La logistique de demain sera Data-Driven ou ne sera pas

Le monde de la supply chain se transforme voire connait un vrai changement de paradigme : pression de la demande, changement de modèles organisationnels, évolutions réglementaires… Les opérateurs doivent absolument s'adapter pour survivre. Dans ce contexte, un mot revient souvent : la data. Perçue comme un vrai levier de valeur, elle n'est pourtant pas simple à exploiter.

Une transformation de la Supply Chain tirée par la demande...

Vieillissement de la population, diminution du taux de motorisation en centre-ville, achats compulsifs ou ludiques de plus en plus prisés, ces phénomènes transforment les modes de consommation. La demande est de plus en plus forte dans le secteur de la livraison à domicile et de l’e-commerce pour les biens de consommation courante. Parallèlement, que ce soit en B2C ou B2B, les clients hyper connectés prennent l’habitude de recevoir des informations en temps réel et exigent donc de recevoir leur commande de plus en plus rapidement, 24h sur 24, 7 jours sur 7 avec une garantie de respecter des horaires de livraison. Cela explique l’engouement pour les modèles de livraison innovants comme le "Click & Collect" en magasin ou dans des points de livraison. La notion de store to web se développe également avec l’augmentation des coûts immobiliers. D’où la nécessité de s’adapter aux nouvelles demandes de livraison.

Et qui doit intégrer de nouvelles contraintes

Pénurie de moyens et nouvelles réglementations : les processus opérationnels des acteurs de la supply chain vont être impactés par ces 2 tendances. Et ce durablement. La limitation de la pollution dans les villes devient une priorité, et de nouvelles normes sont appliquées pour atteindre des résultats concrets. Deux enjeux voient alors le jour : la création de nouveaux carburants afin de rouler “propre” et le fait de réduire les voyages à vide. En effet, après une livraison, 50% des poids lourds font le retour à vide, ce qui est un chiffre très inquiétant au regard des enjeux environnementaux. Comme expliqué précédemment, une contrainte au niveau immobilier se crée également. Avec 3 033 000 m² commercialisés en 2019, la demande placée sur le marché français des entrepôts excède, pour la 4ème année consécutive, 3 millions de m². De plus, il y a une contrainte au niveau des emplois dans le secteur des transports. Plus de 22% des chauffeurs routiers sont en intérim ce qui entraîne de nombreuses problématiques : une pénurie de la main d’œuvre, un effet de saisonnalité, une augmentation du lead time... Il faut par conséquent rendre le secteur plus attractif pour en combler la précarité.

Pour y répondre, un levier : la data

La donnée permet de fiabiliser les flux d’informations, optimiser les processus, rapprocher facilement l’offre et la demande (via des places de marché). C’est la raison pour laquelle 60% des dirigeants d’entreprises ont amorcé la transformation digitale de leur supply chain. En revanche seuls 12% des dirigeants interrogés déclarent être aujourd’hui à un stade avancé du processus. La raison principale : la manipulation de grands volumes de données requiert des compétences et des outils informatiques spécifiques. Un exemple : le nombre d’appareils connectés dans le monde est estimé autour de 31 milliards en 2020, et plus de 75 milliards seront en service d’ici 2025 ! In fine plus d’une entreprise sur quatre n’a pas encore amorcé sa transformation ou est encore à un stade exploratoire. Cette digitalisation croissante fait peur à certains mais ne va pas entraîner la disparition d’emploi, bien au contraire elle va en créer de nouveaux : d'ici 2022 il y aura 540 000 nouveaux postes à pourvoir !

L’avenir du secteur : l’entreprise Data Driven, oui mais comment le dessiner ?

L’immense majorité des entreprises du secteur est à un stade peu avancé de la digitalisation. Tout le monde n’est pas Amazon... Pour le devenir, il faut maîtriser les cycles de vie des données, connaître parfaitement les pré requis liés à leur utilisation et avoir la capacité de passer de la datavisualisation à la data recommandation.

Les acteurs en charge de l’exploitation de réseaux de transport doivent répondre à 4 grands enjeux : prévision, planification, optimisation et suivi. Chacun de ces enjeux est déjà outillé : TMS, WMS,... En revanche ces outils n'exploitent pas suffisamment la donnée.

Devenir une entreprise « data-driven » permet d’affiner l’ensemble des processus opérationnels, de proposer de nouveaux scénarios alternatifs, d’identifier des anomalies plus facilement, mais comment faire ? Ceci passe par 3 éléments clés :

●      Faire un audit complet de leurs données afin d’identifier rapidement quel ensemble de données peut être utilisé à court/moyen/long terme

●      Intégrer les utilisateurs dès le premier jour et assurer une bonne intégration dans les processus de tous les jours

●      S’appuyer sur une approche informatique souple, rapidement interfaçable avec les architectures techniques en place.

Pour mettre en marche et réussir leur transformation, les acteurs qui souhaitent devenir data-driven devront impérativement intégrer ces trois éléments. Ceci leur permettra d’optimiser la performance de leur supply chain, de la rendre plus agile, économiquement viable et écologiquement plus responsable.