Sébastien Zecchini (Valiuz) "L'accord avec Le Groupement Les Mousquetaires marquera le début de l'ouverture de Valiuz à d'autres enseignes"
La très attendue alliance dans le domaine du retail media de Valiuz avec le Groupement Les Mousquetaires sera annoncée "très prochainement", indique au JDN Sébastien Zecchini, le CEO de Valiuz.
JDN. L'alliance data et régie de retail media Valiuz est depuis plusieurs mois en négociations exclusives avec Le Groupement Les Mousquetaires autour d'un projet d'association. Où en êtes-vous ?

Sébastien Zecchini. Nous travaillons en effet sur un projet d'alliance dans le domaine du retail media. Ces négociations exclusives sont toujours en cours et vont aboutir très prochainement. Elles sont la suite logique du partenariat conclu entre Auchan et Intermarché dans le domaine des achats, il y a un an, ces deux acteurs représentant ensemble 30% du marché de l'alimentaire en France. Dans ce même état d'esprit, en s'alliant dans le retail media, ils disposeront d'une offre plus robuste à proposer aux grands annonceurs de ce secteur. D'où ce projet d'unifier les forces des régies des deux enseignes.
Est-ce le premier d'une série de projets d'ouverture de Valiuz à des retailers se situant en dehors du giron de l'Association familiale Mulliez (AFM) ?
Oui, absolument. Ce projet avec Intermarché revêt un caractère stratégique majeur pour Valiuz également pour cette raison-là : il marquera le début de l'ouverture de Valiuz à d'autres enseignes, en dehors de l'écosystème de l'AFM (dont font partie Auchan, Boulanger, Decathlon, Kiabi, Leroy Merlin, etc., ndlr). Depuis que ce projet d'alliance est devenu de notoriété publique, nous sommes fortement sollicités par d'autres acteurs qui veulent prendre part à la régie. A l'avenir, la même logique pourra être appliquée également à l'international. Par exemple, en Italie, où Auchan n'est pas présent, il est fort à parier que nous trouvions un partenaire dans l'alimentaire.
Valiuz s'internationalise depuis l'année dernière. Quelles sont vos ambitions à l'international ?
Nous avons l'ambition de couvrir 12 pays dans les trois prochaines années, dont l'Allemagne, important hub de l'e-commerce européen. Nous avons déjà ouvert l'Espagne, l'Italie et la Pologne en 2024 et nous sommes présents depuis peu en Belgique, avec Krëfel (propriété du groupe Boulanger, ndlr).
Toutes ces ouvertures à l'international répondent à notre roadmap de croissance horizontale : nous visons à opérer pour nos différentes enseignes dans les différents pays où elles sont présentes et où le retail media peut avoir un impact pour elles. Par exemple, nous venons d'ouvrir Alcampo, filiale d'Auchan en Espagne. Sur notre feuille de route il nous reste Auchan Roumanie, Pologne, Portugal, etc. Tous les Auchan souhaitent que nous les accompagnions dans leur pays.
Nous nous concentrerons dans un premier temps sur les principaux pays européens tout en testant une logique par pôle. Par exemple, à partir de l'Espagne nous piloterons également le Portugal, et la Roumanie sera adressée à partir de la Pologne.
Est-ce aussi parce que le retail media est surtout très porteur pour la grande distribution ?
L'alimentaire reste en effet aujourd'hui le secteur du retail le plus mature en matière de retail media, ne serait-ce que par le nombre de grands annonceurs très connus du grand public. Les marques de l'alimentaire sont à l'origine de la moitié de l'impact de Valiuz, elles sont très puissantes sur tous les canaux. La fréquence d'achat en alimentaire est aussi très importante. Ceci étant, les secteurs du bricolage, du sport et de l'électroménager sont eux aussi dotés de marques très fortes ainsi que de puissantes marketplaces.
Quel est aujourd'hui le reach de Valiuz ?
Valiuz réunit 18 enseignes de l'écosystème AFM autour d'une alliance data. Pour 16 d'entre elles, nous opérons également l'extension d'audience (commercialisation de leur data pour l'achat d'inventaires sur le web en dehors de leurs sites, ndlr). Nous sommes également la régie de six enseignes AFM pour la commercialisation de leurs inventaires on-site et en magasin (parmi lesquelles nous pouvons citer Auchan, Kiabi, Leroy Merlin, Boulanger et, d'après nos informations, de Decathlon ndlr). Aujourd'hui, l'AFM représente 13% de la consommation des ménages français, avec 30 millions de clients uniques actifs sur 12 mois, soit l'intégralité des foyers en France.
En 2023, Valiuz a réalisé un chiffre d'affaires net de 6,8 millions d'euros, mais un résultat courant négatif de 11,6 millions d'euros. Pouvez-vous nous expliquer ces résultats ?
Ces résultats s'expliquent par le choix de nos actionnaires de faire en sorte que Valiuz reverse le maximum de valeur à ses mandants, qui la réinjectent dans leurs propres exploitations, au service du client final. Il est donc naturel que nous ayons des comptes annuels déficitaires.
Il y a une deuxième raison à cela. Valiuz est une entreprise jeune et en très forte croissance, ce qui nous amène à beaucoup investir pour construire nos régies avec les enseignes durablement, des investissements dont les effets se récoltent ultérieurement, le temps de les matérialiser. Nous avons donc de volumes importants de capital expenditure (capex) notamment en technologie et en recrutement, qui ont pour effet de dégrader la rentabilité économique lorsque l'on regarde les chiffres isolés année par année, le build étant dissocié du run. Ce sont les actionnaires de Valiuz qui investissent dans sa structuration, via notamment les 50 millions que nous avons levé auprès d'eux en 2022.
Quelle a été l'évolution de votre CA en 2024 ?
Nous ne commentons pas encore les chiffres de 2024 (selon nos informations, Valiuz aurait multiplié par 2,5 son chiffre d'affaires en 2024, ndlr).
Quel montant parvenez-vous à générer pour vos clients, avec quel impact pour eux ?
Le volume d'affaires média (vente de data aux annonceurs et monétisation des inventaires online et en magasin, ndlr) que nous générons pour nos enseignes membres est de 50 millions d'euros en 2024. Comme nous sommes une régie intégrée, et vu le modèle que nous avons choisi, ce que nous leurs reversons représente pour eux une marge de 100%. En face, leur activité principale de retailers génère certes un volume important, mais avec des marges serrées.