Antoine Desbuquois (Impact.com) "Chez Impact.com, les annonceurs sont en lien direct avec les éditeurs "

Le DG France d'Impact.com, qui officialise l'ouverture d'un bureau à Paris, est convaincu que cette licorne américaine pourra faire bouger les lignes du marketing d'affiliation et d'influence grâce à son modèle.

JDN. Dans le monde, vous affichez de grands comptes tels que Walmart, L'Oréal, Levi's ou Uber. En France, en moins d'un an d'activité, vous embarquez notamment le secteur du web3 (Ledger, Sorare et Immortal Game) et une néobanque. Pourquoi cette spécificité ?

Antoine Desbuquois est directeur général d'Impact.com © Impact.com

Antoine Desbuquois. J'arrive avec une plateforme qui fonctionne et des références fortes. Prenons le cas d'une d'entre elles, Revolut. Cette fintech britannique prend des parts de marché aux néobanques françaises grâce à Impact. Résultat, les néobanques françaises souhaitent aussi travailler avec nous. Si les acteurs du web3 viennent, c'est parce que nous avons en commun l'approche par la technologie. La French Tech réfléchit tech : les start-up se servent de la technologie pour faire du growth, pour acquérir le plus de clients avec le moins de budgets. Sorare, par exemple, se servait au début de l'affiliation classique. Depuis qu'ils sont sur Impact, ils se sont développés non seulement en France mais aussi aux États-Unis, où ils cartonnent et où nous sommes leaders sur le marché des partenariats à la performance. Même chose pour Ledger, qui nous utilise pour être présents partout dans le monde (créée aux États-Unis en 2008, Impact.com emploie plus de 1 000 salariés et dispose de bureaux dans 20 pays en Amérique, Asie et Europe, ndlr.).

En quoi êtes-vous différents des nombreuses autres plateformes de marketing d'affiliation sur le marché ?

Je préfère me comparer au search et au social, canaux historiques d'acquisition dans le digital. J'aimerais qu'Impact devienne un réflexe chez les annonceurs, une sorte de troisième bouton aux côtés de Google et de Méta. Notre principale différence, c'est que nous sommes aux antipodes de ces plateformes par nature inflationnistes, où les CPM ne font qu'augmenter. Nous offrons aux marques un levier qui leur garantit performance et rentabilité avec maîtrise des coûts d'acquisition.

C'est le principe de base des plateformes d'affiliation. Quelle est votre différence vis-à-vis de ces dernières ?

Notre différence est de taille parce qu'en étant une plateforme SaaS nous ne nous plaçons pas entre les annonceurs et leur partenaires. Ces derniers sont en relation directe, contrairement aux plateformes d'acquisition classiques qui se positionnent entre les deux et n'autorisent pas cet accès direct pour ne pas perdre la main. Or, l'affilié souhaite proposer des dispositifs promotionnels directement à l'annonceur, et l'annonceur, contractualiser directement avec qui il veut, comme il veut et quand il veut. Et c'est exactement ce que nous leurs apportons : des outils technologiques et des templates customisables pour que ce partenariat puisse se concrétiser.

L'annonceur qui achète notre licence s'intègre à nous en server-to-server : les informations transitent de notre technologie à la leur, ce qui nous permet d'aller beaucoup plus loin que la simple génération d'un lead, d'un clic ou d'une vente. Une néobanque par exemple peut se servir de notre plateforme pour attirer le prospect et le transformer jusqu'au bout du processus, c'est-à-dire jusqu'à l'ouverture de son compte en ligne et l'utilisation de sa carte bleue, ce qui implique plein  d'étapes. Le fait que nous soyons connectés en server-to-server fluidifie tout le processus : nous accédons au CRM de nos clients, protégé par ID. Nous pouvons savoir précisément si la vente s'effectue ou à quel stade elle s'arrête.

Nous sommes également capables de générer un rapport avec la contribution de chaque partenaire publisher ayant été en contact avec le trafic qui a transformé. Tout modèle d'attribution est possible : first click, last click et bonus spécifiques pour chaque partenaire ayant contribué à transformer. Les annonceurs et les affiliés reçoivent les mêmes reportings.

Cela signifie-t-il que vous êtes totalement affranchi du tracking avec cookies tiers ?

Exactement. Nous ne dépendons pas des cookies tiers pour faire le tracking  parce que nous sommes connectés en server-to-server avec nos annonceurs et que nous nous servons uniquement de cookies first.

Avec combien et quels partenaires travaillez-vous de ce côté de l'Atlantique ?

Nous comptons 20 000 partenaires actifs en région EMEA et plusieurs milliers déjà en France. Nous offrons le panel le plus large possible d'éditeurs afin que la marque retrouve l'audience et le canal compatible avec son programme et ses objectifs : opérateurs de cashback, comparateurs de prix, blogueurs, éditeurs de contenus, partenaires BtoB, éditeurs premium (parmi lesquels en France, Le Figaro, RMC Sport, BFMTV, Le Parisien, 20 Minutes, etc.) et les influenceurs, dont notamment les nano et micro, qui fournissent des audiences de niche.

Nous sommes également connectés à toutes les marketplaces sociales, y compris TikTok Marketplace (TTM). En outre, notre logiciel permet à l'annonceur d'entrer en contact à la fois avec les publishers qui sont inscrits dans notre marketplace mais également d'en prospecter de nouveaux partout sur le web sur la base de critères (verticales, mots-clés, leviers, etc.) qu'il définit lui-même. Cette fonctionnalité d'extended search permet à l'annonceur de recruter massivement de nouveaux éditeurs grâce au gestionnaire de listes CRM et aux templates de prises de contact qui facilitent le processus. Ce sont des fonctionnalités que vous ne trouvez pas ailleurs et qui expliquent pourquoi les annonceurs qui arrivent chez nous voient tout de suite grandir leur nombre de partenaires et pourquoi leurs programmes enregistrent en moyenne une croissance de 50% de leurs revenus par an, selon l'étude Forrester que nous avons réalisée aux États-Unis.

Quel est votre modèle économique ?

Le coût de la plateforme varie en fonction du volume estimé des commissions qui sont versées par la marque aux éditeurs. C'est une licence de douze mois qui est mensualisée. Nous sommes beaucoup moins chers que les autres plateformes du marché.

Votre technologie est américaine : où hébergez-vous les données de vos clients européens ?

Toutes les données sont hébergées aux États-Unis, sachant que nous n'y transférons aucune donnée personnellement identifiable. Nos clients et prospects nous interrogent souvent sur deux types de données que nous transférons : les IP et les e-mail. Nous sommes tout à fait conformes au RGPD dans les deux cas. D'une part, les adresses IP ne sont pas des données personnelles, une adresse IP pouvant correspondre à plusieurs individus. D'autre part, les emails nous parviennent déjà cryptés et hachés de chez nos clients et nous ne disposons pas de la clé de cryptage : même si la NSA nous demandait d'avoir accès aux données, nous serions dans l'incapacité de les leur fournir. Tout est prévu dans nos data protection agreement (DPA). Notre data protection officer est basée à Londres.