse, de rapidité, d'agilité. Des éléments dont nous n'aurions pas pu bénéficier sur une infrastructure traditionnelle", ajoute Stéphane Zantain. Autre service d'AWS utilisé, Web Application Firewall (WAF) permet au PMU d'autoriser ou non l'accès à ses applications en fonction du pays d'origine des visites au regard de la législation sur le jeu. 

"Notre nouveau frontal bénéficie d'un parcours client entièrement revu sous React"

"Le chantier a représenté un vrai challenge pour nos équipes d'ingénieurs et d'architectes qui sont rapidement montées en compétences sur l'offre d'AWS", se félicite Stéphane Zantain.

Partant de technologies disparates entre web et mobile, le groupe parisien entend s'orienter désormais vers le framework React Native pour homogénéiser ces deux environnements. L'enjeu ? Aboutir à 75% de code commun à son site et ses apps (Android et iOS) tout en bénéficiant d'un design à la fois plus moderne et plus cohérent. "Ce nouveau frontal qui bénéficie d'un parcours client entièrement revu est en bêta sur AWS. Son lancement est prévu pour avril", confie Stéphane Zantain. 

Du côté des points vente (qui réalisent un CA de 7 à 8 milliards d'euros), les clients lourds développés en C et C++ doivent laisser place à un système tout neuf à base de technologies web. Le déploiement des premiers terminaux taillés pour le nouvel environnement a été donné. Quant au système cœur de métier, centré sur le calcul des paris, et développé en Cobol, il est en train d'être réécrit sous forme de microservices en langage Java, avec comme socle le framework Spring. Le projet doit être finalisé à la fin de l'année. L'enjeu suivant ? Déplacer l'édifice sur AWS. Le PMU entend capitaliser sur le cloud public pour faire gagner ce socle en robustesse en tirant partie en particulier des possibilités de tolérance de panne et de reprise à chaud d'Amazon. 

Basculer tous les serveurs de paris dans le cloud

"C'est là où nous prenons conscience de la puissance du cloud. En quelques semaines, nous avons été capables de réaliser quatre à cinq architectures de test pour le calcul de prise de paris, en combinant base de données et diverses capacités de calcul pour optimiser la robustesse. Nous simulons des pics de 5 000 transactions par seconde pour éprouver ces proof of concept. Ces scénarios auraient été impossibles à réaliser on premise", commente Stéphane Zantain. Les uns après les autres, les serveurs de jeux du PMU basculeront sur AWS. Le premier à bénéficier du IaaS sera dédié à une nouvelle offre qui permettra de prendre des paris sur plusieurs courses d'affilées (ou pari vertical). Son déploiement est prévu au quatrième trimestre 2021. Objectif du PMU : finaliser la refonte de tous ses serveurs de jeux et leur migration vers AWS d'ici deux à trois ans. 

"Nous passons l'agile à l'échelle via la méthode SaFe"

Equipé de bases de données DB2 et Oracle en interne, le PMU se prépare dès lors à faire évoluer ses data vers AWS. L'entreprise envisage notamment la possibilité de recourir à Amazon Aurora pour stocker ses informations de prise de pari. Principal avantage de ce service de base relationnelle : sa compatibilité avec PostgreSQL ou encore MySQL. Côté big data, c'est Amazon EMR qui est ciblé. Un environnement qui combine à la fois Apache Spark, Apache Hive et Presto. 

"Compte-tenu de l'ampleur de la tâche, nous souhaitons procéder par étape, avec un premier cloud. Même si les services d'AWS peuvent rendre dépendant, ils permettent néanmoins d'accélérer considérablement nos processus IT ", commente le DSI du PMU. "Au-delà de sa position de leader, le choix d'AWS est loin d'être un hasard. Ce cloud est aussi le système d'information d'un e-commerçant qui représente un chiffre d'affaires en France de près de 8 milliards d'euros, comparable au nôtre. Du coup, nous bénéficions d'un SI qui répond de facto à nos problématiques retail, par exemple en matière de gestion des pics d'activité."

Côté gestion de projet, la DSI du PMU qui compte 350 personnes s'est rapidement orientée vers le DevOps et les méthodes agiles. Des daily meetings sont organisés. "Après une première phase d'expérimentation, nous nous concentrons sur le passage de l'agile à l'échelle via la méthode SaFe. Ce qui nous a amené à lancer deux agile release trains (ou équipes d'équipes agiles, ndlr) comptant près d'une centaine d'intervenants chacun. L'un est centré sur les transactions quel que soit le système, l'autre sur la gestion de la relation client et notamment la question de la fidélisation", détaille Stéphane Zantain. Une nouvelle structuration qui vise à rendre l'organisation digitale du PMU toujours plus réactive, et capable de tirer profit au maximum de la rapidité du cloud.